Suffrage universel, réforme électorale, République utopique, Alexis de Tocqueville, citoyenneté
Selon Alexis de Tocqueville, « Lorsqu'un peuple commence à toucher au cens électoral, on peut prévoir qu'il arrivera, dans un délai plus ou moins long, à le faire disparaître complètement. C'est là l'une des règles les plus invariables qui régissent les sociétés ». En effet, en 1848, à la suite d'une révolution, la Seconde République Française proclame le suffrage universel masculin sans plus aucune condition de cens. Cependant cette réforme était encore difficilement prévisible quelques années auparavant car si l'égalité juridique entre les hommes s'impose aujourd'hui à nous avec la force de l'évidence, cette idée était loin de faire consensus à l'époque. La monarchie de Juillet avait instauré un suffrage fortement censitaire, le droit de vote n'étant accordé qu'aux individus payant un minimum très élevé d'impôt. Alors dans quelles circonstances l'instauration du suffrage universel a-t-elle pu avoir lieu ?
[...] Cormenin, par exemple, affirme que « le vote universel est le plus élémentaire, le plus simple, le plus parfait », « la plus haute expression de l'égalité de l'homme » mais également que « pour établir le vote universel et direct dans un pays, il faut que le pays y soit préparé ». Seule une minorité s'exprimant par la Revue du Progrès ou la Revue Républicaine notamment, et représentée par les démocrates-socialistes et le personnage de Ledru-Rollin, réclament son application immédiate. Le temps du suffrage universel ne semble donc pas être encore arrivé. [...]
[...] Par la suite, les avis vont à nouveau diverger, mais si le suffrage universel, encore fragile est controversé, a été réduit en 1850, il est à noter que la réaction de la population a été très vive, et que même ses détracteurs ne sont pas revenus sur le principe lui-même, qui semble être très vite devenu irréversible. [...]
[...] C'est cette participation croissante dans la vie politique qui va finalement rendre possible la mise en place du suffrage universel en 1848. Tout d'abord, la monarchie de juillet a vu un abaissement général du cens électoral. Ainsi, les électeurs législatifs qui n'étaient que en 1820 sont passés à en 1831 et jusqu'à en 1847 à la veille de la révolution de 1848. Mais plus importante encore est la loi du 21 mars 1831 permettant des élections au niveau local non des maires, nommés par le roi, mais des conseillers municipaux. [...]
[...] A long-terme cependant, si l'on en croît Tocqueville, le suffrage universel ne pouvait être évité. Le 24 février 1848 donc, la République est établie, et le 2 mars, le principe du suffrage universel et direct est proclamé, celui-ci devenant un moyen d'assurer la légitimité de la Seconde République née des Barricades. Alors que le mouvement pour la réforme électorale ne se battait que pour un abaissement du cens, en 1848 c'est bien le suffrage universel qui s'impose à tous par le décret du gouvernement provisoire du 5 mars selon lequel « Sont électeurs tous les Français âgés de vingt et un ans, résidant depuis six mois, et non judiciairement privés ou suspendus de l'exercice de leurs droits civiques ». [...]
[...] Ce dernier écrit ainsi dans ses Mémoires politiques : « le suffrage universel Il est une énigme et contient un mystère ». Proudhon également de déclarer que le suffrage universel est une « mystification » et que « le peuple a parlé comme un homme ivre ». A l'inverse, la droite conservatrice, auparavant peu convaincue, est rassurée, le suffrage universel n'étant plus associée à des images de radicalisme et de chaos. Le chancelier Pasquier confie ainsi à Victor Hugo que « c'est le fléau qui a été le salut. [...]
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