Un des paradoxes de la Révolution française est d'avoir été le début d'une ère nouvelle pensée sur le mode d'une véritable rupture, et en même temps, d'avoir eu recours de façon incessante à l'Antiquité, pour légitimer cette création ex nihilo. Alors que le monde contemporain offrait d'autres exemples de rénovation politique, les révolutionnaires ont éprouvé le besoin constant de se référer aux Anciens, et de s'identifier aux modèles de société athénienne, spartiate ou romaine.
Aussi peut-on s'interroger sur l'importance des références antiques dans la création l'idée républicaine en France. L'Antiquité ne fut-elle qu'un mythe fondateur de l'idéologie révolutionnaire, ou a-t-elle eu des conséquences pratiques dans l'édification du républicanisme ?
[...] La Révolution Française et les républiques antiques : imitation ou dépassement ? Un des paradoxes de la Révolution Française est d'avoir été le début d'une ère nouvelle pensée sur le mode d'une véritable rupture, et en même temps, d'avoir eu recours de façon incessante à l'Antiquité, pour légitimer cette création ex nihilo. Alors que le monde contemporain offrait d'autres exemples de rénovation politique, les révolutionnaires ont éprouvé le besoin constant de se référer aux Anciens, et de s'identifier aux modèles de société athénienne, spartiate ou romaine. [...]
[...] De même, les révolutionnaires étaient conscients que les républiques antiques n'avaient existé que dans le cadre de cité de petite taille et que leur transposition à une nation toute entière devrait nécessairement conduire à une redéfinition du républicanisme. Les révolutionnaires ont donc en fait chargé d'un sens moderne et révolutionnaire, des idéaux qui dans l'esprit des Anciens ne l'étaient pas. Là où le républicanisme français va dépasser l'idée de res publica va donc être dans la redéfinition, comme le fera Benjamin Constant, des concepts de liberté et d'égalité, à l'aune de la modernité. [...]
[...] L'idée républicaine se développa alors sous les formes variées dont l'Antiquité lui fournissait des modèles : les Romains défendirent alors l'héritage de Montesquieu et son idée de constitution mixte, les Athéniens comme Desmoulins exaltèrent l'idée d'une république bourgeoise et pacifiée, tandis que les Jacobins se rangèrent sous la bannière spartiate pour promouvoir l'idéal d'une cité où liberté et égalité seraient imposées par la loi. Les différentes acceptations de l'idée de République se définirent donc par imitation des modèles antiques. À partir de septembre 1792, la France est désormais une république comme l'étaient les Etats de l'Antiquité qu'on ne cessait d'évoquer en exemple. [...]
[...] En s'inspirant des Anciens à travers les Lumières, la Révolution a ainsi donné les bases de l'idée républicaine moderne. Cependant, cette imitation relève souvent d'une vision idéalisée de l'Antiquité. Les travers de modèles illusoires et dangereux, ou la nécessité de dépasser les références antiques Déjà Rousseau dans sa Lettre à la Montagne en 1764 prophétisait le risque de copier sans recul les modèles antiques Vous n'êtes ni Romains, ni Spartiates, pas même Athéniens Ce qui distingue l'idée républicaine moderne des républiques antiques est l'idée même de démocratie (qui avait un sens péjoratif en grec ancien). [...]
[...] Elle affirme, dans une vision très rousseauiste le gouvernement du Législateur ce qui la rattache nécessairement aux républiques antiques. Néanmoins, l'idée de république moderne ne saurait se cantonner à une pâle copie du passé. Entre mythe et objet d'imitation, l'Antiquité a joué le rôle de matrice dans l'élaboration du républicanisme français. Bibliographie - Claude Mossé, L'Antiquité dans la Révolution Française, Albin Michel - Moses Finley, Démocratie antique et démocratie moderne, Payot - Benjamin Constant, De la Liberté chez les Modernes, Ecrits Politiques, Pluriel, réed, 1980. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture