Dans son ouvrage L'Europe en chemise noire, les extrêmes droites européennes de 1945 à aujourd'hui, Pierre Milza souligne la percée du national populisme, et surtout son enracinement dans le paysage politique européen. Le principal danger ne vient pas seulement de cette prise d'importance, mais aussi de son positionnement en tant qu'emblème de la protestation sociale. Jean Guy Prévost corrobore cette affirmation en montrant l'évolution des partis d'extrême droite qui passent d'un rejet brutal de la démocratie à une acceptation de celle ci, dont ils dénoncent le détournement par les forces politiques traditionnelles « molles et bureaucratiques ». Quelle est la situation de l'extrême droite dans les différents pays européens et quel(s) visage(s) présente-t-elle ?
[...] La Ligue tient également un discours xénophobe et populiste. Son essor date de 1987, quand elle obtient 20% des voix en Lombardie lors des législatives. En 1992, avec des suffrages, la Ligue devient le quatrième parti italien. Après avoir atteint 10,1% des voix en 1996, le score de la Ligue est retombé à des suffrages en mai 2001 (30 sièges à la Chambre des députés et 17 au Sénat). En Suisse, c'est au sein de l'Union démocratique du centre un parti de la coalition gouvernementale (élections législatives d'octobre 1999 : 22,5% des voix et 44 des 200 sièges au Conseil national), que, sous l'impulsion de Christoph Blocher, se manifestent avec le plus de succès les thèmes majeurs de l'extrême droite : anti-establishment, anti-impôts et anti-immigration. [...]
[...] Le deuxième facteur, ce sont les hésitations et souvent les refus devant la " société ouverte L'ouverture qui touche toutes les sociétés européennes est une ouverture économique liée à la globalisation des échanges économiques et financiers, une ouverture politique avec la construction et le développement de l'Union européenne et aussi une ouverture sociale et culturelle avec l'accentuation des flux migratoires, la mobilité croissante des populations et le caractère de plus en plus pluriculturel de nos sociétés. Face à cette triple ouverture, beaucoup de citoyens des pays européens sont inquiets et pensent qu'ils ont plus à perdre qu'à gagner. Ils se rassemblent alors derrière les chantres de la " société fermée " que sont les leaders de l'extrême droite moderne. Jean- Marie Le Pen, Jorg Haider, Pia Kjaeresgaard, Umberto Bossi et d'autres ne cessent de dénoncer l'euromondialisme, le cosmopolitisme, le capitalisme apatride et les " envahisseurs " étrangers. [...]
[...] Au Benelux, l'extrême droite n'a acquis une certaine visibilité qu'en Belgique avec le Vlaams Blok. Fondé en 1978 par Karel Dillen, le Vlaams Blok représente 15,5% des votes au Parlement flamand et près de 10% des votes à la Chambre et au Sénat. De son côté, le Front national belge, actif en Wallonie et à Bruxelles, a été fondé en 1985 par Daniel Féret. Toutefois, après une percée électorale non négligeable au cours des années 90, il est aujourd'hui devenu très marginal, surtout depuis son implosion en 1995 en de multiples groupuscules rivaux se disputant le sigle. [...]
[...] Cette extrême droite européenne pourra également s'enrichir de l'éventuel succès électoral de listes ultra nationalistes dans les pays entrants (Pologne, Slovénie, Lettonie Il faut dire que de nombreux thèmes présents dans cette campagne des européennes peuvent aider l'extrême droite nationaliste à trouver un débouché électoral : les inquiétudes nationales devant le processus d'élargissement important de l'Union, les interrogations sur l'identité de l'Europe ravivées par la question de l'entrée de la Turquie dans l'Union, les réticences ou les hostilités à une démarche fédéraliste présente dans le projet de Constitution européenne Les thèmes structurels de campagne de l'extrême droite selon p. Perrineau Trois facteurs structurels contribuent à éclairer les succès électoraux d'une extrême droite nationaliste en Europe. [...]
[...] L'Autriche se distingue de l'Allemagne par son rapport au passé : la négation de l'histoire et le révisionnisme restent, pour l'essentiel, le comportement dominant des élites. En Italie, le MSI-Flamma tricolore (Mouvement social italien- Flamme tricolore) dirigé par Pino Rauti est une petite formation regroupant les tenants de la ligne dure de l'ancien MSI, fondé en 1946 et héritier du parti fasciste de Mussolini. Elle s'est détachée de la branche principale du parti, rebaptisé Alliance nationale, lorsque, sous la houlette de Gianfranco Fini, cette dernière a opté, en 1994, pour la rupture avec l'héritage fasciste. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture