Servitude volontaire, La Boétie, acceptation d'une servitude, servitude moderne, pouvoir légitime
Lorsqu'au XVIe La Boétie écrit son discours de la servitude volontaire, l'incompréhension que celui désirait soulever autour du fait tyrannique résidait en ce que le peuple ne délaisse pas seulement sa liberté et son bonheur, mais « participe lui-même à sa ruine ». En effet, le tyran n'a de pouvoir que si le peuple lui délègue sa souveraineté, ainsi il suffirait au peuple de se détourner du tyran pour s'en débarrasser, et non pas même de se lever en masse. Pourtant il n'en est rien, l'homme se maintient volontairement dans cette position de servitude. On apprend alors avec la Boétie que les habitudes auraient tendance à nous habituer à servir quand le naturel, lui, aurait tendance à s'estomper, à se perdre si l'on ne prenait pas le temps de le cultiver faisant ainsi de l'habitude qu'elle est « la première source de servitude ». Pour n'avoir pas connu aucun état de nature reproduit, l'unique chose qu'il connait soit l'obéissance.
[...] Dans La Chute celui- ci affirme ainsi Mais sur les ponts de Paris, j'ai appris moi aussi que j'avais peur de la liberté. Vive donc le maître, quel qu'il soit La liberté est trop lourde pour être porté seul, trop effrayante également poussant l'Homme à s'en détourner. En revanche, la servitude, elle, ne demande aucun effort. La servitude est simple et confortable. L'homme tient à tout prix à se réaliser en tant qu'homme même si cela doit se faire par la servitude. La servitude volontaire est donc quelle que soit l'époque un fardeau que l'Homme continue à porter. [...]
[...] Quand on dore ses fers, il ne hait pas la servitude. En somme, comme la Boétie l'avait déjà appréhendait en son temps, nombreux ont été ces philosophes qui ont tenté de résoudre ce paradoxe de la servitude volontaire. Bien que la Boétie soulève bien plus de questions qu'il n'a apporté de réponses dans son discours de la servitude volontaire, sa postérité s'est quant à elle posé comme défi d'expliquer réellement les divers causes de ce désir de servitude volontaire. Il est d'ailleurs intéressant de se pencher sur certains comme Foucault qui ne s'intéresse pas directement à la servitude volontaire, mais avec ses théories sur le micro pouvoir et l'analyse de la démultiplication des relations de domination et de pouvoir, déconstruit l'asymétrie classique dominant/dominé, pour montrer la complexité de cette relation, selon les situations et donc d'une manière plus générale la complexité que peut revêtir le lien humain lui-même. [...]
[...] Ce que nous apprend le film de Gransel c'est que naturellement naît chez l'homme un désir de dominer et chez d'autres le désir d'être dominé car comme Freud l'avait soulignait : il y a dans l'asservissement des hommes une part de jouissance, une sorte de masochisme profond inhérent à la nature d'Homme. Certes ils se plaignent, ils souffrent, mais parallèlement les Hommes en redemandent. Encore aujourd'hui l'homme reste ignorant et s'habitue à être volontairement servile. Enfin, nous revenons comme la Boétie sur le rôle de l'habitude dans la servitude de l'homme face à un pouvoir qui s'affirme légitime. [...]
[...] pourquoi ne le fait-il pas et s'astreint-il à une servitude volontaire ? Les hommes ne portent-ils donc pas un amour naturel à la liberté ou le lien humain qui les unit est-il uniquement celui de la servitude volontaire collective au même maître ? C'est à travers la pensée de nombreux autres auteurs que nous verrons comment la postérité de la Boétie a-t-elle porté l'héritage de sa pensée et du paradoxe qu'il nous a laissé à penser et qu'ils ne feindre de méconnaître. [...]
[...] Tant qu'un pouvoir est aux yeux d'un individu détenteur d'une autorité qui lui semble légitime ou face à laquelle celui-ci est habitué à consentir, la servitude, elle, est volontaire. L'expérience de Milgram nous prouve à quel point la servitude de l'Homme est liée à son essence sociale, à son désir d'appartenir à une société dans lequel il est intégré. En effet, l'expérience a montré le niveau d'obéissance qu'un individu consentait quand un professeur lui demandait d'accomplir un acte moralement contestable à savoir l'injection d'électrochocs à une tierce personne. [...]
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