Il est intéressant de noter au passage les éléments de choix rationnel identifiables à la lecture du texte, ce qui fera l'objet de la seconde partie de cette étude. En effet, la théorie se base sur l'idée qu'un bien abandonné, la disparition des contrôles sociaux, la peur des habitants du quartier sont autant d'incitations à la délinquance, qui font qu'un voyou peut arriver à la conclusion rationnelle que commettre un délit ne comporte que peu de risques, du fait des faibles chances d'être réprimandé. Il faut donc modifier cet environnement de choix favorable au développement du crime et remonter le coût d'opportunité de celui-ci.
Enfin, nous verrons comment les préceptes de la « Broken Window Theory » peuvent être opérationnalisés par les politiques de sécurité. Injustement réduite à l'idée de « tolérance zéro » par la presse et la classe politique en France, la théorie de la vitre cassée peut effectivement mener à des politiques de réponse policière et judiciaire intensive au crime, mais elle est également le fondement de pratiques de mobilisation de la population dans une optique préventive et partenariale. Et quelle que soit la politique retenue, l'intérêt de la vitre cassée est de proposer des solutions réalistes, immédiatement applicables, utilisables à court terme pour faire baisser le taux de criminalité...
[...] La seconde n'est plus passive, attendant que la première résolve tous ces problèmes. De même, la première se doit d'être à l'écoute des attentes de la seconde, et non se contenter d'être un simple organe d'application de la loi. Wilson et Kelling insistent surtout, comme nous l'avons vu, sur l'importance des contrôles sociaux informels : les habitants d'un quartier, par leur attitude, leur volonté de préserver un environnement urbain salubre, la vie sociale qu'ils donnent à leur rue, sont des acteurs actifs de l'instauration d'un climat de sécurité. [...]
[...] Un environnement de choix favorable aux délinquants Wilson et Kelling partent d'un constat simple : une vitre cassée non réparée, un bien abandonné et dégradé, un clochard importunant les passants sans se faire réprimander constituent une incitation, un signal. En effet, le délinquant peut effectuer un calcul rationnel et arriver au constat que le coût potentiel d'une action contraire à la loi est faible, comme le montre l'exemple de Palo Alto : si une voiture est défoncée dans la rue, c'est qu'on peut commettre toute sorte de forfait avec peu de risques d'être pris. [...]
[...] Ont-ils été victimes d'une mystification ? Non, d'après Wilson et Kelling. Le quartier était devenu effectivement plus sûr. Voici leur argumentation : La spirale du déclin d'un quartier La théorie de la vitre cassée : En 1969, Philip Zimbardo, psychologue à l'Université de Stanford, teste empiriquement la théorie de la vitre cassée. Il laisse deux voitures à l'abandon, l'une dans le Bronx à New York, l'autre à Palo Alto, quartier chic de Californie. La première est attaquée et dépecée en quelques minutes. [...]
[...] I Broken Windows ou comment les contrôles sociaux informels peuvent enrayer la spirale de la délinquance dans les quartiers Le point de départ de la réflexion de Wilson et Kelling est une expérience menée dans le New Jersey dans les années 60, appelée Plan sécurité et propreté La principale mesure du plan était la réaffectation de policiers aux patrouilles à pied, et ce malgré la réticence de la hiérarchie policière, inquiète de la perte de mobilité que cela engendrait. Cinq ans après, la Police Foundation de Washington, organisme de recherche indépendant, publia une évaluation de l'opération. Le taux de criminalité n'avait pas baissé. [...]
[...] Les gens sont souvent plus préoccupés par l'impression que les rues ne sont pas sûres que par la véritable criminalité. Susan Estrich, de la faculté de droit de Harvard, a ainsi mené une enquête dans plusieurs villes américaines sur les peurs urbaines. A Portland, trois- quarts des adultes interrogés avouent changer de trottoir quand ils voient un groupe de jeunes. A Boston, la principale peur des gens est le chahut et l'impolitesse. Pour Nathan Glazer, les graffitis dans le métro posent un grave problème d'ordre social. [...]
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