La vivacité des débats actuels sur la question d'un ‘retour du religieux' en Europe, conjugué à l'affirmation de l'inadéquation du républicanisme à la française au multiculturalisme, soulève la question de la relation entre la religion et la culture, mais aussi de la relation entre la religion et le politique. A la lumière du contexte factuel et théorique actuel, j'ai choisi d'interroger à travers cette note de synthèse les rapports qu'entretiennent aujourd'hui dans notre société la religion, la culture et le politique.
La visite récente du pape Benoît XVI en France, et la position adoptée par le chef de l'Etat à propos de la religion ont fait récemment entrer la question religieuse au cœur du débat public. Le fait que le chef de l'Etat affirme que « dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur » a été perçu par certains comme un affront à la laïcité. Cette volonté de redonner une place importante à la religion, dont la laïcité l'aurait dépossédée, s'inscrit dans un contexte global souvent défini comme un ‘retour du religieux'.
[...] L'antiracisme a en effet été un des outils de lutte de la gauche contre la percée du Front National. C'est à cette époque que l'on commence à parler des deux communautés, qui sont considérées comme similaires par les pouvoirs publics, alors que leurs histoires divergent. Cette mise en parallèle des deux communautés se retrouve dans la loi de 2004 sur les signes religieux à l'école, qui visait avant tout l'interdiction du port du voile, et a été étendue aux autres signes religieux tels que la kippa. [...]
[...] Olivier Roy, La sainte ignorance, p Pour Esther Benbassa, dans La République face à ses minorités, pp. 40- 41: Les pouvoirs publics eux-mêmes sont susceptibles de contribuer au durcissement des retranchements communautaires, dans la mesure même où ce sont ceux qui suscitent la création de tels lobbies, ou légitiment leur prise de pouvoir. A la recherche d'interlocuteurs privilégiés, ce sont eux qui leur ont donné progressivement un poids qu'ils n'avaient pas. Les institutions communautaires ont ainsi pu s'ériger en porte-parole de groupes qu'elles ne représentaient qu'à hauteur d'environ 30%. [...]
[...] Le caractère identitaire de la religion fait en effet du multiculturalisme et de l'hypothèse d'un ‘retour du religieux' des enjeux significatifs dans la définition des rapports entretenus entre la religion, le politique et la culture. Ainsi, dans quelle mesure assiste-t-on à un retour du religieux ? De quel religieux s'agit-il ? Les spécificités françaises en matière de laïcité et de multiculturalisme jouent elles un rôle dans ce retour du religieux ? Quels rapports entretiennent alors désormais la culture et le politique face à un éventuel retour ou une éventuelle mutation du religieux ? [...]
[...] Retour du religieux, multiculturalisme, et laïcité : quelles mutations du rapport entre la religion, la culture, et le politique ? Introduction La vivacité des débats actuels sur la question d'un ‘retour du religieux' en Europe, conjugué à l'affirmation de l'inadéquation du républicanisme à la française au multiculturalisme, soulèvent la question de la relation entre la religion et la culture, mais aussi de la relation entre la religion et le politique. A la lumière du contexte factuel et théorique actuel, j'ai choisi d'interroger à travers cette note de synthèse les rapports qu'entretiennent aujourd'hui dans notre société la religion, la culture et le politique. [...]
[...] Les Etats-Unis, vus comme l'incarnation tant de la religion civile que du multiculturalisme, s'opposent radicalement à la France[4]. L'acceptation d'un certain pluralisme au sein de la société irait-elle de pair avec l'existence d'une forme de religion civile ? L'exclusion de toute forme religieuse dans la sphère publique freinerait donc l'acceptation d'une diversité culturelle. La religion civile apparaîtrait en ce sens comme un lien permettant l'acceptation de l'expression de la diversité. Avec la mutation de l'Etat, qui, en quelque sorte, a été dépassé par l'autonomie et la liberté de l'individu, la laïcité a provoqué une sortie du religieux selon l'expression de Marcel Gauchet. [...]
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