Volontiers caricaturée, dépeinte tour à tour comme une démocratie parfaite destinée à être exportée pour tous ou au contraire pointée par ses détracteurs comme un système électoral archaïque capable de trahir la volonté de son propre peuple, la démocratie des Etats Unis, résultat d'un compromis difficile entre les treize colonies d'origine, est en tous cas complexe et ne peut être comprise qu'au prix de compromis avec notre propre vision européenne. Ce modèle de démocratie est en même temps traversé de tensions diverses, où la préservation de la liberté individuelle de ses citoyens tente de s'équilibrer avec la direction efficace d'une Union fédérale de près de 280 millions d'habitants. Cherchant à rendre compte de l'application pratique des ses principes fondateurs idéalistes, aboutissant à ce système bipartisan particulier, il est apparu nécessaire de nuancer -tant dans ses faiblesses que dans ses fragiles réussites- une certaine idée de l'Amérique, déchirée entre perfection et perversion.
Des grands principes qui ont présidé à la naissance de la « plus vieille démocratie du monde », il faut d'abord souligner l'importance d'un fédéralisme essentiel dans le modèle américain. Ce fédéralisme se traduit dans l'organisation décentralisée du territoire américain, tant dans la répartition des compétences électorales entre l'Union et les Etats, que dans la liberté qui permet aux Etats d'organiser les élections fédérales dans leur propre cadre étatique, qu'enfin dans la multitude d'élections qui pourvoient aux différents postes.
A ce difficile équilibre entre Union et Etats correspond cette tension entre volonté de donner au peuple le choix de son destin, et une crainte farouche de cette masse versatile aux réactions parfois incontrôlées. D'où la décision de contrebalancer le suffrage populaire par une logique délibérative, assemblée de sage qui choisirait les hommes dirigeant le pays : c'était le cas pour l'élection du Président mais cela s'est traduit aussi dans la nomination des Sénateurs au Congrès.
Cependant l'on tend peu à peu vers une plus grande démocratisation du système, tant dans l'élection du président avec la fin de la dimension délibérative que dans le choix des candidats, dans l'élection des sénateurs, ou dans l'extension progressive du corps électoral.
Le système électoral mis en place aboutit peu à peu à un système bipartisan, né d'une évolution historique et d'une culture politique particulière, qui va s'enraciner et joue un rôle important dans la vie politique des Américains.
Son fonctionnement est très différent de nos normes européennes : c'est un système assez lâche, peu idéologique, composé de nombreuses factions, qui est très proche de la société civile.
Cependant l'on ne peut nier la progressive installation du fait minoritaire, à travers l'existence de tiers-partis, parfois fantaisistes, souvent la réponse à des intérêts peu ou mal représentés.
De fait le système électoral américain n'est pas parfait. L'expression de la volonté populaire peut parfois sembler trahie ou pervertie. C'est souvent le cas des procédures de démocratie directe qui n'atteignent pas leurs objectifs idéalement fixés, mais aussi le résultat de procédures aux marges de la légitimité comme cela peut se voir dans le découpage des circonscriptions électorales, ou comme cela s'est ressenti lors des élections présidentielles de 2000.
Il importe pourtant de nuancer ces critiques : souvent exagérations démagogues, ou attaques hypocrites, elles oublient de tenir compte des avantages du système, et de la culture politique propre aux citoyens du pays. Elles ont en tous cas, par leur sévérité sans nuance, tendance à faire oublier des problèmes plus importants au profit de querelles plus médiatiques. Car le système électoral comporte des faiblesses entre lesquelles une certaine crise de la représentation dont nous ne sommes pas à l'abri.
En conclusion, peut être faut-il envisager que les Etats Unis d'Amérique, souvent à l'avant garde, constituent peut être alors -dans leurs difficultés- une sonnette d'alarme invitant à repenser une certaine démocratie représentative, de même que -dans sa réussite- elle est peut être un modèle pour d'hypothétiques Etats Unis d'Europe.
[...] Les dépenses notamment pour les périodes électorales dépassent des sommets absolument inimaginables puisque par exemple John Kerry a dépensé plus 300 millions de dollars pour sa campagne, et 65 millions rien que pour la convention démocrate. Au final les dépenses en 2004 ont encore augmenté de par rapport à celles de 2000. La recherche de financement est la préoccupation première de l'appareil de campagne avant l'élaboration du projet et un candidat aux primaires se fait aussi élire sur sa capacité à récolter de l'argent. [...]
[...] Ceci est surtout du au fait qu'ils sont habituellement centré sur un seul individu. Ce fait s'illustre particulièrement lors de l'élection 1912 avec la tentative de come back de Théodore Roosevelt, Président de 1901 à 1908, via un tiers parti, le parti Progressiste. Celui-ci obtenu presque des suffrages mais ce fut insuffisant pour atteindre la Maison Blanche. Le parti Progressiste survécut longtemps à cet échec et à l'arrêt des ambitions présidentielles des Roosevelt, sans pour autant renouveler de tels scores. [...]
[...] Le système électoral américain Permanence des grands principes et évolution démocratique Un fonctionnement décentralisé propre au fédéralisme La constitution de 1787 ou la crainte du peuple La démocratisation du système Un système électoral articulé autour du bipartisme L'avènement d'un modèle bipartisan Le fonctionnement partisan américain La contestation du cadre bipartisan : les tiers partis et le fait minoritaire La remise en cause récurrente d'un système jugé archaïque et injuste Une volonté populaire bridée La nécessité de recadrer la critique Des dysfonctionnements de fond sans doute beaucoup plus inquiétants Bibliographie ( P. PACTET, Institutions politiques Droit constitutionnel, Armand Colin ( E. ORBAN et M FORTMANN (sous la dir. Le système politique américain, presses universitaires de Montréal ( P. CLEMENT, Les partis minoritaires aux Etats-Unis, La Palatine ( J-P LASSALE, Les partis politiques aux Etats-Unis, Que sais-je ? PUF ( M-F TOINET, le système politique des Etats-Unis, Thémis ( P. MARTIN, Les systèmes électoraux et les modes de scrutin, Montchrestien ( M. [...]
[...] Le système électoral mis en place aboutit peu à peu à un système bipartisan, né d'une évolution historique et d'une culture politique particulière, qui va s'enraciner et joue un rôle important dans la vie politique des Américains. Son fonctionnement est très différent de nos normes européennes : c'est un système assez lâche, peu idéologique, composé de nombreuses factions, qui est très proche de la société civile. Cependant l'on ne peut nier la progressive installation du fait minoritaire, à travers l'existence de tiers partis, parfois fantaisistes, souvent la réponse à des intérêts peu ou mal représentés. De fait le système électoral américain n'est pas parfait. L'expression de la volonté populaire peut parfois sembler trahie ou pervertie. [...]
[...] Las, elle est allée aux Républicains ! Iowa Le manque total de fantaisie dans le tracé des circonscriptions de l'Iowa provient peut-être de la mise en place d'une commission neutre chargé de procéder au découpage des districts Caroline du Nord Certes, les circonvolutions de la côte Atlantique de la Caroline du Nord peuvent expliquer le tracé original de la 3ème circonscription Une bizarrerie que les Démocrates auront le bon goût de ne pas contester : fair- play, les Républicains ne leur ont-ils pas taillé sur mesure la circonscription 12 ? [...]
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