Pendant la Terreur, alors que Saint Simon était emprisonné à la prison du Luxembourg, Charlemagne, son prétendu ancêtre, lui serait apparu et lui aurait déclaré : « Depuis que le monde existe, aucune famille n'a joui de l'honneur de produire un héros et un philosophe de première ligne, cet honneur était réservé à ma maison. Mon fils, tes succès comme philosophe égaleront ceux que j'ai obtenus comme militaire et comme politique ». A partir de ce moment là, Saint-Simon s'assigne comme tâche de devenir le plus grand philosophe de son temps et de porter un message nouveau qui changera l'organisation sociale du monde. Il revêt une stature de prophète romantique, annonçant l'arrivée d'un monde meilleur qu'il se chargera d'élaborer. Dès lors, on peut s'interroger sur l'importance qu'il accorde à l'opinion et à la réception de ses paroles. Elaborant un modèle social qu'il aurait aimé voir s'ériger en modèle universel, Saint Simon souhaite forcément que ses paroles soient entendues et que sa pensée ait des adeptes. Or, les écrits de Saint-Simon sont peu connus de son vivant et la doctrine saint-simonienne n'attirera des adeptes qu'après sa mort. Comme le souligne Charléty dans son Histoire du saint-simonisme , saint Simon, « presque inconnu de son vivant, devint célèbre peu de temps avant sa mort car un groupe d'hommes se fit l'honneur de le saluer pour maître unique et révélateur de vérités ignorées ». On pourrait donc penser que le message de Saint-Simon a finalement obtenu un certain écho, qu'il a pu toucher l'opinion et qu'ainsi, la tâche qu'il s'était imposée a été accomplie. Or, il faut voir que la doctrine que les saint-simoniens ont diffusé n'a plus grand chose à voir avec la pensée de Saint-Simon. Le contact d'une pensée avec l'opinion ne peut elle se faire que de façon biaisée ? Comment passe t on de Saint-Simon au saint-simonisme et quel rôle joue l'opinion là dedans ?
[...] Est-il nécessaire pour être st simonien de mettre son bien en commun ? Etc. De plus, le saint simonisme suscite forcément le rejet de toute une partie de la société française. En effet, les défenseurs de l'ordre établi ne peuvent que s'insurger contre les prétentions des disciples de st Simon à fonder une religion et une société nouvelles. Leur volonté d'abolir l'héritage heurte de front les notables. De nombreux disciples et sympathisants expriment l'hostilité qu'on leur témoigne. Les journaux Le Constitutionnel et le Figaro sont très hostiles au st simonisme. [...]
[...] On y exaltait l'amour entre les hommes, la puissance de l'industrie, de la science et de la religion, on y condamnait l'héritage et on s'y prononçait en faveur d'un collectivisme rigoureux et de l'égalité homme femme.Lors de la révolution de 1830, les simoniens emboitèrent le pas aux révolutionnaires, saisissant l'occasion pour opérer une greffe de leurs idées sur le mouvement politique et social qui embrase la France. Durant l'hiver 1830, les conférences simoniennes furent très courues. Des écrivains (George Sand, Ste Beuve) et des musiciens (liszt, Berlioz) ne cachaient pas leur sympathie . [...]
[...] Je vais tout d'abord expliquer comment les saints simoniens ont pu marquer et influencer l'opinion de la manière dont ils l'ont fait. En fait, ils utilisaient un large éventail de techniques de propagande, qui vont conférer au mouvement une audience d'un genre nouveau, à la fois intense et superficielle. Ces instruments de propagande sont de plusieurs natures. Il y a d'abord les journaux et les revues par lesquels la doctrine saint simonienne prend forme. En 1825 est lancé un journal appelé Le producteur dont le but affiché est de développer et de répandre les principes d'une philosophie nouvelle. [...]
[...] Les saints-simoniens, propagateurs du message de Saint-Simon après la mort de celui-ci A. Les techniques de propagande utilisées par les saints simoniens et la formation d'une doctrine A la mort de Saint Simon, quelques-uns de ses disciples se chargèrent de faire connaître sa doctrine. Le premier noyau des saints simoniens était composé d'esprits scientifiques séduits par le scientisme de SS. Il s'agit d'Olindes Rodrigues, de Prosper Enfantin, du docteur Bailly, de saint Amand Bazard. Ils constituent donc un groupe minuscule. [...]
[...] Comment passe-t- on de Saint-Simon au saint-simonisme et quel rôle joue l'opinion là dedans ? Saint-Simon, prophète romantique peu écouté de son vivant La dimension messianique de Saint-Simon Saint-Simon ne fut jamais le chef d'un quelconque mouvement politique. Son itinéraire est plutôt marqué par l'opportunisme, puisqu'il se rallie à presque tous les régimes que la France connaît de son vivant, louant la démocratie, puis l'empereur avant de prétendre devenir conseiller du roi sous la Restauration. Si on constate chez St Simon une relative indifférence politique à l'égard des régimes, on peut en revanche noter qu'il a une véritable passion pour tout ce qui relève de l'organisation sociale. [...]
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