Il convient de donner une définition précise à ce qu'est un conflit communautaire avant d'en déterminer les causes. En effet, le mot conflit comme le mot communautaire pose problème. Conflit est un mot polysémique, qui peut être employé dans le sens courant aussi bien pour un affrontement armé, violent et sanglant que dans le sens d'une simple confrontation entre deux groupes qui peut s'apparenter aussi bien à une grève ou une manifestation qu'à une émeute ou une révolution. Ici, nous avons retenus seulement les conflits violents, des actes dits terroristes aux guerres reconnues. Tous les exemples développés sont des affrontements violents avec des morts, souhaitées par les différentes communautés.
Un autre mot difficile à définir est le mot communauté. Une communauté se définit selon le sens couramment donné, comme un groupe social et culturel partageant un territoire, des biens communs ou des intérêts commun. Cette définition nous semblait trop large, et risque d'accorder le titre de communauté à des groupes de se considérant – et n'étant pas considérés – généralement comme tel. Dans le terme de communauté, nous avons pensé inclure l'idée d'une identification par les membres de la communauté comme par l'extérieur de la communauté à elle même. Les communautés qui apparaissent dans nos exemples sont donc des groupes sociaux ou culturels partageant un territoire, des biens ou des intérêts commun, et identifiable grâce à ces caractéristiques partagées.
[...] Les ressorts concrets des conflits communautaires ne peuvent se résumer à l'existence même de ces communautés, qui expliquerait à elle-même la naissance de conflit. Il s'avère toujours que pour qu'il y ait un conflit, il faut qu'il y ait une motivation politique, géographique ou économique qui s'appuie sur les différences communautaires. Cette motivation cristallise les différences communautaires et fait de la proximité de plusieurs communautés un problème. Il s'agirait donc d'analyser les ressorts politiques, économiques, les déséquilibres sources de conflits communautaires ; en effet, les conflits communautaires naissent souvent suite à un déséquilibre dans le partage du pouvoir politique ou économique. [...]
[...] À partir de quand peut-on alors parler de conflit communautaire ? Faut-il inclure au terme communauté employé dans le cadre du conflit, un aspect ethnique pour éviter de voir en tout conflit un conflit communautaire ? Car dans ce cas, on pourrait considérer que les révoltes des Canuts à Lyon au XIXe siècle, comme les affrontements entre catholiques et République au début du XXe, ou encore comme les émeutes en novembre 2005 sont des conflits potentiellement communautaires. Merci à Timothée Farauds Bibliographie Bayart J.F., L'illusion identitaire, Fayard, Paris Chrétien J.P., Rwanda. [...]
[...] Au Rwanda, le pouvoir a été confié à la minorité Tutsi pendant des dizaines d'années ; dans ce cas, c'est le partage du pouvoir qui est en cause (il existait de toute façon une crise démographique, économique, sociale et culturelle quelques mois avant le génocide). À Jérusalem la question du partage de l'eau provoque les multiples rebondissements de la guerre urbaine. Les exemples sont légions. La différence communautaire ne suffit pas à elle- même ; elle est néanmoins un facteur important d'opposition la récupération des différences communautaires D'autre part, les différences communautaires peuvent servir de prétexte au conflit. [...]
[...] C'est particulièrement le cas lors de crise grave dans le pays, comme au Rwanda. On lit dans les médias du génocide, L'antidote des difficultés [ ] c'était la chasse au bouc émissaire tutsi, la prise en otage de la minorité au nom d'un peuple majoritaire La violence verbale précède la violence physique. Certains journaux, extrémistes et très minoritaires, vont commencer avec la complicité du gouvernement à répandre l'idée que tous les malheurs du Rwanda s'arrêteront le jour où les Tutsis seront remis à leur place. [...]
[...] Les exemples sont légions. La base ethnique explique rarement à elle seule les conflits, les cas de coexistences ethniques sont extrêmement nombreux. D'ailleurs, comment expliquer que deux ethnies aussi proches culturellement que les Hutus et les Tutsis se soient déchirées au Burundi ou en Ouganda, alors qu'au sud du lac Tchad les Peuls vivent en bon voisinage, au sein de mêmes frontières, avec les peuples Bantous ? Pourtant, les différences entre ces deux types d'ethnies sont nombreuses : langues, religion (islam contre christianisme), mode de vie (éleveurs sédentarisés, mais de tradition nomade, contre des agriculteurs toujours sédentaires), cultures l'Illusion Identitaire Ne soyons pas non plus dupes des conflits férocement identitaires dont les protagonistes font mine de savoir qui ils sont et qui ils tuent, car ces mouvements ne sont que les fruits tardifs du mouvement de clôture culturelle des XIX et XX siècles (J-F. [...]
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