Ce ne sera qu'à partir des années 1990 que la « Taxe Tobin » sera plus sérieusement envisagée par quelques politiques et surtout par des organisations internationales et les pays en développement. En effet, les crises économiques qui se succèdent dans les pays émergents (Mexique 1995, Asie du Sud-est 1997, Russie 1998, Brésil, Argentine, etc.) révèlent les dysfonctionnements de l'économie financiarisée. Mais elle était encore combattue vigoureusement par l'ensemble des acteurs nationaux (gouvernement Jospin qui l'avait pourtant affiché à son programme) et internationaux (OCDE, FMI…) et considérée comme infaisable et contre-productive.
Depuis quelques mois, elle est désormais envisagée beaucoup plus sérieusement par des gouvernements connus pour être plutôt libéraux (France, Grande-Bretagne et même les États-Unis) comme l'une des solutions possibles de régulation d'un système financier qui a montré ses limites. Elle fait la une de challenge du mois d'octobre, alternatives économiques lui a consacré un dossier le même mois, son nom a été évoqué à tous les sommets internationaux, le contexte n'a jamais été aussi favorable à sa mise en place. Il est alors légitime de se demander si la taxe Tobin est une solution viable pour réglementer le système financier aujourd'hui.
[...] La TT apparaît là une solution inappropriée. Selon Dominique Plihon, la crise financière a montré la nécessité de nouveaux instruments de lutte contre la finance spéculative et les gouvernements veulent se donner une contenance face à leur incapacité à lutter contre l'instabilité financière internationale. La taxe Tobin est utilisée comme un instrument de communication La taxe Tobin pourrait être révolutionnaire en ce sens qu'elle créerait une rupture dans le fonctionnement de la finance internationale, si elle est appliquée strictement. Elle serait également l'amorce d'un changement politique dans le contrôle global de la mondialisation. [...]
[...] Plus le volume des transactions est faible (marché étroit), moins le marché sera liquide. [...]
[...] Les obstacles politiques à la mise en place d'une telle taxe sont-ils en train de se lever ? En effet, c'est souvent l'infaisabilité d'une coopération poussée des États qui est invoquée pour ne pas la mettre en place. Mais si ceux-ci ont changé de position sur cette taxe, les pays en développement étant déjà acquis à la cause, on peut émettre l'hypothèse qu'elle verra bientôt le jour. Selon Olivier Damette, si, en tout état de cause, une telle taxe devait être instaurée, cela se ferait à un taux nécessairement faible, de quelques points de base (0,01 à 0,02 Il est admis que les taux évoqués à 1 par Tobin doivent être revus à la baisse, compte tenu des mutations structurelles des marchés des changes (réduction des coûts de transaction et informatisation croissante) et de la sensibilité des opérateurs à la taxe. [...]
[...] Mais aujourd'hui, le secrétaire d'Etat américain au Trésor, Tim Geithner, a déclaré qu'une taxe sur les transactions financières internationales n'était pas à l'ordre du jour. Par ailleurs, d'autres taxes elles aussi globales sont envisageables Une taxe globale parmi d'autres ? Depuis quelques années, un certain nombre d'organisations internationales plaident pour la mise en place de taxes globales dans la perspective de plus de solidarité entre les pays du nord et du sud. Certaines ont déjà été mises en place comme la taxe sur les billets d'avion issue rapport Landau et de l'accord quadripartite France, Espagne, Brésil, Chili, qui sert à financer la lutte contre les pandémies et qui a été adoptée en 2004. [...]
[...] Par quels mécanismes une taxe sur les opérations de change permettrait-elle donc d'accroître l'autonomie des politiques monétaire ? simple : en plaçant ses capitaux à l'étranger, un investisseur subit deux fois la taxe la première fois en vendant des euros contre des dollars par exemple, et la 2nde fois en vendant des dollars contre des euros. Le rendement d'un placement à l'étranger est donc logiquement plus faible en présence de la taxe Tobin. Le pays domestique peut alors abaisser son taux d'intérêt pour stimuler son activité économique sans pour autant subir le risque d'une dépréciation de sa monnaie tant que la rémunération des placements nationaux est supérieure ou égale au rendement du placement à l'étranger diminué de 2 fois le montant de la taxe Tobin. [...]
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