Le statut de l'opposition au Royaume-Uni

Résumé du document

Si John Stuart Mill, penseur libéral britannique cherchant notamment à savoir quelle est la meilleure forme de gouvernement dans son ouvrage Representative Government (1861), n'évoque pas la notion de parti, ce n'est pas le cas de Sir Ivor Jennings qui affirme en 1959 qu'une « étude réaliste de la Constitution anglaise […] doit commencer par les partis, finir par eux […] après en avoir discuté de long en large ».
Les partis se sont donc peu à peu intégrés à la vie politique britannique à tel point que l'on considère généralement la Grande-Bretagne comme une partitocratie : les partis joueraient donc un rôle fondamental en assurant le bon fonctionnement des institutions et la stabilité d'un régime démocratique.

Extraits

[...] Conception particulière de l'opposition = parti majoritaire d'opposition est voué à devenir le parti de gouvernement et son leader deviendra Premier Ministre en cas d'alternance. En cas de victoire aux élections, une nouvelle équipe gouvernementale est donc prête à prendre ses fonctions (déjà préparée, habituée à l'exercice du pouvoir faible impression de vacance du pouvoir). Les membres de l'opposition sont donc respectés et ont droit de cité. Leur opinion est entendue ce qui garantit une pratique démocratique du pouvoir. Ce Statut de l'opposition est l'œuvre du temps et des traditions, il s'est étoffé petit à petit. [...]

[...] Ce statut particulièrement institutionnalisé attribué à l'opposition permet au Royaume-Uni de se démarquer une nouvelle fois des autres démocraties. Si le bipartisme, trouvant ses causes dans le modèle britannique avec notamment l'utilisation du scrutin majoritaire, permet l'émergence d'une majorité forte et légitime qui jouit d'une grande stabilité tout en dirigeant la politique du pays comme elle l'entend ; l'opposition tient une place importante dans la vie politique du Royaume-Uni. Elle est respectable et respectée, car elle est vouée à exercer le pouvoir en cas d'alternance. [...]

[...] L'opposition au Royaume-Uni = La contestation permanente, organisée et civilisée, du pouvoir en place selon O. Duhamel. II) Une influence limitée par l'importance du bloc majoritaire a. Un temps limité réservé à l'opposition à la Chambre - Un droit de parole respecté : Les Opposition days : 20 séances parlementaires par session (c'est-à-dire sur 155) où l'opposition donne son avis sur la politique suivie par le gouvernement et a la possibilité de définir l'ordre du jour = décide de la liste des sujets à évoquer lors de la séance. [...]

[...] Le leader de l'opposition de Sa Majesté possède donc un statut particulier à l'image de son parti : le protocole lui réserve une place de choix lors de cérémonies officielles, il est reçu de manière officielle à dans les pays étrangers ou il reçoit les représentants étrangers (Henri Kissinger, secrétaire d'Etat américain, rencontrant Thatcher encore chef de l'opposition). Le Premier Ministre le consulte sur des questions de politique de défense notamment + il est placé face au Premier Ministre à la Chambre, il inaugure de plus les séances des questions du mardi et du jeudi (interpelle le Premier Ministre). = le leader de l'opposition est une institution à lui seul selon les mots d'Olivier Duhamel. Depuis 2010, c'est le Labour Party (parti travailliste) qui dirige ce Shadow Cabinet, le leader du parti est Ed Miliband. [...]

[...] Le parti majoritaire à la Chambre des Communes (étant aussi le parti du gouvernement) semble jouir d'une importante stabilité lui permettant de diriger le pays comme il le souhaite pendant toute la durée de la législature. Pourtant, face à ce bloc majoritaire, se dresse une opposition reconnue et écoutée qui profite d'un statut particulier. Dans quelle mesure peut-on affirmer que l'opposition, grâce à son statut particulier, joue pleinement son rôle au Royaume-Uni, et cela probablement mieux que dans toute autre démocratie selon Olivier Duhamel ? Dans une première partie nous verrons que l'opposition existe dans ce système primo-ministériel et qu'elle bénéficie d'un statut particulier lui assurant le droit de parole. [...]