La mort de l'ancien mercenaire Bob Denard le 13 octobre dernier ou les méfaits commis par certains soldats de la compagnie Blackwater en Irak ont récemment mis en lumière un phénomène trop souvent méconnu : les sociétés militaires privées. Celles-ci participent à une privatisation croissante des activités de défense, et de la guerre en particulier. Les Etats confient donc au privé une part de leurs prérogatives régaliennes.
On appelle mercenariat ou corporate warriors le fait de participer à des activités de défense pour de l'argent, pour le compte d'une entité (Etat, société privée) autre que son Etat. La très grande majorité des mercenaires sont employées par des sociétés militaires privées (SMP) qui fournissent différents types de services à des gouvernements, des organisations internationales ou des entreprises privées.
Tous les indicateurs montrent que ce marché est en plein essor. On estime que le chiffre d'affaires du secteur, pour les seuls pays anglo-saxons, avoisine 100 milliards de dollars en 2004. En outre, les fusions très nombreuses (MPRI rachetée par L-3 Communications, Gray Security par Securicor,...) ainsi que les introductions en Bourse régulières montrent le dynamisme de ce marché.
Dès lors, il est pertinent de s'interroger sur la réalité de ce phénomène, sur les besoins auxquels il répond, et sur son éventuelle capacité à se substituer aux systèmes de défense publics. En quoi le mercenariat privé répond-il à un besoin fort ? La croissance de cette activité va-t-elle nous conduire à une privatisation plus poussée des activités de défense et de la guerre ?
[...] Tshombe fait alors appel à des mercenaires parmi lesquels Bob Denard, Tony de Saint-Paul ou Mike Hoare. C'est donc en Afrique que les sociétés militaires privées interviennent le plus dans un premier temps (cf. carte en annexe Avec la fin de la guerre froide, le recours au mercenariat s'est banalisé. Depuis le 11 septembre 2001, une étape supplémentaire a été franchie. c. Les sociétés militaires privées, deuxième force d'occupation en Irak Jusqu'à la guerre d'Irak, c'est sur le continent Africain que travaillaient la majeure partie des compagnies de sécurité. [...]
[...] En outre, certains acteurs économiques comme les firmes multinationales ont des besoins croissants en matière de sécurité (protection d'installations dans des zones instables Une nouvelle fois, les sociétés militaires privées apportent une réponse satisfaisante à ces besoins. Ainsi, plusieurs facteurs favorisent un développement rapide du mercenariat. Tous ces facteurs nouvelles doctrines, nouvelles menaces, réduction des budgets militaires ont tendance à s'accentuer, ce qui nous permet de prédire un développement encore plus important du mercenariat dans les années à venir. III. Des dangers potentiels liés à la privatisation de la guerre ? a. [...]
[...] Le mercenariat, une réponse à de nouveaux types de conflits a. De nouvelles doctrines militaires qui tendent à encourager des formes d'ingérence moins visibles À la suite de la guerre du Vietnam et tout au long des années 1980, se développe aux Etats-Unis le concept de zero death war (guerre zéro mort). L'opinion américaine change progressivement et se refuse à accepter la mort de ses soldats sur des terrains où les enjeux vitaux des Etats-Unis ne sont pas menacés. Ces mutations sont partie intégrante de la doctrine Weinberger* et de la doctrine Powell*, actuellement très prégnantes. [...]
[...] L'engagement de troupes américaines ne doit être envisagé qu'en dernier ressort. Zone grise : Territoire qui échappe à tout contrôle étatique, généralement dans une zone de guerre civile ou d'insurrection. Annexe Quelques exemples de sociétés militaires privées présentes en Irak (liste non exhaustive) Source : Site de l'Ambassade des Etats-Unis en Irak, Cité précédemment. Entre autres : Dyncorp, Vinnel, Blackwell, MPRI, Armor Group, Kroll. Source : site internet de l'Ambassade Américaine en Iraq : http://iraq.usembassy.gov/iraq/security_companies.html Entre autres: Control Risks, Global Risks, Olive Security, Securicor, Pilgrims. [...]
[...] Vers une privatisation de la guerre ? Ainsi, le mercenariat se présente sous différentes formes. Il répond à des besoins nouveaux et croissants, tant des Etats que des firmes multinationales, des ONG ou des organisations internationales. Le développement des sociétés militaires privées et, de facto, la privatisation de la guerre, semblent donc avoir de beaux jours devant eux. Néanmoins, les Etats ne toléreront pas d'être pleinement dépossédés de l'exercice de la violence et dans la conduite de la guerre. L'époque est encore loin où nous pourrons observer la disparition des armées publiques au profit d'armées exclusivement privées. [...]
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