Alain Desrosières est un statisticien et tout comme les statisticiens, il est parfaitement conscient de ce phénomène là, c'est-à-dire que la statistique est conçue comme quelque chose qui produit du chiffre, c'est-à-dire comme quelque chose qui quantifie... qui quantifie les problèmes publics, les éléments de la société... et il montre que quantifier, ce n'est pas que mesurer ; il y a, en effet, des arbitrages, des débats politiques, dans le processus même de quantification, ce que l'on appelle des conventions (...)
[...] L'esprit statistique ne se réduit pas au probabilisme. Le regain d'intérêt pour la quantification en tant que telle, indépendamment de ses usages dans des modèles probabilistes, a pu s'appuyer sur des recherches sur les notions de convention d'équivalence (Latour), de codage et de taxinomie (Thévenot), de commensuration (Espeland), de classification (Bowker et Star 1999). Par ailleurs, l'histoire de la statistique fait apparaître de vastes chapitres non probabilistes. Des directeurs de la statistique publique française, de Moreau de Jonnès (1847) à Lucien March (1930)5, ont été réticents au calcul des probabilités. [...]
[...] LA SECONDE PARTIE DU TEXTE : explication de ce qu'est la statistique avec un développement en quatre sous-parties. 1)-La première sous-partie s'intitule : Quantifier, c'est convenir puis mesurer La quantification statistique, c'est le fait de produire des chiffres statistiques qui serviront. -L'auteur découpe la quantification en deux moments : la convention et la mesure la CONVENTION c'est ce qui se passe en aval; la mise en nombre implique au préalable des débats, des arbitrages, des choix et, il y a un processus politique qui se joue dans la construction du chiffre. [...]
[...] Quantifier, c'est convenir puis mesurer Pourquoi avoir choisi pour titre du premier volume l'expression «sociologie historique de la quantification» ? Ce dernier terme inclut nombre d'autres pratiques que celle de la statistique, notamment la comptabilité d'entreprise. Une grille de lecture des procédures de quantification, puis de leurs effets cognitifs et sociaux, est proposée ici. Elle s'écarte quelque peu de l'épistémologie naïvement réaliste, issue des sciences de la nature, qui prévaut souvent dans les sciences sociales et dans les usages sociaux des statistiques. Il faut en effet distinguer deux idées, trop souvent confondues, celle de quantification et celle de mesure. [...]
[...] Seule l'histoire des va-et-vients, inextricablement sociaux, politiques et cognitifs, des activités humaines qui se sont appuyées sur une statistique dont le sens et le contenu ont évolué avec le temps, permet de comprendre cette multiplicité. Cette histoire est maintenant bien documentée, notamment depuis 1983 quand une équipe interdisciplinaire l'a travaillée pendant un an, à Bielefeld en Allemagne, à partir de son versant scientifique et probabiliste (plutôt que politique), sous le titre La révolution probabiliste (Daston 1989, Gigerenzer et alii 1989, Porter 1986, Hacking 1990, Morgan 1990). Le réseau de chercheurs alors constitué a produit nombre de travaux importants. [...]
[...] Les Services Statistiques Ministériels, les SSM répondent à la commande de leurs ministres et de leurs administrations. Il y a aussi un Conseil National de l'Information : le CNI où des débats de ce type là se font, des débats théoriques, des débats épistémologiques; Epistémologique : cela veut dire la manière dont on produit la science, ce sont tous les auteurs qui ont réfléchi à la vérité scientifique. L'I.N.S.E.E. (=Institut National des Statistiques des Etudes Economiques) ne doit pas être oublié. [...]
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