Analyse du concept de démocratie développé par Tocqueville
[...] De ces observations, Tocqueville énonce le paradoxe suivant, à savoir que le régime démocratique peut engendrer une nouvelle forme de tyrannie, car le citoyen en quête d'égalité est préoccupé par son bien être matériel, se retire sur sa sphère privée, de telle sorte que, après s'être ainsi crée une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même. Ce repli sur soi, cet individualisme apparaît dangereux car il affaiblit la capacité de résistance du citoyen face à la menace tyrannique. [...]
[...] La démocratie considérée comme inéluctable tend à opérer les transformations sociétales propres à son temps : Une grande révolution démocratique s'opère parmi nous ; tous la voient, mais tous ne la jugent point de la même manière. Les uns la considèrent comme une chose nouvelle, et, la prenant pour un accident, ils espèrent pouvoir encore l'arrêter ; tandis que d'autres la jugent irrésistible, parce qu'elle leur semble le fait le plus continu, le plus ancien et le plus permanent que l'on connaisse dans l'histoire. La passion pour l'égalité La démocratisation a pour corollaire l'égalisation des conditions. [...]
[...] En effet, la désaffection des citoyens envers les institutions démocratiques, qui se manifeste par des taux d'abstention de plus en plus importants aux différentes élections, nous montre le repli sur soi des populations, leur désengagement de la vie publique. La crainte de l'arrivée au pouvoir de despotes ou de populistes est largement justifiée au regard de l'histoire; aussi le développement de contre- pouvoirs plus importants ( presse, associations apparaît nécessaire pour la sauvegarde de la démocratie. Car contrairement à Marx, Tocqueville ne pense pas que le danger qui nous guette provient de l'exploitation d'une classe sociale par une autre, mais bien plus dans le désengagement de la sphère politique, toute classe confondue. [...]
[...] Tocqueville et la démocratie : un point de vue libéral sur l'égalité politique et sociale. Homme politique et écrivain, Alexis de Tocqueville fut, à l'instar de Montesquieu, considéré comme l'un des fondateurs de la sociologie politique. Né dans une famille noble et ultra royaliste, qui avait été en partie décimée pendant la terreur, arrière petit fils de Malesherbes par sa mère, il fût au cœur du débat qui fit rage au début du XIX ème siècle, opposant les nostalgiques de l'ancien régime qui voyaient la démocratie comme l'incarnation du mal, et les libéraux qui, acceptant la révolution, tentèrent d'en contenir les conséquences. [...]
[...] Alors, même si la crainte du désordre et l'amour du bien-être portent insensiblement les peuples démocratiques à augmenter les attributs du pouvoir central Tocqueville critique l'Etat-Providence qui, selon lui infantiliserait les citoyens en prenant en charge la satisfaction de leurs besoins, instaurant un climat propice à l'avènement du despotisme .Tout développement d'un Etat protecteur semble nocif, lui qui craint la montée des idées socialistes auxquelles il s'opposera en 1848. Pour concilier la liberté et l'égalité, pour éviter que les sociétés démocratiques ne sombrent dans le despotisme, Tocqueville préconise, entre autres, l'exercice de toutes les libertés, la séparation des pouvoirs, la décentralisation et le développement de la vie locale, ainsi que l'apparition de corps associatifs. Mais surtout il attend du citoyen que celui-ci prenne conscience de sa citoyenneté, qu'il n'attende pas tout de l'Etat, que l'initiative individuelle ne soit pas absorbée par la majorité ou le Léviathan. [...]
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