Entre le réchauffement planétaire, les attaques terroristes comme celles qui ont touché Madrid ou Londres récemment, et le sondage révelant il y a quelques mois qu'un Français sur 2 craignait un jour ou l'autre de devenir SDF (sondage BVA pour Emmaüs), quel est le rapport? A première vue aucun sinon que ces trois exemples instaurent le sentiment de l'imprévisible et d'une possible atteinte à la sécurité, que l'on peut définir simplement comme l'absence de menace.
Le 21ème siècle a en effet donné place à un monde où les dangers semblent se multiplier et avec les évènements du 11 septembre même ceux qui paraissaient être le plus à l'abris de toute menaces savent qu'ils ne sont pas totalement protégés.
Le 21ème siècle est donc celui du combat contre tout ce qui pourrait menacer la société et les citoyens dans leur quotidien car l'impression de ne pas pouvoir maitriser certains phénomènes et le sentiment d'insécurité qui en ressort, engendre la volonté d'y remédier. D'où la signature de nombreux accords entre les pays pour lutter plus efficacement contre les dangers de toute sortes. Ce genre d'accord, de pacte n'est pas nouveau. Déjà Hobbes par exemple, au 17ème siècle, développe l'idée d'un pacte social pour obtenir l'ordre et la sécurité.
[...] Un pacte sécuritaire aujourd'hui irait encore plus loin. Il sous-entend le développement de nouveaux mécanismes et modes d'organisation: - La sécurité globale appelle d'abord des débats planétaires comme celui de Rio de Janeiro en 1992 sur l'environnement et le développement ou encore celui de Naples en 1994 sur le crime organisé. Ces sommets rassemblent des acteurs aussi diverses que les Etats, les associations, des mouvements privés. - Certains ont développé la notion de gouvernance qui s'est construite sur un constat: les problèmes ont plusieurs facettes: scientifiques, économiques, juridiques . [...]
[...] Nous sommes déjà témoin de dérives sécuritaires. En France, par exemple, la loi facilite désormais la consultation administrative des fichiers informatiques, les aéroports sont obligés de communiquer les données relatives aux passagers, et les données de connexion Internet doivent être conservées par les cybercafés. Bien sûr, on peut se dire que si l'on a rien à se reprocher, il n'y a rien de gênant dans ses techniques mais c'est un peu la première étape dans un processus sécuritaire qui peut aller bien plus loin. [...]
[...] Les pays occidentaux, se sentant menacés par le terrorisme ont pris des mesures allant dans le sens d'un pacte sécuritaire. Mais ce dernier a des effets pervers car il met en jeu les libertés de peuples entiers qui payent ce qu'une minorité a fait aux occidentaux. Après les attentats, les Etats-Unis ont voté le Patriot Act, une loi antiterroriste musclée, ainsi qu'un décret instaurant des tribunaux militaires d'exception pour les ressortissants étrangers. Amnesty International a condamné les dérives qui ont suivi: les tortures et traitements dégradants à Guantánamo, ou encore l'existence de centres de détention secrets. [...]
[...] L'individu devient en fait le référent ultime de la véritable sécurité alors qu'auparavent nous pensions surtout en terme de sécurité étatique. On parle désormais de sécurité humaine. Cette notion, officiellement utilisée pour la première fois en 1994 dans un rapport préparé par le PNUD (le programme des nations unies pour le développement), englobe la sécurité économique, alimentaire, sanitaire, environnementale, personnelle et politique. La notion de sécurité s'est aussi élargie dans le sens où elle s'est globalisée, elle a changé d'échelle. Le référent de la sécurité n'est plus nécessairement l'Etat. [...]
[...] Mais l'idée d'un pacte sécuritaire contient aussi en soi une sorte d'antagonisme avec le principe de liberté. Toute recherche de la sécurité peut devenir en effet un frein à la liberté. II Les risques engendrés par la mise en œuvre d'un pacte sécuritaire Les dangers d'un pacte sécuritaire sont d'abord visible au niveau de l'Etat. Le besoin de sécurité peut entraîner des dérives jusqu'à remettre en cause les principes mêmes de l'Etat de droit(A). Etat de droit et les dérives sécuritaires Face aux nouvelles menaces internes et externes, les populations des pays occidentaux ont ressenti un besoin de renforcement de l'autorité, incarnée par exemple par Bush aux Etats-Unis ou Nicolas Sarkozy en France. [...]
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