La représentation des chefs d'État et souverains en France du XVIe siècle à nos jours a considérablement évolué, allant de pair avec l'évolution des formes d'exercice du pouvoir politique. Entre la représentation du roi Louis XIV (la monarchie absolue de droits divins) - portant la parure à leur de lys, l'épée, le sceptre et tout un apanage symbolisant sa toute-puissance et son caractère quasi sacerdotale – et celle du premier président de la Ve République Charles de Gaulle – devant une bibliothèque, portant l'écharpe de la grand croix de la légion d'honneur, et collier de grand maître de la Légion d'honneur, la main posée sur deux livres (mise en scène que Pompidou, successeur de De Gaulle, conservera pour sa photo officielle.)- n'ont quasiment aucun point commun.
Pourtant, Jean Mainbourg, l'assistant de Jean-Marie Marcel, l'auteur de la photo officielle de De Gaulle, déclare que « prendre la photo officielle du Général de Gaulle, c'était un peu comme faire le portrait de Louis XIV ». « Du roi au présidents de la républiques : ruptures et continuités dans la personnification du pouvoir politique en France ». Le sujet donne clairement une dimension historique à l'analyse.
Le roi est « l'homme qui, en vertu de l'élection ou, le plus souvent, de l'hérédité, exerce, d'ordinaire à vie, le pouvoir souverain dans une monarchie » (Petit Larousse) Le Roi des Français (le duc d'Orléans par exemple), en place dans une monarchie constitutionnelle est à distingué du Roi de France (Louis XIV par exemple), présent dans les monarchies absolues.
[...] L'intérêt n'est cependant peut-être pas toujours d'instaurer un réel dialogue entre le pouvoir et le peuple. Des intérêts politiques et économiques viennent inéluctablement altérer l'expression des dirigeants. Depuis Nicolas Sarkozy, président depuis 2008, certains constatent une réminiscence de la personnification du pouvoir. A ce sujet, Rémi Lefèbvre souligne la peopolisation des politiques. En effet sur les chaines de télévision, les émissions réellement politiques disparaissent. Jugées trop rébarbatives elles ne permettent pas d'assurer une audience suffisante aux heures de grande écoute. [...]
[...] Ce phénomène de désacralisation s'accompagne d'une modification des symboles français du pouvoir politique . La modification de la symbolique :Du corps du roi à la Nation incarnée La révolution marque aussi un changement important dans la symbolique de l'État. L'importance d'une République française est mise en exergue dans tous les domaines artistiques. Le symbole du peuple n'est plus le monarque seul mais aussi et surtout la République, sous toutes ses formes. Cette évolution se traduit par un profond changement entre la manière de représenter le monarque avant la Révolution et la manière de représenter le chef d'Etat après la Révolution. [...]
[...] Le passage de la Monarchie à la République, du monarque au chef d'Etat, du pouvoir pour/par Dieu au pouvoir pour/par la nation, et l'apparition des concepts de séparation des pouvoirs et de souveraineté populaire (initiée par Siéyès dans Qu'est-ce que le Tiers Etat?), traduisent cette rupture fondamentale . L'évolution de la politique française, de la royauté à la république, fut vaste. Quelles modifications a-t-elle apporté à la représentation du pouvoir politique en France? Quels sont les standards restés inchangés dans cette personnification ? Comment l'image traduit-elle un certain mode d'exercice du pouvoir ? [...]
[...] Sous la monarchie, les rois accédaient au trône par l'hérédité, ils sont totalement indépendants et autonomes du peuple, ce n'est pas lui qui les a légitimés. Au contraire, en démocratie, les présidents tiennent leur pouvoir du peuple et lui sont, en principe, subordonnés. La Révolution française a donc marqué une grande rupture dans la personnification du pouvoir politique. Ce dernier est désacralisé depuis que le peuple a ancré la république. Mais malgré ces transformations . n'y a-t-il pas une certaine continuité dans la personnification du pouvoir politique en France du XVIe siècle à nos jours ? [...]
[...] Pompidou, ils portent quand même des signes symboliques de leur pouvoir tels que la Légion d'honneur (image du pouvoir politique pour les présidents). En revanche, Jacques Chirac (Photographié dehors: changement de cadre, rupture) et Nicolas Sarkozy (retour devant la même bibliothèque que de Gaulle; continuité, ou plutôt reprise) ne portent pas de symboles du pouvoir sur eux. N.Sarkozy est placé à côté du drapeau français et du drapeau européen; ce qui évoque l'idée qu'il n'incarne pas le pouvoir mais qu'il le représente. [...]
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