Toute société peut se caractériser par l'existence d'un ordre qui assure sa cohésion et sa stabilité. Les institutions sont l'expression et la garantie de cet ordre social. Dans une première acception, héritée de DURKHEIM, les institutions sont d'ailleurs définies comme « des phénomènes sociaux, impersonnels et collectifs, présentant permanence, continuité, stabilité ». Les institutions politiques forment une variété de ces institutions parmi d'autres. Comme le note Jacques CHEVALIER, «dotées d'une consistance propre, détachées des volontés qui les ont fait naître et installées dans la durée, elles imposent leur loi aux membres de la société, en modelant les pensées et les comportements». Au regard de ces définitions, ce premier point se propose d'examiner la contribution des institutions à la stabilité des régimes en se focalisant non seulement sur la manière dont la science politique traite des phénomènes institutionnels, mais aussi de la transformation des institutions en se plaçant du côté de l'observation des processus d'institutionnalisation.
[...] Ces groupements, qu'il s'agisse de partis politiques ou d'autres formes d'organisations, apparaissent comme des entités impersonnelles et objectives, distinctes des individus qui les composent dans le sens où ils sont en mesure de façonner les individus qui les investissent tout en leur fournissant des principes précis d'identification, autrement dit d'appartenance et de reconnaissance. Bibliographie Braud Sociologie politique, LGDJ, 8e éd Yves Déloye, Sociologie historique du politique, La Découverte Jacques Lagroye, Bastien François, Frédéric Sawicki, Sociologie politique, Dalloz-Presse de Sciences Po, 5e éd Michel Offerlé, Sociologie de la vie politique, La Découverte, 2004. [...]
[...] Mais l'institutionnalisation d'un ordre politique ne recouvre pas simplement la définition de ces structures relationnelles, qu'il s'agisse de rôles, de systèmes de positions ou de fonctions politiques. Les entités politiques collectives qui évoluent au sein du champ politique et autour desquelles se structure la vie politique constituent une institution politique à part entière. L'institutionnalisation d'une sphère politique autonome fait de ce point de vue directement écho à l'émergence de groupements qui constituent autant de dispositifs de coordination et de coopération des actions individuelles. [...]
[...] Les avocats du néo-institutionnalisme refusent l'hypothèse selon laquelle les institutions constitueraient les bases d'un ordre stable. Au contraire, la nature et le sens des institutions sont considérés comme fondamentalement ambigus et leurs origines, leurs évolutions et leurs fonctions sont tout autant problématiques. Cela nous invite par conséquent à avoir une vue moins statique des institutions que ne le suggère la définition de Durkheim présentée précédemment. Réintroduire ces dimensions conduit à orienter l'analyse des institutions du côté des processus d'institutionnalisation. 2. [...]
[...] Elle se confond également avec un ordre institutionnel, juridiquement encadré et codifié, plus ou moins décisif pour comprendre les comportements des acteurs. Le courant néo-institutionnaliste qui s'est développé aux Etats-Unis diffère quelque peu de la nouvelle sociologie des institutions qui vient d'être présentée à grands traits, mais il existe des points communs aux deux démarches. Le néo-institutionnalisme américain tend par commencer à considérer les institutions comme des forces potentiellement indépendantes qui sont susceptibles d'altérer fondamentalement les processus et les résultats de l'activité politique. Cette altération renvoie au fait que le jeu politique s'inscrit dans la durée. [...]
[...] Pour résumer la place qu'occupent les institutions dans cette optique, on dira que celles-ci se contentent de fournir des cadres stables aux interactions politiques. Ces traditions de recherches ont bien évidemment fait l'objet de discussions et de critiques qui ont favorisé une redécouverte du rôle et de la place des institutions dans les différents systèmes politiques. B. Le néo-institutionnalisme et le renouveau de la sociologie des institutions Alors qu'en 1945 et dans les années qui suivirent la science politique française avait tendance à considérer le sens des institutions comme allant de soi, il n'en va plus de même à compter du milieu des années 1980. [...]
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