Pour comprendre les évolutions des grandes variables économiques, telles l'investissement « il faut tenir compte des nerfs, des humeurs, des digestions et même des réactions au climat ». Telle est la teneur d'un des points de la révolution keynésienne. En effet, s'intéresser aux motivations psychologiques de l'agent économique, et aux mécanismes psychologiques à l'échelle de la foule est fondamentalement nouveau, en rupture avec l'analyse classique et néoclassique.
Les néoclassiques en effet, raisonnent sur un plan microéconomique à partir d'un homo oeconomicus parfaitement rationnel, parfaitement informé sur le présent mais aussi sur l'évolution future. La notion de marché complet renvoie à cette appréhension parfaite de l'évolution du marché dans le temps. Les agents économiques effectuent donc des choix pour lesquels leurs sentiments et caractères propres n'entrent pas en ligne de compte, et où aucune place n'est laissée au hasard.
[...] Le rôle des facteurs psychologiques en économie est donc omniprésent, si l'on suit l'analyse keynésienne. Il paraît en effet indéniable qu'interviennent, dans la décision de consommer, épargner, ou placer en bourse des considérations qui n'entrent pas dans l'ordre du calcul économique rationnel, mais qui relève de la témérité des agents, de leurs dispositions et préférences naturelles. Le rôle global des facteurs psychologiques sur les marchés est résumé ainsi par Keynes : Le marché [est] soumis à des vagues d'optimisme et de pessimisme qui, bien qu'irraisonnées, sont en un sens légitimes, puisqu'il n'existe aucune base solide pour effectuer un calcul raisonnable Parce que le futur est radicalement incertain, il n'existe pas de mode plus rationnel de décider que de celui de se conformer à l'opinion générale, en supposant qu'elle est orientée par des individus mieux informés. [...]
[...] Ce sont les bulles spéculatives, qui peuvent s'avérer très nuisibles lorsqu'elles se multiplient et prennent le pas sur le bilan réel des entreprises. . et mène aux krachs boursiers voire à des crises généralisées Les marchés financiers poussent à la spéculation, mais cela n'est avantageux qu'au plan individuel. En effet, tout le monde ne peut vendre en même temps : pour vendre, il faut des acheteurs. Or en cas de panique, la proportion de vendeurs dépasse largement le nombre de demandeurs. [...]
[...] Cette crainte oriente également de manière décisive la structure des marchés financiers. La peur de l'incertain est à l'origine de la modification de la structure des marchés financiers L'investissement est de moins en moins attirant du fait de l'apparition d'un nouveau mode de placement financier : la spéculation. Par son biais, les actionnaires peuvent à tout moment revoir leur jugement, et décider de retirer leur capital d'une entreprise s'ils entrevoient des difficultés prochaines. C'est comme si un fermier, consultant son baromètre un matin, décidait de retirer son capital en champs, en terre, en élevages, pour décider à nouveau en fin d'après-midi de les réinvestir. [...]
[...] En effet, le système des conventions s'apparente à un système de digues devant lutter contre une éventuelle crue. En économie, la dernière digue, l'ultime indicateur de confiance est la monnaie ; plus la demande en monnaie est grande, plus cela est significatif de la faible confiance qu'ont les agents en l'avenir. Afin de relancer l'économie en cas d'une telle crise, l'analyse keynésienne prône d'injecter de l'argent dans le système, en se basant sur la relation de causalité suivante : monnaie mise en circulation taux d'intérêt investissement hausse du PIB hausse de l'emploi. [...]
[...] Ici encore il s'oppose à la conception néoclassique, pour qui l'échelle macroéconomique n'a pas d'existence propre, mais n'est que la résultante d'une agrégation d'acteurs. Or, on dit souvent du marché qu'il s'emballe qu'il réagit qu'il sanctionne C'est qu'il existe bien une entité autonome, qui se manifeste par des mouvements de panique ou d'euphorie (boursière par exemple). C'est à une panique boursière que l'on assiste, et le marché semble s'emballer sans qu'aucun acteur n'ait eu cette intention. Une somme de comportements parfaitement rationnels au plan individuel peut très bien déboucher sur une irrationalité collective. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture