La fin du XXe siècle présente un mouvement jusqu'alors à peu près inédit dans l'histoire : le développement des organisations internationales. D'un point de vue apparemment strictement économique, on a assisté à la formation de zones de libre-échange. Mais ces zones ne réduisent pas toujours leur coopération au simple fait économique. Il suffit pour cela de se pencher sur le cas de l'Europe, pour constater que même si le facteur économique est un élément déterminant du rapprochement entre les États, il est aussi, et peut-être surtout considéré que comme un moyen de fonder une paix durable – voire définitive – entre les nations. En outre, la SDN, devenue ONU, montre à une échelle cette fois non plus régionale ou continentale mais mondiale, le souci nouveau des États de construire un ordre mondial capable de garantir la paix. Nous sommes bien loin, il faut le comprendre, de simples systèmes d'alliance. Une alliance entre deux pays ne sert qu'à se garantir un secours mutuel. Loin d'être faite pour éviter la guerre (bien qu'elle puisse avoir un caractère dissuasif), l'alliance dans son principe suppose la possibilité de la guerre et son acceptation éventuelle. D'une façon radicalement différente, le nouvel ordre qui se crée autour des organisations régionales et mondiales de coopération entre les États a pour objectif affirmé de construire la paix – et l'on voit ici, fait nouveau, que la paix possède donc une positivité, qu'elle peut être bâtie, qu'elle ne se définit pas seulement par l'absence de guerre – évolution impressionnante des mentalités.
[...] Kant[1], et qui devrait conduire les nations vers une paix perpétuelle ? Si le nombre de guerres qui sévissent dans le monde est encore colossal, il est néanmoins certain que les conflits armés tendent à disparaître entre les pays qui ont accepté, d'une manière ou d'une autre, de se donner les moyens d'une coopération solide et durable. On pourrait donc penser que le monde évolue vers un système international capable en lui-même, comme c'est le cas en Europe, non pas d'éviter la guerre, mais de faire régner, positivement, la Paix. [...]
[...] Pourquoi, donc, les terroristes veulent-ils instaurer cette intimidation et cette insécurité ? On peut formuler une réponse générale en expliquant que la pression exercée sur une population engendre sur le gouvernement une pression d'autant plus grande, et force celui-ci à agir dans le sens des revendications des terroristes. Nous tenons donc ici quelque chose : un acte terroriste sert à obtenir par la pression de la violence (une violence insupportable car aveugle, la plupart du temps dirigée contre des innocents, et donc ultra-efficace, la satisfaction de revendications. [...]
[...] Raynaud et Stéphane Rials (éd.), Dictionnaire de philosophie politique, 2ème éd., P.U.F articles Grotius (Catherine Larère) et Guerre et paix (Pierre Hassner). Carl Schmitt, Le nomos de la terre trad., Paris, P.U.F Sur le terrorisme Monique Canto-Sperber, Le Bien, la guerre et la terreur. Pour une morale internationale, Plon Gérard Chailliand et allii, L'Arme du terrorisme, Ed. Louis Audibert Noam Chomsky, Pirates et empereurs. Le terrorisme international dans le monde contemporain (1986-2002), trad. Jacques Maas, Fayard Jacques Derrida et Jûrgen Habermas, Le concept du 11 septembre. [...]
[...] En définitive, le terrorisme est donc la guerre du pauvre, ou la guerre du faible. Il est la guerre de celui qui ne peut pas faire la guerre. Le terrorisme, à ce stade, n'est donc pas une menace pour la paix, puisqu'il ne parvient pas à être une guerre. Mais en même temps, il est violence, et un monde où se déchaîne la violence n'est pas un monde de paix. D'autre part, si nous avons pu dégager que le terrorisme était une forme de guerre de ceux qui ne peuvent faire la guerre, nous n'avons toujours pas expliqué quel était le sens du terrorisme. [...]
[...] Un autre terrorisme, est beaucoup plus inquiétant, car il semble totalement indépendant de la situation de paix internationale dans laquelle se trouvent les pays, et donc beaucoup plus difficile à réguler. Il s'agit d'actes individuels, ou relevant de groupuscules ultra-minoritaires, et qui par la violence s'attaquent à des groupes majoritaires, en prenant de préférence pour cible de parfaits innocents. Et sa manière de se manifester déconcerte nombre de contemporains, puisqu'elle prend ce caractère protéiforme, quasi-anarchique, en tout cas désordonné et apparemment sans but. [...]
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