Sondages et opinion publique

Résumé du document

Qu'est-ce que l'opinion publique ?

La notion d'opinion est constamment employée, par des agents politiques spécialisés, par des commentateurs, par des sondeurs, par des sociologues, et jusque dans le langage courant, si bien que le terme « opinion » peut être utilisé dans des sens très différent.
« L'opinion des gens est que … » ; « l'opinion préfère … » ; « ce discours ne passe pas auprès de l'opinion… » ; « c'est mon opinion, je m'y tiens … » Il s'agit donc d'opérer tout d'abord une clarification conceptuelle initiale.

L'espace public bourgeois selon Habermas et la naissance de l'opinion publique:
Je voudrais évoquer ici la théorie de Jürgen Habermas, sociologue allemand fondamental et son ouvrage L'espace public, 1962.
L'espace public est une notion qui permet de désigner :
- La manière dont sont distinguées et classées les activités, entre ce qui relève de la « chose commune » ou publique, de la vie publique, et ce qui relève de la vie privée ou domestique. Cette distinction public/privé est une invention moderne, et
Habermas montre bien qu'elle n'existait pas par exemple au Moyen Âge sous le système féodal. La sphère publique n'y était pas séparée de la sphère privée (cf. Etat patrimonial, etc.)
- La manière dont sont présentés les rapports de pouvoir entre groupes et individus.
- La hiérarchisation entre espace public et espace privé.

Extraits

[...] Cela prendra la forme par exemple du mouvement ouvrier au 19e siècle. Faire Schéma Habermas : monde vécu espace public sphère étatique Au 18e siècle, l'opinion publique est assimilée à la délibération et aux débats entre individus éclairés, gens de lettre, artistes, écrivains, etc. dans des salons, des clubs, etc. d'où ressort un jugement, éventuellement une critique des actions du gouvernement. Cf. Habermas. Diffusée par les journaux de l'époque, l'opinion publique apparaît comme le tribunal critique des rois et des législateurs. [...]

[...] Pas de chiffres précis, car les instituts de sondage refusent de les donner. On a qlq estimations : - entre 2/3 et 4/5e des interviewés par téléphone pendant campagne présidentielle américaine de 2002 ont refusé de répondre - Enquête la démocratie à l'épreuve, par téléphone, Cevipof 2000-2002, taux de réponse brut = 26% ; taux d'acceptation (parmi ceux qu'on a réussi à joindre au téléphone) = 46% Non-répondants particulièrement importants chez les jeunes, les catégories populaires et surtout les sans-diplômes. [...]

[...] Les sondages ainsi sous-estiment le poids des silences, face à ceux qui parlent. Ignorer les sans-réponses, c'est comme mettre de côté les votes blancs ou nuls dans les résultats d'une consultation électorale. Quand on s'intéresse au taux de non-réponse, on se rend compte que le taux de réponse est plus élevé chez les femmes que les hommes, et que l'écart entre les femmes et les hommes est d'autant plus élevé que les questions posées sont d'ordre plus proprement politique. En outre, parfois, c'est plutôt en se taisant, en s'abstenant de répondre à une demande d'étiquetage, que l'individu marque sa propre consistance. [...]

[...] Champagne, Faire l'opinion, Minuit, Paris A. Garrigou, L'ivresse des sondages, Paris, La découverte P. Lehingue, Subunda. Coups de sonde dans l'océan des sondages, Paris, Editions du Croquant I. Qu'est-ce que l'opinion publique ? La notion d'opinion est constamment employée, par des agents politiques spécialisés, par des commentateurs, par des sondeurs, par des sociologues, et jusque dans le langage courant, si bien que le terme opinion peut être utilisé dans des sens très différents. L'opinion des gens est que . ; l'opinion préfère . [...]

[...] Or c'est un peu plus compliqué. Très souvent, alors que les questions peuvent être très techniques, les enquêteurs posent la question plusieurs fois, et à la suite d'une 1re réponse du type je ne sais pas ou vous m'en posez des questions répètent la question pour rentrer une réponse dans une case. Ils y ont un intérêt matériel puisqu'un questionnaire comportant trop de NR ne sera pas rémunéré. En outre, ceux qui acceptent de répondre ne disent pas forcément ce qu'on veut bien leur faire dire. [...]