Le dimanche 29 octobre 2006, Luiz Inacio Lula da Silva a été réélu pour un second mandat à la tête du Brésil, le plus peuplé des Etats d'Amérique Latine, avec ses 186 millions d'habitants. Le Brésil semble avoir acquis une nouvelle place sur la scène internationale, tant d'un point de vue diplomatique qu'économique. Dans ce dernier domaine, le Brésil a effectué une spectaculaire remontée depuis la crise qu'il a connue dans les années 1980.
Aujourd'hui, quatrième exportateur mondial de produits alimentaires d'après le Christian Science Monitor et leader de la production de bio-éthanol (selon le Washington Post), le Brésil est devenu un pays émergent, au même titre que la Chine par exemple. D'un point de vue social, les avancées sont certaines mais demeurent inachevées dans un contexte de croissance ralentie.
Certes Lula est loin d'avoir tenu la totalité de ses promesses, mais son bilan demeure positif et a contribué grandement à sa réélection. De plus, son parcours d'ouvrier métallurgiste syndicaliste ayant accédé à la plus haute fonction de l'Etat a séduit la majorité de l'électorat populaire, alors que les tranches plus aisées de la population plébiscitaient son pragmatisme économique. Cependant, Lula n'a été réélu qu'au second tour par 60% des suffrages, ce qui laisse supposer qu'il n'a pas convaincu tout le monde par son premier mandat. Alors qu'en est-il vraiment de son bilan ? A- t-il réussi à tenir ses promesses et quels sont les reproches qui sont formulés à son encontre ? En effet, si Lula peut se targuer de présenter un bilan globalement positif à la fin de son premier mandat (I), sa tâche s'annonce désormais difficile à l'aulne des critiques qu'il a soulevées et des difficultés qu'il a à résoudre (II).
[...] Beaucoup de proches de Lula ont dû alors démissionner[9]. Par ailleurs une commission du Congrès a engagé des poursuites contre 69 députés pour des fraudes dans l'achat d'un millier d'ambulances destinées aux municipalités[10]. Epoca, une revue brésilienne, a annoncé pendant la campagne que le Tribunal supérieur électoral a commencée une enquête sur Lula pour savoir dans quelle mesure il est impliqué dans cette affaire. Le journal dénonce la corruption qui entraîne "une décadence morale du système politique aux yeux de la société". [...]
[...] Lula sait se servir des organes de droit international, l'OMC ou l'ONU, pour atteindre ses objectifs. Il a su donner au Brésil une nouvelle place sur la scène internationale en investissant davantage le pays dans des structures comme le Mercosur, auquel il accorde un intérêt croissant. Lula est donc avant tout un homme politique pragmatique qui cherche à mettre son pays au-devant de la scène internationale tout en le réformant en profondeur. Sa diplomatie commerciale offensive, et sa volonté de faire reconnaître son pays comme une puissance, porte-parole des pays émergents, donnent à Lula l'image d'un chef de la gauche pragmatique que l'on peut opposer à la gauche idéologique d'Hugo Chavez. [...]
[...] Le président Lula peut en effet se vanter d'avoir réussi à améliorer dans l'ensemble le niveau de vie des Brésiliens. En effet, depuis 2002 les dépenses sociales du Brésil ont été multipliées par 3.5 entre 2002 et 2006 : de 2 milliards d'Euros le budget alloué aux dépenses sociales est passé à 7.5 milliards d'Euros[4]. Lula a également mis en place un programme d'éradication de la faim appelé Faim zéro en collaboration avec le fonds américain d'aide au développement USAID, la Banque mondiale et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. [...]
[...] Toutefois, ce bilan est mis en balance par plusieurs faits avancés par les détracteurs de Lula et repris dans le magazine Alternatives internationales[3]. Tout d'abord, si le gouvernement Lula a réussi à créer 5 millions d'emplois au Brésil, la grande majorité d'entre eux sont précaires. De plus, le taux de chômage dépasse toujours les 10%. La libéralisation agricole annoncée également comme un des principaux objectifs du premier mandat de Lula a été des plus limitées, notamment à cause du refus des Etats-Unis et de l'Union Européenne d'ouvrir leurs marchés agricoles, et ce en dépit d'injonctions de l'Organisation Mondiale du Commerce en 2004 et 2005. [...]
[...] En outre, le Brésil a joué un rôle majeur dans la création de la Communauté Sud- Américaine des Nations en décembre 2004[8] Enfin, le Brésil et la France ont renforcé ces dernières années leurs liens, notamment avec l'année du Brésil en France en 2005 puis celle de la France au Brésil en 2006. De plus, le 30 janvier 2004, les présidents Lula, Chirac et Lagos (prédécesseur de Michèle Bachelet au Chili) ont proposé une alliance contre la pauvreté et la faim dans le monde Puis, au premier trimestre 2006, le Brésil et la France se sont associés pour créer le fonds UNITAID (financé en partie grâce à la nouvelle taxe de solidarité sur les billets d'avion). II. Les promesses face aux critiques et aux problèmes récurrents A. [...]
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