« Une révolte ne fait pas une révolution »: réflexion autour du printemps arabe

Thèmes abordés

Révolution, révolte, révolution, printemps arabe, répression syrienne

Résumé du document

L'année 2011 a, sans doute possible, été celle de la révolte. Qu'il s'agisse de l'indignation occidentale ou des soulèvements qu'a connus le monde arabe, nul doute que les peuples du monde se sont rebellés contre les autorités les gouvernants. C'est la thématique qu'il nous est ici proposé de traiter, au travers d'un dossier portant sur le printemps arabe, qui secoue toujours le Moyen-Orient à l'heure où l'on fête le premier anniversaire de la répression syrienne. On y trouvera ainsi des articles de presse (documents 4, 7, 10 et 11) parus durant les récents évènements, une chronologie de ces derniers (document 2) mais aussi des parutions scientifiques rédigées par des politologues (documents 1, 5 et 9), deux chroniques de Christian Makarian (documents 6 et 8), et quelques statistiques (document 3). Le printemps arabe nous offre ici une chance de mieux comprendre deux types d'évènements ayant émaillés notre histoire : les révoltes et les révolutions.

Extraits

[...] A l'inverse, cette même réaction va apparaitre comme totalement à contre-courant d'une révolte à forte dimension politique, ce qui aboutira au final, comme ce fut le cas en Libye, à une destruction du régime autoritaire en place, ou au moins à un départ du chef de l'Etat ce qui est bien souvent synonyme. Nous avons donc vu que la révolte, si elle parvient à se développer et à se politiser, est effectivement la base de toute révolution. Cependant, comme l'a montré Crane Brinton (document elle ne fait pas à elle seule une révolution. [...]

[...] Ceux d'en bas ne veulent plus être gouvernés par un régime qui les opprime. La réaction immédiate du pouvoir en place : Ceux d'en haut ne peuvent plus gouverner La force de la contestation du peuple révolté dans son entier provoque chez les gouvernements, désireux de se maintenir au pouvoir une réaction similaire dans la plupart des cas. Sous la pression de l'opinion publique et internationale, les gouvernants vont tenter d'agir sur les conditions de vie de la population en multipliant les cadeaux sociaux. [...]

[...] Le contesté roi Mohammed VI a en effet procédé à une révision constitutionnelle par laquelle il reconnait au peuple une certaine légitimité (Premier ministre aux pouvoirs renforcés issu du parti vainqueur aux élections par exemple). Mais il garde encore dans son escarcelle un grand nombre de pouvoirs fondamentaux. Ainsi, le roi prend de court le peuple révolté en lui faisant quelques cadeaux politiques, faisant ainsi retomber le sentiment global de révolte au grand dam de ses plus farouches opposants. La phrase de Saint Just prend ici tout son sens : ceux qui font les révolutions à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau En effet, cette révolution tranquille aboutit au bout du compte à un renforcement du pouvoir autoritaire déjà en place, comme le montre Christian Makarian, en passant le fardeau de ses difficultés passées aux nouveaux pouvoirs publics. [...]

[...] Les pays arabes sont actuellement dans une phase clé, où les révolutionnaires doivent assurer la continuité de la révolte. Nous ne possédons pas encore le recul nécessaire pour tirer les conclusions du Printemps arabe ; seule l'évolution du monde arabe dans les années à venir nous permettra d'affirmer s'il s'agit d'une véritable révolution. [...]

[...] La révolte est le point de départ de toute révolution Le soulèvement du peuple est à la base de la révolution Crane Brinton, lorsqu'il détaille les différentes phases des révolutions, parle de l'effervescence révolutionnaire la révolte, comme la première phase d'une révolution (document 1). C'est le soulèvement populaire qui déclenche la révolution. Ces soulèvements, pourtant surprenants, sont justifiés par le contexte social Dans le document Nader Vahabi affirme que les soulèvements qui ont parcouru le monde arabe en partant de la Tunisie ont pris de court l'ensemble de la communauté internationale ; l'ambassadeur de France à Tunis lui-même pensait que le régime de Ben Ali était inébranlable. [...]