Le Sud des Etats-Unis a eu une place majeure dans la construction de la nation américaine et de son identité. Pendant longtemps, le Sud a été le centre politique des Etats-Unis et reste aujourd'hui son centre historique. Après la bataille de Yorktown 1781 et l'indépendance, le Sud devient une force politique dominante dans le développement des Etats-Unis, promouvant la faible intervention des organismes fédéraux dans les domaines des Etats. Le Sud constitue une région à part des USA, grâce à son héritage culturel et historique, avec sa propre littérature, ses propres coutumes, styles musicaux comme le blues, le jazz, le rock'n'roll, la musique country, le cajun et sa propre cuisine. Mais il ne faut pas oublier que le Sud, malgré cette unité apparente, connaît une grande diversité de climats, de paysages et de sols. Il forme néanmoins un bloc qui s'oppose au reste du pays dans une attitude d'autodéfense.
Son importance politique a été prépondérante. En effet, la Constitution américaine est proclamée à Philadelphie en 1787, le Sud s'assurant qu'il n'y a pas de position anti-esclavagiste dans le texte et imposant de surcroît le compromis des trois-cinquièmes selon lequel un esclave vaut les trois-cinquièmes d'un homme libre dans le calcul du nombre de députés à la Chambre des représentants. Le Sud a notamment fourni aux USA plusieurs présidents dont Jefferson, Monroe, Tyler, Washington, Madison et plus récemment Clinton et Carter. Sur les douze premiers présidents des USA, 7 viennent de Virginie et 2 de Caroline du Nord, soit 9 sur les 12.
Le Sud a connu la Révolution américaine, la guerre de Sécession, la fin de l'esclavage et le mouvement américain des droits civils. Le Sud a été pendant longtemps le fleuron de la Nation américaine, mais le Nord a pris petit à petit sa place et a alors revendiqué le pouvoir politique. Le système économique au Sud atteint son apogée avant les autres régions puis se fige et tend vers le conservatisme.
Le Sud est ainsi composé de l'Alabama, de l'Arkansas, de la Floride, de la Géorgie, de la Louisiane, du Mississippi, de la Caroline du Nord, de la Caroline du Sud, du Tennessee, du Texas, de la Virginie -dont la partie occidentale restera fidèle à l'Union-, du Maryland, du Delaware, du Kentucky et du Missouri (les quatre border states qui resteront fidèles à l'Union).
Le Sud correspond parfaitement à ce qu'on peut attendre d'une colonie ; le climat est chaud et humide, de type subtropical, favorable aux produits introuvables en métropole : coton, tabac, riz, chanvre et sucre. La géographie a déterminé l'économie. Mais pour comprendre le Sud, il faut comprendre le mythe qui s'est forgé sur le Sud, l'image qui en est donné, en particulier dans la littérature, et qui a ensuite influencé ses représentations et la perception des sudistes sur eux-mêmes.
Problématique : quel est la nouvelle place du Sud aux Etats-Unis après la guerre de Sécession ?
La place du Sud dans l'histoire nous amène à nous demander la place du sud au sein de la société américaine, son influence, l'influence culturelle, politique et économique qu'il exerce, du modèle alternatif qu'il fournit au Nord industriel. La fin du 19ème siècle marque justement de profonds changements dans les rapports de forces que je viens d'évoquer. On distinguera donc trois période : la situation du Sud avant la guerre, la rupture avec le Nord et la difficile Reconstruction qui s'ensuit.
[...] L'affaire Dred Scott en 1857 passionne aussi les USA. Les esclaves, ils sont quatre millions en 1860, sont très inégalement répartis dans la population. Dix mille gros planteurs en possèdent une part importante, suivis par deux cents soixante-quinze mille petits propriétaires ayant moins de dix esclaves chacun. Suivent trois millions de blancs qui n'ont pas d'esclaves et travaillent eux-mêmes la terre en nourrissant une haine tenace vis-à-vis des esclaves qui souvent vivent mieux qu'eux et surtout ils rejettent sur les Noirs leur situation sociale. [...]
[...] La gestion de la plantation a une valeur éducative et prépare à l'exercice du pouvoir, à la gestion. George Washington était lui-même planteur. Le mythe se répand du planteur, obligé de trouver de nouvelles terres pour survivre, de faire preuve d'énergie, de bon sens, de courage, toutes ces qualités qui ont fait de Washington un chef qui n'a jamais cédé au découragement pendant la guerre d'indépendance. Le planteur est citoyen responsable, parce que propriétaire et donc il est conduit à gérer les affaires publiques. [...]
[...] Grayson par exemple dresse un tableau très sombre du salariat au Nord sans avoir besoin d'exagérer tant les conditions sont mauvaises pour les ouvriers nordistes. Tout un processus de mythification s'engage et de mal nécessaire, l'esclavage va devenir un bien positif. Le Sud s'enferme ainsi dans une idéologie et une pratique profondément esclavagiste. Le Sud sent son mode de vie menacé et se referme sur lui- même ; la civilisation des campagnes est encore plus exaltée contre la modernisation -tout changement risquant de bouleverser l'ordre social-, contre la civilisation industrielle du Nord. [...]
[...] Il s'agit de marquer leur autonomie vis-à-vis du pouvoir fédéral. La guerre et la défaite du Sud En 1860 règne un climat d'exaspération et d'intolérance. C'est dans ce contexte que Lincoln passe pour un dangereux extrémiste abolitionniste, alors que ce n'est pas du tout le cas et que le nouveau président a des paroles et des idées très modérées. La guerre éclate après la prise du fort Sumter par les troupes sudistes. Elle dure quatre ans et fait morts, soit autant que toutes les guerres des USA depuis lors. [...]
[...] Entre 1863 et 1866, on parle de Reconstruction présidentielle, avec la volonté pour Lincoln et Johnson de réunifier rapidement le pays et de pardonner ; entre 1866 et 1873, c'est la Reconstruction radicale, sous l'égide des républicains, carpetbaggers (hommes d'affaires du Nord) et scalawags collaborateurs sudistes=brebis galeuses) qui espèrent profiter de la situation de la région pour s'enrichir s'abattent aussi sur le Sud ; mais en 1873 le Sud retombe entre les mains des rédempteurs, qui instaurent la ségrégation mettant fin à la Reconstruction. Le terme rédempteur (redeemers) est en lui-même très religieux. Les rédempteurs ou les bourbons démocrates, en référence à la dynastie française, exprime une réaction conservatrice à cette Reconstruction radicale et républicaine. Enfin, en 1877, l'élection du président Hayes est marchandée en échange de l'évacuation des troupes nordistes, mettant ainsi fin à la Reconstruction. On parle du Compromis invisible. [...]
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