« Comment a pu naître une notion aussi étrange et contestable que le prétendu « droit d'ingérence », quand la notion de souveraineté est au cœur du système des Nations unies, destinée à protéger les États d'interventions extérieures et, ainsi, à sauvegarder la paix ? » Cette question reste toujours d'actualités en ce début d'année 2008, tout particulièrement avec la crise du Darfour mais aussi, indirectement avec les questions que pose le Tibet ou la Tchétchénie. Pour bien comprendre les enjeux d'une telle interrogation, la notion de souveraineté doit être pleinement comprise d'un point de vue international mais aussi interne. C'est sur ce dernier point que Gérard Mairet va travailler dans son ouvrage intitulé « Le principe de souveraineté : histoire et fondement du pouvoir moderne » publié en 1997. Auteur contemporain qui vit donc la crise de l'Etat-nation, il est maître de conférences à l'université de Paris VIII où il enseigne la philosophie politique.
[...] Ibid, p 185. Ibid, p 187. Ibid, p 189. Ibid, p 222. Ibid, p 191. Ibid, p 192. Ibid, p 205. [...]
[...] Mairet développe sa pensée autour de ce concept de souveraineté pour démontrer en quoi le principe que porte ce dernier fonde-t-il la rupture de la modernité en politique. Pour répondre à cette problématique de façon synthétique, un plan linéaire constituera la structure de ce devoir, plan qui s'articulera autour de deux grandes parties. La première sera consacrée à l'histoire de la conceptualisation du principe de souveraineté, conceptualisation allant selon l'auteur de Machiavel à Éric Weil qui est aux yeux de Mairet le dernier philosophe de l'État. [...]
[...] Jusqu'en 1989 de nombreuses conquêtes politiques sont faites au nom du principe de souveraineté avec lequel les peuples vont tendre à s'unifier, à s'individualiser en s'accaparant, par des phénomènes de révolution pour la plupart, les forces leurs permettant de construire leur propre histoire. Ce principe s'est donc exprimé dans l'histoire à travers un triptyque prince peuple parti cadre qui apparaît aujourd'hui pour Mairet complet et qui implique que la souveraineté n'est plus créatrice d'histoire, de nouveau en politique, elle n'est plus un moteur pour l'histoire ce qui invite donc à penser le nouveau devenir qui s'annonce. L'auteur, pour affirmer cette idée de finalité achevée de la souveraineté, utilise la pensée d'Arendt traitant du totalitarisme. [...]
[...] Il en va de même chez les modernes où le postulat d'égalité des hommes (qui est abstrait et universel) est un postulat de souveraineté puisqu' énoncé par le souverain en vue de l'association de tous les hommes pour la survie de la communauté. Dès lors, l'auteur revient logiquement sur la négation de cet aspect de la modernité avec le drame de la Shoah qui a consisté en la négation d'une partie du genre humain, de la nature humaine. Cependant, Gérard Mairet distingue par la suite droit naturel et nature humaine. Le premier terme renvoie à une liberté[23], le second à un destin, une fatalité pour ceux qui en sont écartés (génocide) ou rapprochés (colonialisme pour la civilisation des peuples). [...]
[...] En effet, l'établissement de la constitution peut donc paradoxalement être considéré à la fois comme le renoncement de la liberté de chacun (potentia pour potestas) mais aussi comme l'acte par lequel les individus exercent ce même droit naturel, cette liberté[25] puisque l'Etat garantie leur subsistance voire leur existence[26] : la question de la liberté individuelle n'a pas de solution au niveau de l'individu lui-même (lié à la servitude et au désir) ; la solution est collective, elle réside dans la communauté. [ ] Elle est dans la puissance de tous et dans l'autorité qui en procède (potestas)[27]». [...]
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