La croissance, aujourd'hui, c'est le stress. Tout le monde court après. Les chefs de gouvernement pour flatter leur bilan, les chefs d'entreprise pour justifier leur salaire, et les économistes pour montrer qu'ils servent à quelque chose en arrivant à l'expliquer. Définie comme « une augmentation continue de la quantité de biens et de services produits par habitant dans un espace économique donné » (J. Arrous, Les théories de la croissance), c'est pourtant une des données macroéconomiques les plus insaisissable. Depuis le début des années 80, les pays industrialisés, et la France en particulier, sont entrés dans un régime de croissance dit « récessif », avec un taux de croissance annuel moyen quasiment divisé par deux par rapport aux trois décennies précédentes (cf. annexes ? & ?). Et bien que Nicolas Bavarez ait pu parler de Trente Piteuses, les politiques économiques ont fait preuve d'un certain volontarisme. En effet, le credo de tous les gouvernements depuis 1974 reste la croissance, et ce, pour parvenir à régler les autres problèmes contemporains comme le chômage ou l'inflation. Ainsi, durant les trente dernières années, l'alternance politique a favorisé une succession continue de politiques économiques plus ou moins fructueuses.
Ce constat n'est malheureusement qu'un trompe-l'œil. D'abord parce que les leviers traditionnels utilisés par les politiques économiques pour la croissance sont limités en nombre malgré des discours aux parfums idéologiques variés. Ensuite, car les Etat ont de moins en moins de prises sur les causes et les solutions de la croissance. Les coupables présumés : l'internationalisation économique et financière et les institutions supranationales. La première à cause d'un contexte international à l'interdépendance accrue et les secondes car les politiques économiques se trouvent aujourd'hui contraintes et encadrées. La France n'a-t-elle pas cependant sa part de responsabilité ? D'autres pays, comme le Japon, ont vu, pendant la même période, leurs taux de croissance annuel s'élever en moyenne à 4% (cf. annexe ?). Enfin, il faut relativiser ce constat car la France n'a fait que retrouver sa tendance séculaire. Comme le montrent J. Marseille et J-C Asselain, c'est le rythme de croissance des « Trente Glorieuses » qui était exceptionnel, pas le fait de revenir à un régime de croissance plus modéré, conforme au rythme moyen de croissance du siècle précédent.
Toutefois, la persistance de certains maux économiques et sociaux, comme le chômage, face à la place historique qu'a pris l'Etat dans le développement du pays pose aujourd'hui un complexe et un problème de crédibilité à l'Etat. La croissance, quand elle était présente, s'est révélée insuffisante pour assurer le développement. C'est alors moins les moyens qui ont fait débat que le fait que la croissance reste un objectif ultime, une finalité de la politique économique. Il y avait eu le consensus keynésien puis sa remise en cause monétariste mais le modèle même de croissance fut contesté. M.I.T, le Club de Rome et alter mondialistes rentraient dans le jeu. Loin de régler les problèmes, la croissance les aggravait. La variété des politiques depuis 1974 n'a pourtant pas fait défaut : relance, rigueur, désinflation compétitive. L'impuissance a fait place à la contestation. Il n'est néanmoins pas évident de discerner l'importance qu'ont eues les politiques économiques sur la croissance en France. C'est pourtant l'objectif de ce dossier.
Il est d'abord important de voir comment est ce que l'on passe d'une politique économique de croissance consensuelle et volontaire à une contestation des leviers traditionnels de la croissance et à une redéfinition des politiques économiques.
Par la suite, nous verrons en quoi les outils classiques de la politique économique se trouvent de plus en plus contraints et encadrées et nécessitent ainsi de trouver un modèle de croissance spécifique.
[...] Concrètement, les politiques de l'emploi se veulent plus adaptées et témoignent d'une certaine intervention auprès de la sacro-sainte "main invisible". Il apparaît désormais nécessaire de traiter les effets secondaires qui découlent de l'organisation du marché du travail ; celle-ci, en adoptant les caractéristiques des tendances mondiales, génère, de fait, des mécanismes d'exclusion. Ainsi, toujours dans cette optique d'aménager un système libéral, les politiques veulent organiser les principes d'une croissance mieux partagée. L'état met alors en oeuvre une série de contrats, moyennant une contre partie pour les entreprises. [...]
[...] L' enthousiasme réformateur des socialistes les pousse à appliquer une politique de relance en 1981 pour favoriser la croissance ternie selon eux par la politique libérale de Raymond Barre. Cette politique ambitieuse se heurte malheureusement à une forte contrainte extérieure. Ainsi, même si le chômage se stabilise, le budget de l'Etat et les déficits extérieurs se creusent et obligent à une réorientation progressive. Les politiques sectorielles Pour pallier aux difficultés de certains pans de l'économie nationale, l'Etat va mettre en place des mesures visant à renforcer certains domaines. [...]
[...] Cependant, la formalisation des politiques économiques sera plus tardive. Au Ricardo et Malthus avancent des mesures politiques préventives quand ils réfléchissent à l'éventualité d'un Etat stationnaire de l'économie et de crises agricoles. Hier comme aujourd'hui, lorsque les gouvernements attachent de l'importance au laisser-faire ce n'est en réalité qu'un principe qu'ils proclament mais n'appliquent pas. Tout le problème des politiques économiques réside dans le fait que selon les facteurs explicatifs de la croissance, différents outils peuvent être mis en œuvre pour la favoriser. [...]
[...] Dès lors, l'Etat n'a eu de cesse d'encourager la croissance même si l'inflation était un obstacle majeur en 1951). Toutefois, pendant les années 70, le mythe s'effondre. Alors que le taux de croissance annuel moyen était de entre 1950 et 1959 et de de 1960 à 1973, il passe à entre 1973 et 1979 et à entre 1979 et 1985. L'encadrement Dans cette perspective, l'Etat fixe lui-même les objectifs nationaux et choisit les moyens adéquats pour les atteindre. Ce dirigisme, mis en place à la libération, sera durable. [...]
[...] Cette globalisation financière va se faire sur la fameuse règle des trois d : déréglementation ; désintermédiation ; décloisonnement. Elle est à l'origine de contraintes et de risques nouveaux dans la mesure ou la versatilité des capitaux obéit plus à la rumeur qu'à l'analyse des données fondamentales. Ainsi il peut s'opérer une déconnexion entre la sphère de l'économie réelle et la sphère monétaire. Compétitivité et contrainte extérieure Face à cette nouvelle instabilité qui les menace, il s'agit désormais pour les états de rester compétitif. [...]
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