Dans son discours de novembre 2003 au National Endowment for Democracy, le Président américain indiquait avec force que le GMO, région allant du Maroc au Pakistan, resté jusqu'à présent à l'écart des vagues de démocratisation, était appelé à se réformer. Le concept de GMO apparaît officiellement pour la première fois en 2002 dans un document de travail pour la préparation du G8 de Sea Island, sommet qui s'est tenu en juin 2004.
Publié notamment par le quotidien Al Hayat, la stratégie américaine au GMO est un concept géopolitique à volet médiatique, qui vise à promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance dans la région, construire une société de la connaissance et développer les opportunités économiques.
[...] -Seule nuance : une évolution majeure avec guerre du Golfe : bases militaires américaines, intervention militaire directe, mais pas d'ingérence dans la nature autoritaire des régimes arabes. Mais les attentats du 11 septembre ont changé la donne. -L'idée sous-jacente de la politique américaine au MO, simpliste mais avérée dans les faits : les démocraties ne se font pas la guerre (loi de Doyle). Cette thèse est portée à la fois par les néoconservateurs, par les réalistes conservateurs (les faucons) et par les démocrates. Relativement consensuelle aux Etats-Unis donc. [...]
[...] -Malgré l'aspiration des sociétés civiles au modèle démocratique, le monde arabe accuse un retard démocratique certain, mis en évidence dans une étude du PNUD de 2002, rédigée par des auteurs arabes indépendants, et qui met en évidence les trois plaies de la région : le manque de liberté, l'aliénation des femmes et la faiblesse du processus d'acquisition et d'usage du savoir Le rapport met ainsi l'accent sur des priorités plus ou moins judicieuses, à savoir éducation, gouvernance, émancipation des femmes, raccordement à l'Internet, production de biens hors pétrole, niveau de vie, création artistique et littéraire, environnement, etc. -Pour justifier l'initiative, les rédacteurs du document se sont référés à ces rapports du PNUD. Le problème est que les rédacteurs du document publié par Al Hayat vont en quelque sorte instrumentaliser ce constat pour justifier la stratégie du GMO. [...]
[...] Par ailleurs, même aux Etats-Unis, l'administration Bush accumule les déboires. Désavoué par le Congrès sur la question de la gestion de plusieurs ports américains par une entreprise publique de Dubaï, le président des Etats-Unis a de plus en plus de mal à convaincre l'opinion des mérites de sa politique irakienne. -Incertitude après les élections en Irak. Trois ans après l'intervention américano-britannique, la violence et la corruption sont endémiques, l'investissement n'est pas à la hauteur des besoins de reconstruction d'une économie mise à mal par des années de guerre et d'embargo. [...]
[...] Or, après l'Afghanistan et l'Irak, ce serait la troisième intervention militaire des Etats-Unis, et le soutien du Congrès, indispensable, est loin d'être acquis. Dans ces conditions, gagner du temps présente de réels avantages. Il paraît impossible, pour les Etats-Unis, d'engager quoique ce soit en Iran avant d'avoir stabilisé l'Irak. -Le commandement militaire américain, qui vient de décider l'envoi de GI supplémentaires pour renforcer "temporairement" un contingent qui en compte déjà semble en avoir conscience. La guerre, ou plutôt "les" guerres tuent en ce moment près d'un millier de civils irakiens chaque mois. Le précédent de la débâcle vietnamienne est fréquemment évoqué. [...]
[...] s'expliquant par la réorientation brutale de la politique américaine suite aux attentats du 11 septembre Tant que leurs intérêts n'étaient pas en jeu, les Etats-Unis s'accommodaient de la situation. -Jusqu'au 11/09 les Etats-Unis se sont bien accommodés de gouvernements autocratiques dans la région, tant que leurs intérêts étaient préservés : *intérêts pétroliers : Cf. alliance avec Séoud depuis 1945 *endiguements de l'URSS : soutien au Shah, soutien au Pakistan et à la Turquie intégrée dans l'OTAN. Délicat avec la montée du nationalisme arabe : renversement du pacte de Bagdad par l'Irak en 1958 (Kassem), idem Syrie - Egypte, jusqu'à Camp David en 1978 (Sadate). [...]
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