terrorisme, guerre, actions terroristes, terreur, victimes collatérales, guerre des temps moderne, attentats du 11 septembre 2001
Selon Gaston Bouthoul, « la guerre est une forme de violence qui a pour caractéristique essentielle d'être méthodique et organisée quant aux groupes qui la font et aux manières dont ils la mènent. En outre, elle est limitée dans le temps et dans l'espace et soumise à des règles juridiques particulières, extrêmement variables suivant les lieux et les époques. Sa dernière caractéristique est d'être sanglante. » Elle se livre en effet toujours sur un champ de bataille, entre soldats. Les actions terroristes partagent ces caractéristiques, à l'exception près qu'elles ne sont pas soumises à des règles juridiques particulières. C'est le point névralgique d'opposition entre guerre et terrorisme, et ce qui rend ce dernier si difficile à combattre. Comme l'indique son étymologie latine, le terrorisme entend semer la terreur ; et en effet, ses partisans pouvant agir n'importe où et n'importe quand, l'effet de surprise est à chaque fois au rendez-vous, la terreur des victimes collatérales (la société entière) bien plus grande.
[...] La lutte qu'ont entreprise les gouvernements du monde entier contre le terrorisme ne semble pas prendre en compte cet aspect des choses. Le Patriot act américain ou les mesures antiterroristes adoptées en novembre dernier par la France ont pour point commun de ne s'attaquer qu'aux conséquences actes terroristes- sans en chercher les causes. L'extrême pauvreté tant économique que culturelle des populations du Moyen- Orient ou d'Afrique, desquelles sont issues la plupart des terroristes, constitue une cause explicative des mouvements terroristes dans ces régions, propices au développement d'idéologies vengeresses, d'idéologies du ressentiment dirait Nietzsche. [...]
[...] L'idéal terroriste, quant à lui, repose dans l'imposition au monde d'une idéologie. Si le libéralisme, en ce qu'il est une idéologie non- idéologue, laisse à chacun une pleine liberté d'idées au sein d'elle-même, les idéaux poursuivis par le terrorisme sont tous exclusifs. Par exclusif, il faut entendre incapable d'appréhender d'autres idéaux en son propre sein Qu'il soit chrétien, juif ou musulman, le terroriste religieux intégriste entend imposer une idéologie au sein de laquelle aucune évolution n'est possible : les règles sont fixées d'avance par les livres saints. [...]
[...] Ses actions terroristes avaient pour but de faire triompher son idéologie par le sang. Dans son Voyage d'hiver, Amélie Nothomb présente Zoïle, fou d'amour pour Astrolabe, qui finira, au nom de cet amour, par commettre un attentat terroriste à bord d'un avion de ligne. Ainsi, l'idéologie n'a pas à être totale ou religieuse, elle peut être aussi banale qu'un sentiment amoureux. La guerre et le terrorisme partagent donc cette volonté d'étendre leur territoire, tant matériel qu'idéal. III/ Guerre moderne et terrorisme : idéal pacificateur contre idéal exterminateur Pour sortir de cette aporie qui, au terme de ce raisonnement, consiste en l'indifférenciation de la guerre et du terrorisme, il faut considérer l'idéal final poursuivi par ces actions. [...]
[...] Le terrorisme est-il une guerre des temps modernes ? C'est ce qu'il faudra démêler ci-après. Pour ce faire, il sera d'abord montrer que le terrorisme s'oppose à la guerre tant par son cadre que par sa forme puis que les deux partagent certains objectifs et tendent vers des résultats communs (II). Enfin, il faudra étudier les moyens de sortir de cette aporie en considérant les fins idéales de la guerre et du terrorisme (III). Terrorisme et guerre : un cadre et une forme divergents Le terrorisme et la guerre s'opposent en ce que le premier n'a aucun cadre d'action légalement établi, quand la guerre est encadrée par des conventions internationales ; mais aussi en tant qu'il est protéiforme, contrairement à la guerre qui, entendue classiquement, est uniforme en ce qu'elle a toujours opposé des soldats combattant sur un champ de bataille. [...]
[...] Le terrorisme a aussi ceci de particulier qu'il est protéiforme. Contrairement à la guerre, qui ne prend que la forme d'« une folie épouvantable [qui] broie/Et fait de cent milliers d'hommes un tas fumant (Rimbaud, Le Mal le terrorisme peut tour à tour viser des cibles prédéfinies, comme il l'a fait lors des attentats du 7 janvier dernier à Charlie Hebdo, où viser indistinctement la foule, comme il le fait régulièrement au Niger, où Boko Haram envoie des fillettes ceinturées d'explosifs sur des marchés. [...]
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