En Novembre 2000, la Cour de Cassation rend l'arrêt Perruche. Celui-ci reconnaît le préjudice porté à un enfant né handicapé. Le sujet suscite une forte controverse qui a été parfois interprété comme un renouveau contemporain de la demande de morale. Cette situation illustre deux éléments. Le fait que le pluralisme moral puisse être source de conflit, d'une part ; la question de l'origine de la morale dans nos sociétés libérales, d'autre part.
La notion de morale est proche de l'éthique. Elle renvoie donc d'abord à des normes de conduite individuelle, en fonction d'un système de valeurs. Le pluralisme moral met l'accent sur la diversité de ses valeurs, liées notamment au multiculturalisme et à la diversité religieuse. Le pluralisme est une condition de la démocratie. Pourtant, il peut être source de conflit, comme l'illustre l'arrêt Perruche. Plus exactement, ce n'est pas le pluralisme moral qui pose problème mais les désaccords moraux relatifs aux décisions politiques. D'où le besoin de valeurs morales collectives, partagées par tous, sur lesquelles ériger des normes communes. A ce titre, Habermas souligne que le refus de repères transcendants par la Modernité pose problème pour l'intégration au sein d'une société. Lorsque l'on délaisse les «autorités sacrées », « le problème d'une intégration sociale des mondes vécus différenciés, pluriels et désenchantés doit s'aggraver ».
D'où la question : face aux problèmes du pluralisme moral, quels moyens inventer pour parvenir à un socle de valeur partagé par tous ? A cela, deux réponses complémentaires ; d'abord, il est important de rechercher un consensus qui ne nuise pas au pluralisme. (I) Ensuite, si des désaccords moraux persistent, il faut les résoudre par la voie démocratique (II)
[...] Résoudre les désaccords moraux par la voie démocratique A. L'option libérale ne résout pas les désaccords moraux 1. Face à la persistance de désaccords moraux Au lieu de donner une base morale à la société démocratique, le libéralisme met entre parenthèses des questions morales importantes Dans le libéralisme et les limites de la justice, Michael Sandel prend l'exemple du débat sur l'esclavage entre Lincoln et Douglas : la responsabilité politique, c'est de ne pas esquiver le débat en laissant les États choisir. [...]
[...] Comme le fondamentalisme, la morale républicaine laisse peu de place à l'invention. Face à cela, l'option libérale semble s'inscrire davantage dans la contingence de la modernité. B. Le modèle du consensus 1. L'option libérale : séparer le Bien/ Juste, Privé/Public La modernité libérale procède à des séparations. Elle sépare le Bien du Juste, le Privé du public. Pour les Anciens, le Bien et le Juste se confondent. Or, les conceptions du Juste et de l'Injuste varient en fonction des individus. [...]
[...] Comment tomber d'accord sur une morale dans nos sociétés démocratiques et pluralistes ? En novembre 2000, la Cour de cassation rend l'arrêt Perruche. Celui- ci reconnaît le préjudice porté à un enfant né handicapé. Le sujet suscite une forte controverse qui a été parfois interprétée comme un renouveau contemporain de la demande de morale. Cette situation illustre deux éléments. Le fait que le pluralisme moral puisse être source de conflit, d'une part ; la question de l'origine de la morale dans nos sociétés libérales, d'autre part. [...]
[...] Comment faire face aux désaccords moraux par la voie démocratique ? B. Le modèle de la délibération 1. Une solution démocratique La théorie de la discussion d'Habermas veut établir une délibération morale. Habermas souhaite que la détermination de l'impératif catégorique de Kant soit validée dans une discussion argumentative Selon lui, cela empêche que la question morale soit laissée à la délibération privée, comme dans l'option libérale. On soumet sa maxime aux autres pour délibérer de son universalité. De plus, la reconnaissance des désaccords délibératifs (Gutmann et Thompson) permet de ne pas sacrifier les convictions morales de chacun à la recherche de l'accord à tout prix. [...]
[...] À cela, deux réponses complémentaires ; d'abord, il est important de rechercher un consensus qui ne nuise pas au pluralisme. Ensuite, si des désaccords moraux persistent, il faut les résoudre par la voie démocratique I. Rechercher un consensus sans nuire au pluralisme A. L'écueil d'une morale préétablie ou unificatrice 1. L'impasse du fondamentalisme Faire le choix du fondamentalisme moral, c'est conférer à une croyance un statut privilégié sur les autres. (Bertrand Guillarmé). La moralité des autres croyances sera alors jugée à l'aune de cette croyance privilégiée. [...]
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