Avec les attentats du 11 septembre, le débat inhérent aux Etats politiques modernes entre liberté et sécurité a refait surface d'une manière inédite avec en ligne de mire l'annonce par Georges W. Bush de l'avènement d'une guerre sans précédents. Si c'est dans la lutte contre le terrorisme que la tension entre sécurité et liberté apparaît de la manière la plus évidente qui soit, c'est parce il constitue un défi à la démocratie en soulevant une aporie. En effet, l'Etat doit garantir les libertés fondamentales tout en assurant la sécurité. Comment rendre alors opérationnelle une réponse adaptée et proportionnée au terrorisme ? Comment rendre les gouvernements fermes et efficaces sans nourrir la surenchère sécuritaire et l'augmentation coercitive du pouvoir ? (...)
[...] De l'aspect sacrificiel de l'utilitarisme Un aspect de l'utilitarisme et probablement le plus problématique est son aspect sacrificiel. En effet, c'est au nom de l'utilité (que l'on peut définir comme un principe liant toute action à sa tendance à maximiser ou minimiser le bonheur) qu'il est légitime de mettre en avant le bien-être du maximum d'une population. En conséquence, sacrifier le bien-être d'une minorité au nom de celui de la majorité est vu comme légitime, voire normal. En d'autres termes, d'un point de vue utilitariste, il n'est pas choquant de sacrifier le bien-être de d'une population si cela peut profiter aux 95% restants. [...]
[...] Ainsi, nous pouvons penser aux mots de Montesquieu, pour qui on ne peut céder la liberté par un pacte dans la mesure où celle-ci est incompensable. Il y a également Tocqueville, pour qui sacrifier sa liberté au profit de la sécurité et de l'égalité constituerait un risque majeur dans la mesure où cela mènerait au despotisme démocratique. Enfin, plus généralement, nous avons la tradition jusnaturaliste, puis droit-de-l- hommiste pour qui la liberté est un droit absolument inaliénable dans la mesure où il est inhérent à la nature humaine. [...]
[...] Voyons ici comment, par le principe de Pareto, on peut essayer de parvenir au juste milieu entre liberté et sécurité. Je compare deux états de la société, un état A [dans une optique autonomique, déontologique et partisane de plus de libertés] et un état B [dans une optique hétéronomique, téléologique et partisane de plus de sécurité]. Si on est dans le cas où personne ne va moins bien en B qu'en A et si au moins une personne bénéficie de l'évolution de A vers alors, on est fondés à dire que B est meilleur socialement que A. [...]
[...] Enfin, nous pouvons soulever le rôle du Conseil Constitutionnel en tant que protecteur des droits et des libertés. Il est soucieux de l'équilibre entre liberté et sécurité. Pour cela, il utilise le concept d'objectif de valeur constitutionnelle ce qui lui permet de privilégier parfois l'intérêt général par rapport à certains droits. Parmi ces objectifs, on trouve le maintien de l'ordre public. Ce n'est pas ici sans rappeler la théorie que l'on a retrouvée chez Spinoza, Posner et Pareto. Il demeure également vigilant face aux excès du législateur en matière terroriste. [...]
[...] Le coup de génie effectué par Rousseau est la re-conceptualisation de la liberté dans un contexte autonomique, laquelle permet une réconciliation entre liberté et sécurité. La philosophie politique de Rousseau se situe dans la mouvance contractualiste des philosophes britanniques des XVIIe et XVIIIe siècles comme Hobbes et Locke. Dans Du contrat social, Rousseau cherche à savoir s'il peut exister des relations d'autorité légitime entre les hommes. Celles-ci existent indubitablement, mais peuvent-elles être toutes acceptables ? C'est pour répondre à cette question que dans les premiers chapitres de l'œuvre, il analyse les origines des relations d'autorité comme la paternité, le droit du plus fort, le droit divin, le droit du premier occupant ou encore celui du vainqueur sur le vaincu. [...]
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