Le Supplément au voyage en Onusie s'intitule ainsi en référence et en hommage au Voyage en Onusie de Philippe Ben, ancien correspondant du Monde à New York, qui y a regroupé ses observations sur l'institution. C'est lui qui est à l'origine du terme « Onusie ». Il s'agissait de montrer comment l'ONU, « comme toute institution, s'était peu à peu détachée de ses créateurs, avait acquis son territoire et sa vie propres, invitant à son tour le regard des curieux et l'examen de l'explorateur. » Alain Dejammet, montrant de quelle façon l'organisation a évolué depuis, se place dans le même type d'approche : l'ouvrage est en effet un recueil d'observations assez personnelles de l'auteur, portant à la fois sur les principes, le fonctionnement et l'état actuel de l'ONU.
Le Supplément au voyage en Onusie paraît en 2003, moment où la crise internationale et les actions militaires américaines suscitent de nombreux questionnements sur l'ONU, son rôle et son efficacité. Alain Dejammet souhaite donc dans son ouvrage répondre à ces questions, de façon plutôt originale et en tout cas soucieuse de simplicité.
La spécificité de cet ouvrage est de présenter un ton et une analyse très éloignés de la profondeur et l'objectivité d'un essai de critique politique : il ne s'agit pas d'inventorier la structure administrative de l'ONU ni de relever des statistiques sur ses actions ou son budget. L'auteur affirme en effet sa volonté de « revenir à quelques idées simples », c'est-à-dire, en l'occurrence, décrire l'ONU telle qu'elle existe et fonctionne et rendre compte de ses relations avec les autres acteurs internationaux. Alain Dejammet est en effet haut diplomate. Ancien directeur politique du Quai d'Orsay, il fut le représentant permanent de la France à l'ONU et président du Conseil de sécurité février en 1999. Il est actuellement ambassadeur de la France au Vatican. Ses fonctions expliquent également que la préface ait été confiée à Hubert Védrine, sous l'autorité duquel Alain Dejammet représentait la France à l'ONU.
Le Supplément au voyage en Onusie se présente donc comme un petit essai d'opinion sans visée proprement didactique, même s'il rend compte d'un certain nombre d'éléments qu'il est utile de connaître. Il est particulièrement riche en anecdotes, qui se veulent en général révélatrices. L'ironie et l'allusion sont donc largement utilisées par l'auteur, et orientent son propos de façon discrète mais non moins évidente ; les anecdotes sont donc parfois purement humoristiques, parfois bien plus lourdes de sens.
L'auteur s'attache donc à répondre à la question de savoir si l'ONU est encore utile. Après une exploration au cœur de l'Onusie, de sa vie locale et de ses activités, l'auteur expose les entraves au rêve d'une machine de paix qui pourrait se voir inféodée à ce qu'Hubert Védrine nomme l'hyperpuissance américaine.
[...] En ce qui concerne le siège à Manhattan, les délégués, selon l'auteur, s'y trouvent bien. Et cela une fois de plus joue en faveur des Etats-Unis. Enfin, même s'il y a cinq langues officielles, l'américain l'emporte. De fait, les Etats-Unis font partie des plus implacables adversaires du multilinguisme. b . à l'indifférence Les Etats-Unis n'ont pas toujours été indifférent face à l'institution onusienne. Alain Dejammet montre bien dans son ouvrage que ce pays a pu soutenir fortement les Nations Unies jusque vers 1956. [...]
[...] Ces principes sont inscrits dans la Charte des Nations Unies qui a une grande valeur symbolique mais, comme on va le voir, peu de portée effective sur l'état du monde. La Charte est empreinte à la fois d'idéalisme et de réalisme, comme le voulait l'équilibre des forces en 1945. L'idéalisme est transcrit dans le caractère irréfragable de la souveraineté des Etats et dans l'affirmation du respect des droits de l'homme, le réalisme dans le maintien de la paix à tout prix. [...]
[...] La question de l'autorité réelle de l'ONU est également centrale chez Alain Dejammet. Toutes les résolutions recouvrent un caractère obligatoire, mais le respect mutuel et la souveraineté des Etats font qu'elles relèvent plus de l'invitation que de la menace. Les résolutions sont très peu souvent appliquées d'office, et il faut presque voter une autre résolution pour permettre la mise en œuvre d'une précédente. Non seulement l'ONU n'a pas d'organe judicaire contraignant, mais elle dispose par ailleurs d'une force armée qui n'est ni conséquente ni permanente. [...]
[...] Le statu quo est donc renforcé et nuit à des avancées efficaces de l'ONU en matière d'égalité des Etats. Le plus grand réalisme semble dominer malgré l'idéalisme des principes fondateurs. Les manœuvres, manipulations ou faux bruits dans le but d'obtenir un poste ou une décision favorable au prestige personnel des uns et des autres sont couramment utilisés. (Quand l'auteur parle de corruption, il la qualifie d'innocente.) Le poids des cinq membres permanents est par ailleurs si écrasant que le choix des questions traitées ou laissées de côté dépend souvent de leur bon vouloir et de leurs intérêts. [...]
[...] Il est particulièrement riche en anecdotes, qui se veulent en général révélatrices. L'ironie et l'allusion sont donc largement utilisées par l'auteur, et orientent son propos de façon discrète mais non moins évidente ; les anecdotes sont donc parfois purement humoristiques, parfois bien plus lourdes de sens. L'auteur s'attache donc à répondre à la question de savoir si l'ONU est encore utile. Après une exploration au cœur de l'Onusie, de sa vie locale et de ses activités, l'auteur expose les entraves au rêve d'une machine de paix qui pourrait se voir inféodée à ce qu'Hubert Védrine nomme l'hyper puissance américaine Une exploration au cœur de l'Onusie : vie locale et activités Un des aspects originaux de cet ouvrage est de proposer une description du fonctionnement et des activités de l'ONU sous la forme d'une visite historique et géographique, dans les grandes lignes mais également sous le jour de petits détails cocasses et révélateurs. [...]
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