L'expression de libération nationale est souvent employée aujourd'hui comme définition pour des mouvements très variés : l'Armée sandiniste de libération nationale au Mexique, l'ELN ou Armée de Libération Nationale, qui est une guérilla colombienne… Il s'agit donc d'une expression forte et toujours actuelle. Elle est néanmoins ancienne puisqu'il s'agit d'une référence à la notion marxiste de libération nationale. Celle-ci repose sur l'idée de Marx, qui, internationaliste, considère que cet internationalisme repose sur l'égalité entre les nations. Ainsi, « une nation qui en opprime une autre ne saurait être libre ». Il soutient de ce fait plusieurs luttes d'indépendance, notamment celle de l'Irlande, lors du congrès fondateur de la Première Internationale, en 1854, mais aussi la Pologne. Cette expression peut faire référence soit aux nations colonisées, qui sont directement et politiquement sous la tutelle d'une autre, soit aux nations qui subissent une colonisation économique, plus pernicieuse, qui empêche leur développement.
Les épigones de Marx traitent différemment la question nationale, de Rosa Luxembourg qui s'oppose à toute guerre entre les nations, en ce qu'elles sont pour elle nécessairement bourgeoise, à Lénine, qui explique que tout comme la dictature du prolétariat est une étape nécessaire pour parvenir au communisme, la libération nationale est nécessaire avant de parvenir à un monde sans États – qui sont par essence bourgeois, puisque les prolétaires n'ont pas de nation. Ainsi, dans La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d'elles-mêmes, en 1916, Lénine explique :
« De même que l'humanité ne peut aboutir à l'abolition des classes qu'en passant par la période de transition de la dictature de la classe opprimée, de même elle ne peut aboutir à la fusion inévitable des nations qu'en passant par la période de transition de la libération complète de toutes les nations opprimées, c'est-à-dire de la liberté pour elles de se séparer. »
De ce fait, conceptuellement, la libération nationale pose problème au sein de l'idéologie communiste. Cependant, elle est réhabilitée pour des raisons géopolitiques, dans le cadre de la guerre froide, comme on le verra plus loin, l'URSS cherchant à s'entourer de nations sœurs en les aidant à s'émanciper des États coloniaux.
La révolution semble endémique en Amérique Latine au 20ème siècle. Ce phénomène politique y est nouveau, puisque le 19ème avait vu les guerres d'indépendance, dans les années 1820-1830, des révoltes paysannes, des coups d'États militaires, mais pas encore de révolution au sens où il est défini aujourd'hui, la prise illégale de pouvoir par un groupe qui veut transformer les structures sociales, politiques, économiques d'un pays.
La période révolutionnaire en Amérique latine commence donc dès 1910, avec les débuts de la révolution mexicaine, et se poursuit tout au long du 20ème siècle
Peut-on alors dire des révolutions latino-américaines qu'elles constituent des réalisations du concept marxiste de luttes de libération nationale ?
[...] Les révolutions latino-américaines sont-elles des luttes de libération nationale? Sommaire Introduction I. Les révolutions latino-américaines cherchent à libérer le peuple d'emprises historiques A. Libérer le peuple du pouvoir arbitraire d'un caudillo B. Libérer le peuple d'une organisation sociale jugée dépassée II. Néanmoins, une lecture marxiste de l'intégralité de ces révolutions comme luttes de libération nationale serait erronée 6 A. Des révolutions qui ne suivent pas le schéma des révolutions déterminé par la pensée marxiste B. Des révolutions récupérées par l'idéologie marxiste dans un contexte de guerre froide Conclusion Annexes Bibliographie L'expression de libération nationale est souvent employée aujourd'hui comme définition pour des mouvements très variés : l'Armée sandiniste de libération nationale au Mexique, l'ELN ou Armée de Libération Nationale, qui est une guérilla colombienne Il s'agit donc d'une expression forte et toujours actuelle. [...]
[...] - Pancho VILLA (1878-1923) : un des leaders de la révolution mexicaine, il soutient Francisco Madero, puis s'engage à déposer Fernando Huerta, qui le remplace en 1913. Il part alors dans le Nord du pays pour y organiser la résistance, on le surnomme El Centaur del Norte car il dirige cette région. - Emiliano ZAPATA (1879-1919) : fils de paysans, il est nommé chef d'une armée dans le Sud de Mexico par Madero en 1910. Cependant, l'accession au pouvoir de Madero ne le satisfait pas, car ses réformes agraires sont trop timides. [...]
[...] Ici, il est possible de démontrer que toutes les révolutions sont des luttes de libération des peuples opprimés économiquement et politiquement par les Etats-Unis, et c'est ce que font les historiens d'orientation marxiste. Néanmoins, on a pu démontrer que les États-Unis, s'ils avaient un rôle dans le maintien de situations sociales et économiques dans les différents pays, n'étaient pas la seule cause des inégalités dans ces pays. Les carences internes à ces États, en matière de classe politique, d'éducation de la population, de répartition interne des richesses, ne peuvent leur être imputées. [...]
[...] L'échec de la révolution a bien eu lieu et signifie l'échec des deux théories dans leur application en Amérique Latine. Pour la théorie marxiste-léniniste, elle ne pourra s'appliquer à aucune des révolutions du 20ème siècle puisque la classe ouvrière n'y sera jamais assez importante, et pour la théorie maoïste, elle n'a pu s'appliquer cette fois-là, par manque de conscientisation des masses paysannes, et ce manque restera récurrent lors de toutes les révolutions ultérieures Une impulsion créée par une élite et l'absence de cohésion des mouvements. [...]
[...] Mais celle-ci est coupée des réalités de la population rurale traditionnelle, qui n'a pas accès à cette modernité. Il s'agit ainsi, pour l'historien François-Xavier GUERRA d'une fiction démocratique qui ne bénéficie qu'à une frange aisée des la population Pourtant, au début du 20ème siècle, le portrait de l'Amérique Latine est celui d'une mosaïque de dictatures, souvent appuyées par les États-Unis, que tentent de renverser les révolutionnaires. En effet, la forme républicaine des États ne se maintient pas : le pouvoir est peu à peu accaparé par des caudillos, et la transmission du pouvoir s'effectue par des coups d'État. [...]
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