On compte aujourd'hui plus de six cents régimes internationaux, dans des domaines très variés : le commerce, l'environnement, la sécurité, le pétrole, les droits de l'Homme, l'espace, la non-prolifération…
La notion de régime international est apparue pour la première fois dans les années 1970. Dans un article de 1975 , John G. Ruggie décrit les régimes comme « un ensemble d'anticipations communes, de règles et de régulations, de plans, d'accords et d'engagements qui sont acceptés par un groupe de pays ». L'Ecole Anglaise développe également une notion similaire, constatant que les Etats ont établi par une « voie de dialogue et de consentement un ensemble de règles communes d'institutions pour la conduite de leurs relations et reconnaissent leur intérêt mutuel à maintenir ces arrangements » .
Cependant, cette notion est passée relativement inaperçue à ce moment-là. Il a fallu attendre l'article « International Regimes », paru en 1982 dans la revue International Organization, pour que ce concept acquière une place significative dans la théorie des relations internationales. Cet article a été développé en 1983 dans l'ouvrage International Regimes, sous la direction de Stephen Krasner. Pour Krasner, un régime international est un ensemble implicite ou explicite de principes, de normes, de règles et de procédures de prise de décision autour desquels les attentes des acteurs convergent dans un domaine donné.
Ce concept appartient originellement au paradigme néoinstitutionnaliste ou institutionnalisme néolibéral. Cette doctrine libérale insiste sur l'importance des institutions au sein du système international, pour faciliter la coopération interétatique en réduisant l'incertitude liée à l'état d'anarchie. Elle rejette donc la théorie réaliste selon laquelle la croissance d'une puissance ne peut se faire qu'au détriment des autres. Les principaux théoriciens de ce paradigme néoinstitutionnaliste sont Joseph Nye et Robert Keohane, ou encore Stephen Krasner.
Néanmoins, cette notion de régimes internationaux est le point de confluence avec le paradigme néoréaliste, puisque celui-ci, contrairement au réalisme « classique », intègre les notions de coopération et de régimes internationaux.
Nous allons voir maintenant en quoi la notion de régime international répond à la réalité de la coopération interétatique.
Nous allons définir dans une première partie la notion de « régimes internationaux », les facteurs qui expliquent leur création et leur maintien, et leurs objectifs. Puis, nous verrons comment les néoréalistes et les néolibéraux traitent ce thème, soit en s'attachant au rôle joué par l'hégémon, soit du point de vue de l'importance prise par les organisations internationales dans la coopération interétatique. Enfin, nous verrons quelles sont les limites de cette théorie, en particulier l'ambiguïté qui existe entre régimes et organisations internationales, et de quelle façon le concept de méta-régime tente d'y remédier.
[...] Coopération and discord in the World Political Economy Robert Keohane, op. Cité. J.J. Rousseau, Ecrits sur l'Abbé de Saint-Pierre C. Kindleberger, The World in Depression A. Stein, “Coordination and Collaboration. Regimes in an Anarchic World”, dans Krasner (dir.), International Regimes Arthur Stein, in Stephen Krasner (dir.), op. Cité. M-C. [...]
[...] Telle est la question centrale. Ces dilemmes représentent en effet la situation devant laquelle sont confrontés les Etats sur la scène internationale, et nous permettent donc d'arriver à la notion de régimes internationaux. Le dilemme de l'action collective existe lorsqu'il y a un problème collectif à régler, comme le réchauffement climatique, la stabilité stratégique Il existe un intérêt collectif de faire face à ces problèmes de façon collective, car ils ne sauraient être résolus de façon unilatérale. Mais il existe un intérêt pour les Etats à adopter un comportement de passager clandestin. [...]
[...] Leur réputation est donc impliquée. Ils sont alors amenés à respecter le régime afin de conserver une bonne réputation (et ne pas être un rogue state un Etat-voyou, pour reprendre les termes de George Bush). En conservant une bonne réputation, ils ne perdent pas de crédibilité aux yeux des autres, et conservent alors les avantages fournis par le régime. Surtout, pour Keohane, les gouvernements répugnent à établir des précédents car ils craignent que leurs propres violations des règles provoquent des violations de la part des autres Une disparition possible mais difficile Un régime perdure aussi longtemps que la configuration d'intérêts qui a conduit à sa création dure, car les coûts de démantèlement d'un régime sont élevés. [...]
[...] C'est dans cette optique qu'ils vont expliquer la réalité des régimes internationaux. Les néoréalistes vont en effet constater la coopération internationale : elle est, comme nous l'avons vu, indéniable. Mais cette coopération, qui est souvent poussée jusqu'à l'institutionnalisation, prend le contre-pied des théories classiques des réalistes. En effet, ces théories ont toujours mis en avant la présence d'un certain self help sur la scène internationale. L'intérêt des Etats défini en terme de puissance étant la seule motivation des acteurs internationaux, comment se fait-il que ces Etats acceptent de coopérer, c'est-à-dire de faire des compromis, de se soumettre à des normes internationales, ou encore de laisser les autres puissances obtenir des gains à travers cette coopération ? [...]
[...] En outre, ni la RFA ni la RDA n'avaient de siège aux Nations Unies. Le pays n'est donc pas encore tout à fait considéré à nouveau comme un Etat à part entière. L'objectif principal de l'exécutif ouest-allemand de l'époque était donc de réintégrer le concert des nations, et de faire tomber ce statut de paria dont était victime l'Allemagne. La France et l'Allemagne, qui se méfiaient grandement l'une de l'autre et qui n'étaient absolument pas certaines des intentions de leur voisine, ont néanmoins convenu du fait qu'il était dans leur intérêt égoïste de s'associer. [...]
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