Système représentatif et démocratie ne s'impliquent pas mutuellement, bien au contraire. Représentation ne signifie pas démocratie, en témoigne l'émergence de chambres aristocratiques auprès du roi dans l'Europe du Moyen-âge. Le système représentatif s'est même construit dans une certaine mesure en opposition au principe démocratique. Ainsi, par le principe de sanior pars, l'Eglise admet qu'une minorité, représentante mais savante, puisse avoir raison contre la major pars, majorité numérique. A l'inverse, démocratie n'implique pas représentation, l'expérience athénienne est là pour nous le rappeler.
Aujourd'hui cependant, toute démocratie passe par la représentation, à quelques exceptions près – les cantons suisses notamment -. Inversement, on a du mal a imaginer un système qui se dise représentatif mais refuse ouvertement le principe démocratique, ne serait-ce que dans son sens le plus abstrait ou formel - à l'exception peut-être du fascisme: le chef incarne alors un peuple mythifié, tout en rejetant le principe démocratique. Mais il n'y a qu'à se référer à la constitution soviétique de 1936 pour constater que même le stalinisme a préféré se dire représentatif et démocrate.
[...] Mais il n'y a qu'à se référer à la constitution soviétique de 1936 pour constater que même le stalinisme a préféré se dire représentatif et démocrate. La modernité tend donc à confondre démocratie et représentation. On peut essayer de leur redonner leur consistance spécifique, en distinguant deux sens au terme de représentation. Représenter signifie dans un sens classique tenir la place de : le représentant se substitue aux représentés. En même temps, représenter, c'est re-présenter, donner quelque chose à voir. Le représentant restitue la volonté des représentés, qu'il rend par là même visibles. Représentation comme transfert et comme apparition de volonté. [...]
[...] Mais cela n'est pas suffisant pour en comprendre le mécanisme. Il faudra voir, dans un troisième temps, que le système de représentation s'institue essentiellement avant la participation des citoyens. Paradoxalement, le système représentatif permet alors aux citoyens de participer, mais selon des exigences de démocratie par lui fixées. Le système représentatif délivre une permission, ouvre des espaces démocratiques au sein desquels les personnes acquièrent le statut de citoyens. La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie d'un référendum. [...]
[...] Le système représentatif permet-il une participation des citoyens conforme aux exigences de la démocratie? Système représentatif et démocratie ne s'impliquent pas mutuellement, bien au contraire. Représentation ne signifie pas démocratie, en témoigne l'émergence de chambres aristocratiques auprès du roi dans l'Europe du Moyen Age. Le système représentatif s'est même construit dans une certaine mesure en opposition au principe démocratique. Ainsi, par le principe de sanior pars, L'Eglise admet qu'une minorité, représentante mais savante, puisse avoir raison contre la major pars, majorité numérique. [...]
[...] En ce sens, l'aliénation est la corruption inévitable du principe de la représentation. N'est-ce pas là un mécanisme facilement explicable depuis Aristote ? Dès lors que la représentation se fait sur le mode de l'élection, ce qui est le cas dans les démocraties libérales, le système représentatif ne suit jamais qu'un principe oligarchique - quoique l'absence de cens soit d'essence démocratique. Les démocraties modernes ne seraient alors dans le meilleur des cas qu'une aristocratie, si les gouvernants agissent pour le bien de la cité, dans le pire une aristocratie dégradée, ou oligarchie. [...]
[...] Dans les deux cas, la raison ou la bonne volonté font essentiellement défaut à certains groupes sociaux ; il faut donc que le représentant se substitue au citoyen dans l'exercice de la souveraineté. Condorcet ne disait-il pas que le représentant est élu pour faire sa volonté et non pas celle de ses représentés ? Argument renforcé par les libéraux : Benjamin Constant souhaite laisser le pouvoir aux hommes compétents dont c'est l'art, de sorte que chacun puisse vaquer à ses occupations privées. [...]
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