À l'occasion de ce mémoire, il serait bon d'interroger l'homme démocratique dans son rapport à la foi. Comme Tocqueville, qui entend démontrer que l'état naturel de l'homme en matière de religion n'est pas inconciliable avec son désir ardent d'égalité, il s'agira d'étudier quel type de foi il est permis d'espérer à l'intérieur du régime démocratique - sous réserve de ne pas réduire la religion et la démocratie à ''deux antinomies de la raison'' (A. Antoine).
Et, à l'instar des dispositifs religieux de transcendance, on pourra s'interroger sur la capacité de la démocratie à sécréter en elle-même les remèdes à ses insuffisances (tyrannie de la majorité) ou à ses propres poisons (individualisme). Pour ce faire, nous assimilerons le projet empirique et démocratique de Tocqueville à une contre-utopie pour voir ensuite le rôle structurant de la religion dans la société démocratique moderne (...)
[...] En 1831, Tocqueville non sans surprise, découvert comment une société démocratique peut être religieuse sans empiéter sur le domaine de l'Etat. Surpris de l'empire qu'elle entretient sur les esprits, il l'est plus encore à l'heure de juger les résistances que la religion objecte aux forces conquérantes du matérialisme: mon arrivée aux Etats-Unis, ce fut l'aspect religieux du pays qui frappa d'abord mes regards [ . ] J'avais vu parmi nous l'esprit de religion et l'esprit de liberté marcher presque toujours en sens contraire. [...]
[...] TITRE II - La religion, instrument de la conquête démocratique I. La nécessité d'une religion au coeur de la société civile S'il est vrai que Tocqueville a pris quelques distances à l'égard du catholicisme doctrinal, il apparaît qu'il ne s'inscrit pas en faux contre la doctrine chrétienne. Selon F. Mélonio, démarche expérimentale se fonde sur une anthropologie et un système de valeurs hérités du christianisme''. Soit. L'importance du fait religieux sur sa vision des moeurs est indéniable. Reste que si l'auteur est un ''homme de peu de foi'' (M. [...]
[...] Reste que l'auteur applique parfois de manière ébouriffante le mot "démocratie" pour des situations dans lesquelles nous n'aurions pas pensé un instant qu'il puisse s'appliquer. En Amérique par exemple, les légistes (dits ''lawyers'') tiennent la place d'une aristocratie parce que, dit-il, ils ont un savoir auquel le peuple n'a pas accès et savent conduire le peuple sans en avoir l'air tome II, 8). Dans ce cas, le terme est inadéquat puisque l'auteur présente ''deux humanités distinctes''. Il en va pareillement pour le chapitre qui concerne ''l'aristocratie industrielle'' (au sens des patrons d'industrie, des propriétaires de manufacture) intitulé "comment l'aristocratie pourrait sortir de la démocratie". [...]
[...] C'est une aristocratie beaucoup plus cupide que l'ancienne. Cela pose le problème de deux humanités au sein de la démocratie. Mais le danger de la démocratie, c'est qu'elle risque de créer des phénomènes de masse et d'identification où l'homme serait amené à ne plus respecter son semblable et à ne s'intéresser qu'à ses propres intérêts. Ainsi, la démocratie est un concept politique que Tocqueville utilise pour dire qu'il y aura une inégalité entre les gouvernants et les gouvernés. La Liberté et le progrès du principe d'égalité. [...]
[...] C'est en juin 1827 que tout commence: le jeune Alexis de Tocqueville est nommé juge-auditeur. Libre et indépendant d'esprit, il redoute déjà de ''devenir avec le temps une machine à droit, comme la plupart de [s]es semblables'' et dit aimer mieux encore ''brûler [s]es livres que d'en arriver là.'' Il doit pourtant à ces trois années de magistrature (1828- 1830) une solide culture juridique et administrative et une réelle rigueur scientifique dans l'instruction de ses dossiers qui restera l'un de ses traits distinctifs. [...]
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