Dans les années 1960, la France va tenter de jouer un rôle actif dans le Tiers-monde pour s'affirmer face aux deux grands qui s'affrontent pendant la Guerre Froide. Privée de la majeure partie de son empire colonial, elle dispose toutefois d'atouts qui vont lui permettre de garder des liens privilégiés avec les pays récemment décolonisés, notamment dans l'ancienne Afrique française qui comprenait les pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie), l'Afrique Occidentale Française (AOF – Guinée, Côte d'Ivoire, Soudan français (Mali), Dahomey (Bénin), Haute Volta (Burkina Faso), Mauritanie, Niger, Sénégal), l'Afrique Equatoriale Française (AEF - Tchad, Moyen-Congo, Gabon, République centrafricaine), le Cameroun francophone, Madagascar, Mayotte et Djibouti . Le Général de Gaulle parle du « devoir moral » et de la « responsabilité » de la France vis-à-vis de ses anciennes possessions . Ainsi, en consolidant ses propres relations en dehors du condominium américano-soviétique, la France va pouvoir exercer son influence dans toutes ses anciennes colonies, et, a fortiori, en Afrique. Ces liens se sont renforcés dans les années qui ont suivi et l'on peut dire qu'aujourd'hui, l'influence française existe toujours en Afrique dans des domaines très variés. En effet, la France aide financièrement, économiquement, techniquement et culturellement ses anciennes colonies, et l'on comprend alors que cela lui permette d'affirmer sa présence et peut-être en quelque sorte encore sa mainmise en Afrique notamment. Inaugurés en 1973 , les Sommets franco-africains précisent et redéfinissent les domaines d'action de la France en Afrique et la nature de cette coopération bilatérale.
Comment se manifeste cette influence et qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Evolue-t-elle avec les années ou la France et l'Afrique se complaisent-elles dans cette situation ?
Alors que l'ancienne Afrique française conserve et s'approprie aujourd'hui un bon nombre de cadres de vie hérités de la colonisation, et intègre par là même l'influence française dans ses sociétés, on remarque que la politique de coopération franco-africaine est à double tranchant favorisant notamment la dépendance de l'Afrique et l'emprise de la France sur les sociétés africaines.
[...] Ainsi, même si les Français ne sont plus vraiment physiquement présents en Afrique, l'image de la France continue d'y être diffusée, et cette dernière y renforce donc son influence socioculturelle. Continuités et évolutions dans le domaine religieux Pendant la période coloniale, l'enseignement de la lecture et de l'écriture était indissociable de l'éducation religieuse[8]. Celle-ci était dispensée par des missionnaires catholiques ou protestants, chargés d'évangéliser les populations africaines et de les convertir au christianisme. La France a joué un rôle important dans la christianisation de l'Afrique et son influence dans ce domaine se ressent encore aujourd'hui. [...]
[...] Le maintien de l'influence française se fait donc principalement par l'éducation. Ainsi, l'école développe l'usage de l'alphabet latin, l'enseignement de l'histoire de France, de la philosophie des Lumières, de la littérature française, etc. Il convient toutefois de préciser qu'au moment de la décolonisation, il y a eu un effort pour africaniser l'enseignement scolaire[6], mais les bases et les méthodes d'instruction sont restées très françaises. En effet, la multiplicité des dialectes et des coutumes locales a rendu impossible la mise en place d'un enseignement totalement africanisé et les élites politiques ont donc adopté l'idée de réaménager le système scolaire tout en conservant ces héritages de la colonisation française. [...]
[...] De même l'architecture même des villes est significative de l'influence qu'a exercée la France en Afrique. Aujourd'hui, les villes africaines ont conservé cette architecture occidentale. Il est d'ailleurs possible de distinguer très nettement les anciens quartiers blancs dans les cités africaines. Il subsiste de grandes villas de style colonial qui, en général, sont situées sur les hauteurs ou dans des parties aérées et verdoyantes de la ville[10]. Ces anciens quartiers européens et donc français en ce qui concerne les anciennes possessions françaises, contrastent avec les habitations en bois et taule des quartiers pauvres, de plus en plus nombreux, venus se greffer aux périphéries des villes. [...]
[...] Bibliographie AGERON, Robert, La décolonisation française, Paris, Armand Colin, coll. Cursus ALMEIDA-TOPOR (d'), Hélène, L'Afrique au XXè siècle, Paris, Armand Colin, coll. U (1993) BERSTEIN, Serge, MILZA, Pierre, Histoire de la France au XXè siècle de 1974 à nos jours, Paris, Complexe DROZ, Bernard, La décolonisation, Paris, Seuil, coll. Histoire FERRO, Marc, Le livre noir du colonialisme, XVIè XXIè siècles : de l'extermination à la repentance, Paris, Hachette Pluriel HUGON, Anne, Introduction à l'histoire de l'Afrique contemporaine, Paris, Armand Colin, coll. [...]
[...] En revanche, cette situation permet à la France de conserver un rôle influent en Afrique et de conforter, elle, sa position d'interlocuteur privilégié avec les pays d'Afrique. La France se définit d'ailleurs régulièrement comme étant en position de médiateur entre le Nord et le Sud. Cette situation pose un réel problème en termes de gestion humaine de cette dépendance et des conséquences que cette dette peut avoir sur le développement de ces pays. En effet, la France conserve sa mainmise sur l'Afrique et peut y déployer de fait une influence dans de nombreux domaines, mais il n'en demeure pas moins que les pays africains restent dans des positions économiques, politiques et sanitaires précaires ainsi que dans une situation d'impasse financière. [...]
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