« C'est à vous d'en sortir, vous qui parlez en maître : la maison m'appartient, je le ferai connaître, et vous montrerai bien qu'en vain on a recours, pour me chercher querelle, à ces lâches détours, qu'on n'est pas où l'on pense en me faisant injure, que j'ai de quoi confondre et punir l'imposture, venger le ciel qu'on blesse, et faire repentir ceux qui parlent ici de me faire sortir », proclamait Tartuffe dans la pièce du Molière du même nom. On y retrouve toute la problématique de l'imposture chez Rousseau : attachée à une des notions principales de son œuvre qui est la propriété, elle se confond avec la vertu, l'injure, le jugement, la repentir ou encore l'envie de se faire connaître.
En effet, le terme de l'imposture qui signifie, du latin imponere, « tromper », « le fait de tromper quelqu'un par des fausses apparences ou des allégations mensongères, notamment en usurpant une qualité, un titre une identité » (LAROUSSE), est récurrent dans les écrits de Rousseau. Il démontre dans ses écrits en quoi l'imposture est une base tragique de la société, de la société des imposteurs-complices : des législateurs et des lecteurs. Toutefois, n'est-il pas un imposteur en soi ?
[...] Il serait certes naturel de faire un lien entre l'œuvre de Rousseau et la Constitution de Genève, dont il se réclame dans la Lettre VI : j'ai pris votre constitution que je trouvais belle, pour modèle des institutions politiques. Certes, il y a une certaine ressemblance entre les principes généraux de cette Constitution et les écrits de Rousseau, mais en ayant approfondi la connaissance, il les rejette. Ainsi, l'héritage ou, osons-le, le plagiat de Rousseau n'est pas d'inspiration genevoise. Rendons à cet ouvrage la place qui lui appartient de droit dans le grand courant de la pensée spéculative du XVIIIe siècle, et n'y voyons plus, à l'exemple de Lemaître, de Sorel et de Gottfried Koch, de Valette même, une brochure genevoise C'est Pufendorf, Grotius Hobbes, Locke et Montesquieu qui ont montré le chemin (SPINK), mais aussi les maîtres de l'Antiquité : Platon, Aristote et Cicéron. [...]
[...] Sa vie difficile aura d'ailleurs des empreintes sur son œuvre. Dès l'âge de 29 ans, il s'installa à Paris où il participa au projet de l'Encyclopédie. Le monument littéraire qu'il a laissé en héritage est désormais mondialement connu, les œuvres principales étant Discours sur les sciences et les arts (1750), Discours sur l'origine de l'inégalité (1755) et Du contrat social (1762), Émile (1762) ou encore Les Confessions (1765-1770). Une telle postérité, nous permet-elle de le juger ou de lui faire procès ? [...]
[...] Comme Rousseau l'énonçait lui-même, la politique et la littérature se mélangent et se confondent, dévoilant leurs impostures et leur auteur-imposteur. II. L'imposture littéraire : un imposteur ostentatoire En effet, l'imposture chez Rousseau n'est pas simplement un objet d'étude, elle fait partie de la forme et du fond de ses travaux, faisant de lui un véritable imposteur. D'une part, l'œuvre rousseauiste apparaît éclectique, ayant emprunté à des nombreux auteurs, mais aussi manipulée, étant attribuée des caractéristiques qui ne l'appartenaient pas D'autre part, dans sa recherche de postérité, Rousseau devient un imposteur par contradiction avec autres auteurs, mais cherche à se déculpabiliser A. [...]
[...] Rousseau est-il un imposteur en politique ? C'est à vous d'en sortir, vous qui parlez en maître : la maison m'appartient, je le ferai connaître, et vous montrerai bien qu'en vain on a recours, pour me chercher querelle, à ces lâches détours, qu'on n'est pas où l'on pense en me faisant injure, que j'ai de quoi confondre et punir l'imposture, venger le ciel qu'on blesse, et faire repentir ceux qui parlent ici de me faire sortir proclamait Tartuffe dans la pièce du Molière du même nom. [...]
[...] France GAUDEMET J., Les naissances du droit, Paris, Montchrestien MANENT P., Naissances de la politique moderne : Machiavel, Hobbes, Rousseau, Paris, Payot PICQ J., Histoire du droit et des Etats, Paris, Presses de Sciences Po PISIER E., CHATELET F., DUHAMEL O., BOURETS P., COLAS D., GUILLARME B., Histoire des Idées politiques, Paris, PUF TINLAND F., Droit naturel, loi civile et souveraineté à l'époque classique, Paris, PUF, Questions Ouvrages spécialisés et revues DERATHE R., Jean Jacques Rousseau et la science politique de son temps, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin MARGEL S., De l'imposture. [...]
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