En 1957 sort le film La loi c'est la loi, histoire d'un douanier français, joué par Fernandel, qui se voit condamné au maquis après s'être vu privé de sa nationalité. En effet, personne ne peut déterminer s'il est né dans la salle de séjour, auquel cas il serait français, ou dans la cuisine, auquel cas il serait italien. Le film débute avec un premier plan qui parcourt l'arrière-pays niçois, en matérialisant la frontière franco-italienne par une ligne pointillée assortie du commentaire « A quoi sert une frontière? A mettre en Italie ce qui est Italien et à mettre en France ce qui est Français ». L'image portée sur le film insiste donc l'artificialité de la frontière. Elle est avant tout une création humaine.
[...] Limite instituée, la frontière devient donc une limite instituant du social. En effet, elle a également, une fonction interne : en dessinant une délimitation, elle unifie la population à l'intérieur d'un territoire. Les marqueurs de la construction de l'Etat, de sa délimitation, de sa défense militaire, des sacrifices collectifs jalonnent les frontières de multiples symboles identitaires et territoriaux. Aux Etats-Unis tout particulièrement, la Frontier[3] fut un lieu de conquête et de formation de l'esprit américain. Les frontières sont donc partie intégrante des croyances et des mythes sur l'unité du peuple, ou sur l'unité naturelle d'un territoire. [...]
[...] Tintin sauve le roi de Syldavie, Muskar XII, de l'abdication en empêchant que le président de la Bordurie voisine, Müsstler (synthèse de Mussolini (Muss-) et Hitler (-tler) s'empare de son sceptre. Dans cet ouvrage la frontière joue un rôle salvateur lorsque Tintin la franchit, de retour en Sylvanie avec le sceptre du roi, les Bordures ne peuvent plus rien contre lui qui la relie pleinement à la souveraineté et à l'exercice de pouvoir. Sans frontière, aucune société avancée ne pourrait en effet organiser sa vie politique, économique ou sociale. La frontière constitue un agent d'organisation du territoire de premier ordre. [...]
[...] Que signifient les frontières aujourd'hui ? Introduction En 1957 sort le film La loi c'est la loi, histoire d'un douanier français, joué par Fernandel, qui se voit condamné au maquis après s'être vu privé de sa nationalité. En effet, personne ne peut déterminer s'il est né dans la salle de séjour, auquel cas il serait français, ou dans la cuisine, auquel cas il serait italien. Le film débute avec un premier plan qui parcourt l'arrière-pays niçois, en matérialisant la frontière franco-italienne par une ligne pointillée assortie du commentaire A quoi sert une frontière? [...]
[...] Certains géographes soulignent en effet que les lignes de fracture intérieures semblent se renforcer. Eric Morin démontre dans son essai Le ghetto français comment chaque couche socioprofessionnelle évite la cohabitation avec la classe qui lui est immédiatement inférieure. Cette tendance institue de facto des ghettos autonomes séparés par des rues, des murs, des zones industrielles qui sont autant de frontières internes à l'Etat. L'exemple français n'est cependant pas isolé. L'enclave catholique de Shortstrand à Belfast est séparée de ses voisins protestants par des murs barbelés de trois mètres. [...]
[...] Ce limes consiste en une zone militarisée et colonisée de façon discontinue où les relations humaines et commerciales avec les Barbares de l'autre côté de la frontière sont extrêmement riches. En fait, les zones de peuplement romaines et barbares sont emboitées. Cette proximité s'est traduite par l'alliance de ces peuples Barbares avec Rome lorsque cette dernière fut assaillie de toute part par des Barbares venus d'Asie et d'Europe orientale un siècle plus tard. Ce modèle frontalier antique peut certainement être transposé à nos réalités contemporaines. [...]
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