Le 1er janvier 1994, le Mexique fête son entrée dans le premier monde alors que l'Armée Zapatiste de Révolution Nationale (EZLN) s'empare de quatre grandes villes du Chiapas. Leur mot d'ordre « hoy decimos basta » vient rappeler au Mexique mais aussi au monde la présence de « ses oubliés » qui souffrent quotidiennement d'une pauvreté et d'une marginalisation qui n'est plus acceptable. Cette armée qui descend de la forêt du Chiapas est certes majoritairement composée de population indigène mais elle appelle le peuple mexicain à la résistance vis-à-vis d'un gouvernement corrompu qui délaisse une majorité en proie à la misère et à l'exploitation.
[...] Mais si l'EZLN est parvenue à peser sur ces négociations, c'est parce qu'elle s'est présentée en tant que groupe indigène. P.PITRACH montre en outre qu'avec le progressif détachement de la question indigène et de la réforme de l'Etat, l'accès à la politique nationale pour l'EZLN est devenu beaucoup plus difficile. Pour critiquer cette thèse, Jérôme BASCHET pose les questions suivantes : pourquoi penser qu'une chose est seulement cette chose ? Ce qui est occulté ne pourrait-il pas être également un mouvement ? [...]
[...] Finalement dans le mouvement zapatiste l'idée d'ethnicité est articulée à une perspective nationale voire internationale. Ce n'est donc pas parce que le mouvement de l'EZLN s'est présenté comme un mouvement ethnique qu'il est pour autant traditionaliste et conservateur. Le discours du mouvement des indigènes du Chiapas sur l'autonomie est plutôt associé à un projet de transformation sociale qui a pu s'illustrer à travers la création de Conseils de bon gouvernement en 2003 ou l'organisation de l'autre campagne qui a débuté en janvier 2006 et qui visait à faire de la politique autrement. [...]
[...] Cette question de l'identité indigène du mouvement a aussi été accusée d'imposture à cause de la véritable identité de son leader charismatique, le sous commandant Marcos .Le fait par exemple qu'il superposait son je au nous indigène dans ses discours alors qu'il fut très tôt découvert qu'il était issu de l'élite non indigène mexicaine, décrédibilisa la légitimé de ses paroles mais aussi des revendications qu'elles portaient. La figure polémique du sous commandant Marcos: imposteur ou délégué zéro ? Pedro PITARCH réduit la stratégie littéraire et discursive du sous commandant à un simple parler indien plein de clichés. Pourtant si on étudie de près ses discours il semble qu'y confluent plusieurs intentions. [...]
[...] C'est pourquoi quand on nous demande ce que nous sommes, nous sommes un hybride un produit de la réalité (nous reviendrons en deuxième partie sur la nature complexe du mouvement). Dès le départ ses objectifs sont clairs : seule la réponse des Mexicains nous importe. Nous voulons savoir ce que représente cet exemple, ce qui va bouger dans la conscience nationale. Nous espérons que les choses vont bouger, nous espérons que les choses vont bouger non seulement au niveau de la lutte armée mais à tous les niveaux ( ) dans les mouvements civils, légaux, ouverts. [...]
[...] Révolte indigène au Chiapas ou l'émergence du mouvement zapatiste Le 1er janvier 1994, le Mexique fête son entrée dans le premier monde alors que, l'Armée Zapatiste de Révolution Nationale (EZLN) s'empare de quatre grandes villes du Chiapas. Leur mot d'ordre hoy decimos basta vient rappeler au Mexique mais aussi au monde la présence de ses oubliés qui souffrent quotidiennement d'une pauvreté et d'une marginalisation qui n'est plus acceptable. Cette armée qui descend de la forêt du Chiapas est certes majoritairement composée de population indigène mais elle appelle le peuple mexicain (elle s'enquiert d'ailleurs du drapeau mexicain) à la résistance vis-à-vis d'un gouvernement corrompu qui délaisse une majorité en proie à la misère et à l'exploitation. [...]
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