La Révolution française, période cruciale pour l'Histoire de France, a très vite été l'objet de débats et de divisions entre les partisans des idées révolutionnaires et ceux qui les ont réprouvés. Dans l'imaginaire collectif il s'agit d'une référence plutôt positive et c'est entre autre pour cela que, selon Benjamin Bâcle, « ce que l'on a peine à imaginer, c'est que cette Révolution, qui est pour nous l'aube d'une ère plus juste, ait pu être pour certains le crépuscule d'un monde stable, ordonné et civilisé. Le siècle des Lumières n'est pour ces individus qu'un siècle de folie et de déchéance, parachevé par une Révolution destructrice ». Cela amène à se questionner sur les arguments de ses détracteurs et les points particuliers qu'ils désapprouvent. Pour cela, nous allons étudier la position d'Edmund Burke, homme politique irlandais, membre du parti whig, qui a siégé à la Chambre des communes d'Angleterre, et qui s'inscrit pleinement dans le courant contre-révolutionnaire. A travers son Discours sur la situation actuelle de la France, prononcé le 9 février 1790 à la Chambre des communes d'Angleterre, et publié dans son ouvrage Réflexions sur la révolution de France, nous allons voir en quoi condamne-t-il la Révolution française et la rupture qu'elle constitue ?
Nous analyserons dans un premier temps son constat sévère selon lequel la Révolution aurait fait perdre à la France sa place en Europe. Puis, après avoir étudié sa perception du peuple révolutionnaire et la dénonciation des moyens employés, nous nous concentrerons sur la condamnation qu'il fait de la rupture que constitue cet évènement et des destructions qu'il renferme.
I - La chute de la France et la glorification de l'Angleterre
a. Un constat sévère sur la situation de la France.
Burke reconnait que la France a été un exemple pour les autres pays et a eu une influence importante (concernant notamment le pouvoir absolu et le choix d'une armée permanente), suscitant l'admiration de certains. Elle jouissait donc d'une réputation relativement grande en Europe à qui elle présentait « un brillant système de tyrannie en politique et en religion » (...)
[...] Le peuple révolutionnaire aurait écrasé tout ce qu'il y avait de respectable et de vertueux dans la nation et dégradé tous les noms qui lui rappelaient qu'autrefois il exista un pays renommé, tel que la France Burke veut sensibiliser son auditoire à propos de l'injustice que constitue l'attaque de la propriété et, pour ce faire, présente cela comme de la barbarie : Que diriez-vous, Messieurs, si on venait saccager et piller vos maisons, injurier, insulter et maltraiter vos personnes, attenter à votre vie, vous arracher vos titres de propriété, pour les brûler à vos yeux , vous disperser et vous forcer, avec vos femmes et vos enfans, à vous réfugier dans des terres étrangères, par la seule raison que vous êtes nés gentilshommes, ou propriétaires, et par conséquent suspects du désir de conserver vos biens, et la considération qui vous est due ? On voit bien que l'auteur est scandalisé par cette attitude. III - La dénonciation d'une rupture totale a. La Révolution comme destruction générale. [...]
[...] Si avant la Révolution l'intolérance prédominée, l'athéisme l'a renversée, et Burke le considère comme un vice abominable bien pire. Il faut bien remettre sa pensée dans son contexte : l'Eglise anglicane est fortement liée à l'Etat et si on attaque l'une, on attaque l'autre ; et c'est justement ce qu'il s'est passé en France. Concernant la hiérarchie, elle a été totalement bouleversée et l'autorité morcelée, le but des révolutionnaires étant de réduire au même niveau toutes les institutions et ce sont tous les rapports de domination et de hiérarchie qui sont remis en question puis abolis. [...]
[...] A cela ils ont préféré le révolutionner, voire le détruire. Il procède alors à une comparaison avec l'Angleterre en affirmant que les Anglais, eux, ont su réformer leur système et que les Français auraient dû se rapprocher de la Constitution anglaise, alors qu'ils s'en sont éloignés. Il procède à une description élogieuse de la Grande Révolution de 1688 qu'il présente comme un modèle, n'ayant pas conduit à la dégradation de la monarchie mais à une correction qui donna une nouvelle énergie étant suivie d'une période de prospérité ; nous commençâmes par réparer et non par démolir dit-il. [...]
[...] Il faut savoir que son ouvrage, lu par beaucoup dès sa publication, a suscité de nombreuses réactions et critiques immédiates, notamment par livres interposés (Thomas Paine, Les Droits de l'Homme et Mary Wollstonecraft, Défense des Droits de l'Homme, 1790). Il a aussi eu une influence importante dans les milieux conservateurs et libéraux de l'époque. On peut dire, pour finir, que la Restauration de la monarchie en 1815 marque en quelque sorte le succès de ce courant et devient une pensée dominante du régime jusqu'en 1830. Bibliographie : - Bâcle Benjamin, Edmund Burke ou la recherche du sens en politique, Mém. DEA de Sciences Politiques, Université Lille p. [...]
[...] Certains comme Burke ont saisit pleinement le caractère total de cette révolution, à la fois politique, sociale et culturelle. Jacques Sys dit d'ailleurs à ce sujet que ce qui donc alarme Burke est que cette Révolution n'est que secondairement politique ; elle est en fait une révolution culturelle, une remise en cause non seulement d'un ordre politique, économique et social établi, mais aussi le bouleversement de toutes les catégories mentales Le courant contre-révolutionnaire en Angleterre comme en France est principalement composé de conservateurs et de traditionnalistes (Louis de Bonald, Joseph de Maistre) attachés à la société dans laquelle ils vivent. [...]
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