« L'Histoire s'est arrêtée en 1936 », disait Georges Orwell en commentant l'expérience espagnole de la guerre civile. Cette année là, l'Histoire tchécoslovaque s'apprêtait à recevoir la marque au fer rouge du totalitarisme, avec la stalinisation définitive de son parti communiste. En 1936 aussi, débutait l'histoire de Vaclav Havel, qui allait sceller son destin à celui du totalitarisme naissant de son pays. Très tôt, ce dramaturge et essayiste de circonstance évolue dans un contexte d'asphyxie de la culture nationale. Partisan de l'aventure du Printemps de Prague depuis son siège au congrès des écrivains, il appréhende l'expérience du « socialisme à visage humain » de Dubcek avec ferveur, avec la prudente décrispation du communisme tchécoslovaque. Une expérience de courte durée que va interrompre l'invasion soviétique au nom de la doctrine brejnévienne de la « souveraineté limitée », et qui va engager un virage définitif vers la radicalisation du régime. C'est la normalisation de la société menée par Gustav Husak au pouvoir depuis avril 69. Avec sa « Lettre ouverte à Gustav Husak » en 1975, Vaclav Havel va s'illustrer à l'avant garde de la contestation intellectuelle, en tant que porte-parole d'une culture parallèle, en plein essor malgré le carcan du totalitarisme. Quand Havel écrit en 1986 : « Tôt ou tard, nous découvrons qu'une grande œuvre littéraire communique, de manière indirecte, complexe et même cachée, des éléments qui concernent l'histoire, la culture, la civilisation ou le devenir spirituel et social de la collectivité. Je ne conçois pas une œuvre littéraire authentique sans cette dimension », il met en exergue un point fondamental pour le sujet qui nous intéresse : « tout art est par nature dissident » et place en position de risque aussi bien le pouvoir en place que l'auteur lui-même. Dans ses Essais politiques, c'est une vision littéralement orwellienne que nous livre Havel de la société tchécoslovaque. Il y décrit une société dénuée de toute liberté, qui ploie sous le joug de la bureaucratie toute puissante ; une société apathique qui ne se réalise plus que dans le mensonge et la propagande officielle ; une société où la politique n'est plus considérée que comme un terrain de conflit permanent entre le pouvoir et la vie. Interdit des médias nationaux à partir des années 70, c'est grâce à ces essais et à la mise en place progressive d'un système de diffusion informel, que Havel va réussir à acquérir une notoriété internationale. Sa volonté de dire la vérité, de moralisation de la politique, d'exprimer quelque chose qui révèle la condition humaine en général vont conduire l'opinion internationale à se mobiliser lors de ses emprisonnements en 1977, 1979 et 1989.
A la lecture de ses Essais politiques, il convient de se demander dans quelle mesure le regard de Vaclav Havel sur sa société ne porte-t-il pas en lui-même les remèdes nécessaires à sa réforme ? Finalement, la vision de la société tchèque, qui nous est transmise à travers le prisme de la « dissidence », ne sous-entend-t-elle pas une critique plus générale de la société occidentale ? Autrement dit, comme le dirait Havel, n'est-elle pas finalement qu'un « mémento pour l'occident, en lui dévoilant sa tendance latente » ?
Pour répondre à ces interrogations, il est nécessaire avant tout, de dresser un portrait du Pouvoir en Tchécoslovaquie, et des conséquences de ce pouvoir au niveau sociétal, pour ensuite appréhender les matrices de son analyse et essayer de saisir toute l'importance de son œuvre pour la pensée est-européenne, et occidentale.
[...] Il l'envisage donc dans ce qu'il appelle la perspective post-démocratique Il s'agit de savoir si l'avenir radieux relève réellement toujours d'un là-bas lointain En guise de conclusion, on peut dire que ce livre n'est pas seulement le portrait de l'homme qui deviendra président jusqu'en 2003, ni d'une société ; il s'agit d'une représentation mouvante d'une partie de la réalité politique de la Guerre Froide souvent occultée par l'Histoire occidentale. Au-delà de l'enseignement de l'Histoire, dont Havel nous a montré combien il témoignait de la vie d'une société, c'est la question des rapports Est/Ouest qui est mise en lumière. A l'heure où se construit l'identité d'une Europe libérale et élargie, le passé communiste des PECO peut-il être intégré s'il n'est pas compris ? [...]
[...] C'est la normalisation de la société menée par Gustav Husak au pouvoir depuis avril 69. Avec sa Lettre ouverte à Gustav Husak en 1975, Vaclav Havel va s'illustrer à l'avant garde de la contestation intellectuelle, en tant que porte-parole d'une culture parallèle, en plein essor malgré le carcan du totalitarisme. Quand Havel écrit en 1986 : Tôt ou tard, nous découvrons qu'une grande œuvre littéraire communique, de manière indirecte, complexe et même cachée, des éléments qui concernent l'histoire, la culture, la civilisation ou le devenir spirituel et social de la collectivité. [...]
[...] Finalement, la vision de la société tchèque, qui nous est transmise à travers le prisme de la dissidence ne sous-entend-t-elle pas une critique plus générale de la société occidentale ? Autrement dit, comme le dirait Havel, n'est-elle pas finalement qu'un mémento pour l'occident, en lui dévoilant sa tendance latente ? Pour répondre à ces interrogations, il est nécessaire avant tout, de dresser un portrait du Pouvoir en Tchécoslovaquie, et des conséquences de ce pouvoir au niveau sociétal, pour ensuite appréhender les matrices de son analyse et essayer de saisir toute l'importance de son œuvre pour la pensée est-européenne, et occidentale Post-totalitarisme et asthmatisation de la société : la paix des cimetières A. [...]
[...] Ceux-là mêmes qui ne comprennent pas pourquoi la société tchécoslovaque n'est pas réceptive aux discours pacifistes de l'Ouest. Les facteurs explicatifs ont déjà été exposés plus haut : les individus sont repliés sur leur vie privée et se méfient de tout ce qui pourrait les corrompre aux yeux du pouvoir. En outre, comme le souligne Havel, les discours sur le pacifisme sont inaliénables du débat sur le clivage gauche/droite et en cela, les occidentaux sont aussi imprégnés d'idéologie. Il dit : j'aimerais que l'on comprenne avec notre expérience en toile de fond et dans une situation où l'idéologie a complètement théorisé la vérité à quel point cela nous apparaît futile, erroné, loin du véritable problème L'espoir de la post-démocratie ? [...]
[...] La société tchèque dans les années 70 a travers les écrits de Vaclav Havel L'Histoire s'est arrêtée en 1936 disait Georges Orwell en commentant l'expérience espagnole de la guerre civile. Cette année là, l'Histoire tchécoslovaque s'apprêtait à recevoir la marque au fer rouge du totalitarisme, avec la stalinisation définitive de son parti communiste. En 1936 aussi, débutait l'histoire de Vaclav Havel, qui allait sceller son destin à celui du totalitarisme naissant de son pays. Très tôt, ce dramaturge et essayiste de circonstance évolue dans un contexte d'asphyxie de la culture nationale. [...]
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