Tentation totalitaire, impérialisme, autoritarisme, parti unique, disparition de l'opposition politique
Le terme « totalitaire » apparaît en 1927 dans la langue française et désigne à partir de 1930 le régime mussolinien dans son ambition d'embrigader la totalité de la société et de l'économie. Le terme « totalitarisme » date, lui, de 1936 lorsqu'il est employé sous la plume de Jacques Maritain. Il est alors synonyme d'autoritarisme mais aussi d'impérialisme.
C'est avec l'ouvrage de Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme, paru en 1951, que ce type de régime est théorisé, bien qu'il soit longtemps reçu avec réserve en France de la part des intellectuels de gauche, mais aussi de la part de ceux qui entendent rester fidèles à la classification d'Aristote et le confondent avec la tyrannie ou la dictature. À l'époque, ce sont les régimes nazi et stalinien qui servent de modèle d'étude à Arendt qui entreprend de les comparer et de montrer la singularité du processus totalitaire par rapport aux régimes arbitraires traditionnels.
Avec la défaite de l'Allemagne en 1945, puis la chute de l'Empire soviétique au début des années quatre-vingt-dix, la notion de totalitarisme semble vouée à une disparition liée à la mort des idéologies. Si en Chine populaire, à Cuba ou en Corée du Nord, l'idée d'une prise en charge quasi totale des individus par l'État est encore d'actualité, l'avènement de sociétés de l'information, profondément individualistes et libérales, donne le sentiment qu'en Occident le totalitarisme n'est plus qu'un mauvais et tragique cauchemar. Pourtant, l'actualité singulière donnée à la pensée de George Orwell et à son ouvrage majeur 1984 (paru en 1949) est sans doute à interroger, de même que l'abondance de travaux sur la parole et l'entreprise totalitaire proposés depuis une dizaine d'années : voir, par exemple, Orwell éducateur (paru en 2000) de Jean-Claude Michéa ou, plus récemment, les analyses de Jacques Dewitte dans Le pouvoir de la langue et la liberté de l'esprit, Essai sur la résistance au langage totalitaire (paru en 2007).
[...] Il y a dans toute action humaine la volonté de clore l'histoire et d'instaurer la stabilité ou un état définitif. Selon Cioran (Histoire et utopie, 1960), toute politique, même prudente, a pour mobile secret l'éternité, elle veut dire et être la vérité ; en cela, toute action porte l'utopie en elle, avec ses dangers (la hantise du vivant qu'elle cherche à maîtriser) et ses promesses (l'impossible enfin réalisé). Il ne faut donc pas s'étonner de voir renaître ce qu'on a cru un temps disparu : l'idée d'un autre monde possible et l'exigence d'alternatives à la fois politiques et économiques (le mouvement altermondialiste). [...]
[...] langage jeune). Enfin, la mécanisation et la technicisation du langage (utilisation de chiffres et de statistiques, métaphores d'origine technique comme matériel humain matricules administratifs, les hommes sont des éléments ou d'origine économique comme relance, tourner à plein régime, synchroniser participent à une stratégie de persuasion fondée sur la légitimité de la raison scientifique Enfin, l'avènement d'un régime totalitaire nécessite des conditions particulières Ces conditions sont diverses : inertie de la classe politique traditionnelle jugée corrompue, affaiblissement de la classe moyenne, perte des solidarités traditionnelles et atomisation du corps social, respect apparent des règles démocratiques (au moins au départ) pour accéder au pouvoir. [...]
[...] Si en Chine populaire, à Cuba ou en Corée du Nord, l'idée d'une prise en charge quasi totale des individus par l'État est encore d'actualité, l'avènement de sociétés de l'information, profondément individualistes et libérales, donne le sentiment qu'en Occident le totalitarisme n'est plus qu'un mauvais et tragique cauchemar. Pourtant, l'actualité singulière donnée à la pensée de George Orwell et à son ouvrage majeur 1984 (paru en 1949) est sans doute à interroger, de même que l'abondance de travaux sur la parole et l'entreprise totalitaire proposés depuis une dizaine d'années : voir, par exemple, Orwell éducateur (paru en 2000) de Jean-Claude Michéa ou, plus récemment, les analyses de Jacques Dewitte dans Le pouvoir de la langue et la liberté de l'esprit, Essai sur la résistance au langage totalitaire (paru en 2007). [...]
[...] L'analyse de Hazan rejoint la dénonciation plus vaste d'une communication politique qui aurait anesthésié le débat au profit d'une langue de bois certes consensuelle, mais manipulatrice. Enfin, dernière piste à explorer, on peut s'interroger sur les orientations d'une société qui, privilégiant sa sécurité et sa santé, est prête à sacrifier certains aspects de sa liberté : caméras dans les rues, présence policière renforcée, fichage informatique ou génétique, censure provisoire de la presse au nom de la paix religieuse ou de la sécurité n ationale (Patriot Act aux États-Unis), mais aussi acceptation de contraintes au nom de la santé ou de la préservation de la vie (droit de fumer, examens médicaux obligatoires, limitations de vitesse). [...]
[...] Le premier acte de rébellion de Winston est précisément de se cacher dans un angle de la pièce de façon à ne plus être vu pour écrire son journal, signe qu'il a un secret qu'il préserve du regard de l'État. Même la sexualité est sous contrôle : abolition du mariage, promotion de la virginité et de l'abstinence, sélection des couples pour améliorer la race. Dans les fictions antitotalitaires, la révolte commence souvent avec une histoire d'amour illégale La mise en place d'un parti unique et la disparition de l'opposition politique Les plus jeunes sont embrigadés par une éducation collective de façon à créer un homme nouveau. Les enfants peuvent ainsi être amenés à dénoncer leurs propres parents. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture