« Jamais le meurtre ne sera à mes yeux un objet d'admiration et un argument de liberté ; je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné qu'un terroriste ».
François René de Chateaubriand exprime ainsi dans les Mémoires d'outre-tombe son point de vue sur le phénomène terroriste qui n'est pourtant que récent. En effet, le phénomène terroriste ne naît qu'à la fin du XVIIIème en France avec le gouvernement dirigé par Robespierre qui instaure un terrorisme d'Etat ayant pour but de lutter contre les « ennemis de la patrie ». L'attentat de Cadoudal dirigé contre le Premier Consul Napoléon Bonaparte est lui le premier acte terroriste au sens où on l'entend aujourd'hui. Mais, dès ses premières manifestations, le terrorisme est donc condamné par la majorité de la population à l'image de Chateaubriand. Depuis, le terrorisme, violence considérée comme légitime par ses auteurs et faite pour contester l'Etat ou les personnes qui sont à sa tête, a toujours été condamné par le plus grand nombre, même dans les cas où il a atteint ses objectifs. La majorité des hommes rejettent de plus en plus la violence dans son ensemble car elle est considérée comme un moyen faible et dangereux de parvenir à ses fins. Cette violence est et doit rester le monopole de l'Etat qui existe pour assurer la sécurité de tous les citoyens. Cependant, certains terroristes ont réussi dans leur entreprise malgré les réticences à la violence que nous exposions ci-dessus. Face à ce constat, il est utile de s'interroger sur l'efficacité du terrorisme. Un terrorisme efficace serait-ce un terrorisme qui parvient à ses fins grâce à son action ou un terrorisme qui provoquerait des réactions extérieures propices à sa réussite (exemple des attentats du 11 mars à Madrid), serait-ce un terrorisme qui réussit localement (popularité, soutien) ou (inter-) nationalement ? En d'autres termes, le terrorisme est-il un mode de contestation politique efficace ?
Pour répondre à cette problématique, nous constaterons que le terrorisme semble condamné par la population et est un échec sur le court terme, mais qu'il est peut-être efficace indirectement.
[...] Contrairement au consensus démocratique qui n'engendre que de l'immobilisme et de la lenteur, l'action des terroristes est censée être rédemptrice et salvatrice. Seule l'action peut en effet sortir l'individu de son emprisonnement forcé en lui permettant de s'échapper du monopole de la violence que l'Etat a imposé. La violence devient alors l'unique moyen de faire entendre sa cause face à un Etat perçu comme tout-puissant, sourd aux souffrances des plus miséreux et par-dessus tout empêtré dans son immobilisme démocratique. Le terrorisme est donc un rejet de la modernité qui a vu s'instaurer la démocratie dans nos sociétés. [...]
[...] Il s'agit de se faire passer pour des résistants et non pour des terroristes. Les services de propagande nazie ont pendant toute la durée de la guerre appelé ce que nous avons l'habitude de nommer les résistants des terroristes qui, selon eux, commettaient des actes violents injustifiés et injustifiables. Même s'il ne s'agissait que de propagande, il convient néanmoins de remarquer que la distinction est difficile à faire et que la frontière est ténue. Elle est ténue car, dans les deux cas, si l'on se place du côté de ceux qui se mettent hors-la-loi, la violence est alors le seul moyen de faire bouger les choses dans le bon sens. [...]
[...] Sans terrorisme, l'opinion se serait-elle intéressé au problème du Cachemire hormis quelques spécialistes et les populations locales ? L'action terroriste semble donc le moyen le plus efficace dans une situation bloquée de parvenir à résoudre les problèmes auxquels une minorité doit faire face. Cependant, même si son efficacité indirecte dans nombre de cas ne peut pas être contestée, l'action ne peut pas être le meilleur moyen de parvenir à ses fins. Tout d'abord sur l'aspect pratique, comme nous l'avons vu dans la première partie. [...]
[...] Tout d'abord, le terrorisme utilise une arme qui est rejetée par la majorité de la population : la violence. En s'octroyant ce qui doit aux yeux des citoyens être le monopole de l'Etat, les terroristes franchissent un pas qui ne peut se justifier. Bien sûr, les hommes sont prompts à oublier cela dans des situations exceptionnelles. Ainsi, la Shoah ou l'épuration au sortir de la guerre sont de parfaits exemples d'exercice de la violence par une bonne partie de la population : par son action incitative dans le premier cas ou par sa quasi-absence dans le second, l'Etat créé un espace ou en libère un où cette violence peut s'exprimer sans contraintes. [...]
[...] Il convient cependant de nuancer l'inefficacité du terrorisme qui ne s'est jamais aussi bien porté qu'aujourd'hui. II- Un phénomène qui est souvent efficace indirectement En premier lieu, il est important de comprendre que le terrorisme est un phénomène qui attire voire même qui fascine. Dans nos sociétés où s'est effectué le désenchantement des valeurs et des croyances d'autrefois, le fait de défendre une idéologie jusqu'au bout, moyen de se démarquer du reste des citoyens et de sortir du moule pousse certaines personnes à s'engager dans de telles entreprises. [...]
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