Pour quelles raisons les révolutions de couleur ont-elles été un succès dans certaines républiques de l'ex-URSS et un échec en Birmanie en dépit des efforts de la communauté internationale ? La révolution du 5 octobre 2000 en République fédérale de Yougoslavie n'a pas seulement mené à la chute de Slobodan Milošević. Elle constitue le point de départ d'un mouvement de mobilisations et de protestations populaires qui va s'étendre à plusieurs pays de l'ex-URSS, avec pour fer-de-lance, des exigences de démocratisation. Ainsi, de la Révolution des Roses de novembre 2003 en Géorgie, à la Révolution Orange Ukrainienne de 2004 ou encore à la Révolution des Tulipes au Kirghizistan en 2005, les exhortations à la démocratie par la société civile se multiplient, prennent de l'ampleur et cherchent à mettre en échec les régimes autoritaires ou semi-autoritaires en place.
Ces révolutions, qui prendront le nom de Révolutions de Couleur, sont caractérisées par une combinaison tout à fait particulière entre les forces populaires mobilisées par la protestation, qui se fait le plus souvent de manière pacifique, et la création d'opportunités politiques pour une opposition unie dans une lutte commune. L'embrasement progressif des États postsoviétiques ainsi que les grandes ressemblances que partagent les différentes révolutions de couleur laissent à penser d'une part que ces phénomènes de démocratisation sont liés entre eux par des mécanismes de transmission, et d'autre part qu'il existerait une sorte de « formule révolutionnaire » de démocratisation de régimes autoritaires.
En effet, il semblerait que la réunion d'un certain nombre d'éléments, qui font le lien entre toutes les révolutions de couleur, permette d'atteindre un seuil critique entraînant de manière inéluctable le changement de régime. Ces facteurs de démocratisation sont doubles : il s'agit d'une part de facteurs nationaux ou internes et d'autre part de facteurs internationaux ou externes.
[...] L'existence de la société civile Pour recevoir les idéaux démocratiques, la société civile nationale doit avoir atteint un certain degré d'existence. Le premier aspect de l'existence d'une société civile, ce n'est pas selon Rustow (1970) la possession d'une certaine culture politique, ni même d'un niveau de développement économique minimal ou d'un système social avancé. Il faut que la grande majorité des citoyens n'aient aucun doute quant à son appartenance à une communauté politique. Si les sociétés postsoviétiques apparaissent déjà comme des sociétés éclatées en de multiples ethnies tournées vers des autorités différentes - les crises d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud étant révélatrices de ce phénomène en Géorgie cette problématique prend une ampleur toute particulière dans le cas de la Birmanie. [...]
[...] Elles permettent de concentrer les demandes sur le point focal qu'est la démocratisation du régime. Leur avantage réside dans la décentralisation importante permise quant aux pressions exercées sur le gouvernement. Il est parfois difficile pour le régime autoritaire d'évaluer l'impact réel de leurs activités, qui peuvent être très précises et très locales, sur l'évolution globale de la contestation populaire. Il s'agit cependant clairement d'un contrôle, certes partiel, du forum politique interne par un acteur international qui étend volontairement et de manière calculée sa sphère d'influence, son «soft power». [...]
[...] La Chine et la Russie sont les deux puissances régionales qui entretiennent de bonnes relations avec la Birmanie, basées sur des intérêts réciproques, en termes d'échanges commerciaux - échanges importants puisqu'il s'agit des marchés de l'armement et de l'énergie principalement, qui touchent directement à la sécurité des Etats Quant aux pays de l'ASEAN, ils ne peuvent exercer aucune pression normative démocratique, dans la mesure où eux-mêmes sont autoritaires, corrompus et rencontrent des problèmes similaires à la Birmanie. En fin de compte, la stabilité de la situation birmane devient un facteur de stabilité régionale. La Birmanie trouve même dans les pays de l'ASEAN, et en particulier Singapour, un soutien fort à la junte, avec qui ils échangent en termes financiers et d'éducation. La présence d'une puissance régionale et d'un environnement peu soumis aux pressions normatives affaiblit considérablement les chances de succès de toute action directe. [...]
[...] La révolution du 5 octobre 2000 en République Fédérale de Yougoslavie n'a pas seulement mené à la chute de Slobodan Milošević. Elle constitue le point de départ d'un mouvement de mobilisations et de protestations populaires qui va s'étendre à plusieurs pays de l'ex-URSS, avec pour fer-de- lance, des exigences de démocratisation. Ainsi, de la Révolution des Roses de novembre 2003 en Géorgie, à la Révolution Orange Ukrainienne de 2004 ou encore à la Révolution des Tulipes au Kirghizistan en 2005, les exhortations à la démocratie par la société civile se multiplient, prennent de l'ampleur et cherchent à mettre en échec les régimes autoritaires ou semi-autoritaires en place. [...]
[...] Et enfin, les organisations peuvent influencer en répondant aux craintes des élites nationales à travers leur socialisation. L'augmentation de l'interdépendance des républiques ex-soviétiques avec l'Occident s'est marquée par un double mouvement : l'expansion de l'influence institutionnelle de l'UE et de l'OTAN vers l'Europe de l'Est, et dans un même mouvement, le recul de la main mise russe. En Géorgie notamment, l'attraction institutionnelle n'a fait qu'augmenter au fur et à mesure des intégrations successives : c'est d'abord le Conseil de l'Europe en 1999, puis une préparation à l'intégration de l'OTAN, puis des programmes d'armements et de formation, etc. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture