Le terme sociabilité peut être pris en deux sens. Elle désigne tout d'abord la propension à entrer en société, et à créer des liens. Ensuite, elle peut être considérée, non plus comme une potentialité, comme une tendance, mais comme le fait même de l'existence sociale, la façon dont les hommes d'une zone temporelle et géographique donnée se conduisent les uns envers les autres. Dans un sens comme dans l'autre, la sociabilité interroge la notion même de société dans son rapport au politique. A considérer la société comme le fruit des rapports sociaux qu'entretiennent les individus entre eux dans un espace donné, il paraît réducteur de juger de la communauté politique à l'aune de la seule sociabilité. Ce serait manquer, en ne visant que les rapports privés, ce qui constitue justement la particularité de l'espace public et donc de la communauté politique. Mais est-il vraiment pertinent de cantonner la question du lien social à la problématique de la société civile, de lui ôter toute dimension politique ?
[...] La sociabilité suffit-elle à constituer la communauté politique ? Le terme sociabilité peut être pris en deux sens. Elle désigne tout d'abord la propension à entrer en société, et à créer des liens. Ensuite, elle peut être considérée, non plus comme une potentialité, comme une tendance, mais comme le fait même de l'existence sociale, la façon dont les hommes d'une zone temporelle et géographique donnée se conduisent les uns envers les autres. Dans un sens comme dans l'autre, la sociabilité interroge la notion même de société dans son rapport au politique. [...]
[...] Le Da du Dasein est essentiellement la polis, centre du rayon du monde où est ouvert le Dasein. La communauté originaire, c'est la communauté de ce Dasein. Mais il n'y a là aucun rapport d'antériorité : être est toujours déjà être avec. On renoue ainsi avec la conception arendtienne d'action et d'espace public. Sur l'espace public se présentent des actions dont les autres garderont la mémoire et qui engagent l'être de leur auteur. La communauté politique existe pour autant que des individus engagent des actions qui seront poursuivies ensuite. [...]
[...] Mais la sociabilité, envisagée sous cet angle, paraît insuffisante à constituer la communauté, parce qu'il existe une multitude d'autres facteurs d'unité d'un peuple, expliquant la solidité et l'homogénéité de la sphère publique. Le linguiste pourrait avancer que le lien social se joue d'abord dans la langue, le psychologue que c'est la dépendance affective des individus qui les poussent à vivre ensemble, l'économiste mettra en avant le besoin et la nécessité des échanges, le psychanalyste la prohibition de l'inceste et du meurtre Ces réponses, malgré leur intérêt, restent toujours partielles et sont inadéquates au sens où elles supposent déjà la communauté, le social, sans en interroger le fond. [...]
[...] En l'absence de structures politiques permanentes, la juxtaposition de ces divers lieux de sociabilité reflète l'évolution de la sociologie du «parti républicain», son embourgeoisement dénoncé par les vieux militants, et révèle surtout les stratégies mises en œuvre pour que, selon le mot de Gambetta, la République ne fasse plus peur. La sociabilité, en tant qu'elle instaure un ensemble de codes et de valeurs communes à tous ses membres, est donc essentielle à la vie démocratique et à l'exercice du politique. Enfin, l'ouvrage phare Bowling alone, de Putnam, analyse précisément les relations entre le capital social et les pratiques politiques. [...]
[...] La sociabilité caractérise donc la communauté politique, parmi d'autres éléments, telle que le langage, les relations affectives ou les échanges économiques, mais ce serait confondre la cause et l'effet que d'affirmer qu'elle la constitue. C'est bien plutôt la communauté politique qui institue les diverses formes de lien social. Ce qui, en dernière instance, constitue, au sens juridique, la communauté, c'est un acte fondateur performatif En ce cas, qu'est-ce donc qui constitue la communauté ? Nul besoin de chercher loin pour désigner par son nom l'acte fondateur de tout état de droit, auquel l'ensemble d'un peuple ne cessera de se référer : une Constitution. [...]
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