« S'il n'y avait pas eu la guerre, la Russie aurait peut-être vécue des années, voire des décennies sans révolution contre les capitalistes. »
Lénine, 6 mai 1917
En effet, comme l'affirmait lui-même le Père de la Révolution russe, Première Guerre Mondiale et Révolution d'octobre 1917 sont intimement liés. C'est donc bien sur le rôle des Bolcheviks, et plus précisément celui de Lénine, pendant cette guerre que nous allons traiter, avec une question principale à l'esprit : comment ce petit parti dissident en 1914 a-t-il pu en quelques années devenir la « minorité dirigeante » de la Russie ?
[...] Lorsque le peuple l'apprend, le 3 mai, il descend dans la rue, avant de se heurter le lendemain aux soldats. Le Soviet rappelle alors aux soldats qu'ils sont sous ses ordres ; Goutchov, ministre de la guerre, démissionne, reconnaissant qu'il a perdu tout pouvoir sur l'armée. On va alors assister à une coalition libérale socialiste au gouvernement provisoire, à tendance anti-bolchévique. Cependant, l'incapacité du gouvernement à satisfaire et les paysans, et les ouvriers, et les velléités de paix vont largement privilégier les Bolcheviks sur le terrain politique. [...]
[...] Si l'on regarde en Russie durant cette période de lutte idéologique par les Bolcheviks, on constate que la situation n'a cessé d'empirer. Depuis l'été 1915, les mouvements de grève sont importants. On compte mille quatre cents grèves rassemblant plus d'un million d'ouvriers en 1916. La lassitude gagne l'armée, qui commence à fraterniser avec l'ennemie. Les difficultés économiques sont de plus en plus criantes. Sur quinze millions de mobilisés ont été tués, blessés ou capturés. L'occupation des territoires réduit de plus considérablement le potentiel agricole. [...]
[...] Peut-être à cause de son attitude agressive, les délégations italienne, allemande, française rejettent les propositions de Lénine. Trotski est chargé de rédiger un texte de synthèse. Ce manifeste, adopté à l'unanimité, dénonce l'impérialisme et l'Union sacrée. Il précise peu, cependant, l'action à mener, axée sur la lutte pour la paix sans annexions ni indemnités de guerre et ne mentionne nullement la possibilité d'une troisième Internationale. Jugé inconséquent et timoré par Lénine, il sera tout de même voté par ce dernier. [...]
[...] Il fallait par la suite s'intéresser au renversement du patronat et de la bourgeoisie industrielle. Du 14 au 27 novembre, on rédige un décret légalisant les comités d'usines qui s'étaient multipliés tout au long de 1917. Le Conseil devait aider ces comités à s'autonomiser et à gérer les entreprises, en dépit de la doctrine marxiste- léniniste, prônant une centralisation absolue. Le Parti va ensuite se lancer dans une série de nationalisation dès le 14 décembre : nationalisation des banques, suivie de la confiscation de leurs capitaux. [...]
[...] Pour la première fois, les Bolcheviks ont vu le 13 septembre le Soviet de Petrograd se rallier à leur cause. Pour Lénine, réfugié en Finlande, la conquête de l'Etat ne devient alors possible que grâce à une insurrection armée, menée avec l'appui du prolétariat. Les succès s'accumulent alors : Trotski est élu président du nouveau bureau du Soviet de Petrograd le 22 septembre, les Bolcheviks obtiennent la majorité à Moscou. Le parti possède Gardes rouges. Kerenski, chef du gouvernement provisoire, ne peut que constater la fin d'une époque. [...]
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