Ce souvenir fut d'emblée refoulé par un pays saisi non seulement pas l'horreur de la guerre, mais aussi et surtout par une schizophrénie qui l'a ballotté entre résistance et collaboration. Pourtant ces « destins » de résistants ou de collaborateurs n'ont concerné qu'une minorité de français et de françaises, la très grande majorité s'occupant essentiellement de survivre dans un pays occupé et traversé par les combats.
C'est cette incertitude que le général de Gaulle le premier, suivi de l'immense majorité de la classe politique, les communistes en particulier, vont réussir à occulter en fondant le mythe de la « Résistance » par le résistancialisme (seule une partie de l'extrême droite, nostalgique de Vichy, et proche du fascisme, du nazisme et du racisme luttera contre ce mythe, ou tentera de le vider de son sens), et en mettant entre parenthèses le régime de Vichy pour en faire une anomalie de l'histoire, anomalie qui n'est pas et ne peut pas être française.
Henry Rousso analyse cette construction imaginaire de l'Histoire, puis sa déconstruction à partir des années 70. Il en arrive ainsi à montrer l'existence d'un traumatisme en France qui n'est toujours pas guéri, la nation toute entière refusant un épisode en contradiction totale avec ce qu'elle perçoit de l'héritage républicain de 1789 et les valeurs sur lesquelles elle estime s'être construite
[...] Mais c'est Robert Paxton qui apporte un renouveau fondamental. Pour lui la Révolution nationale est le volet intérieur d'une stratégie visant à réformer la société française ; elle est indissociable de la collaboration, qui conditionne la réussite de la politique intérieure. L'articulation politique extérieure collaborationniste / politique intérieure de l'Etat français réactionnaire Révolution nationale- vise à redonner à la France une part de sa souveraineté perdue dans la défaite ; de plus la Révolution nationale visait à une rupture avec l'héritage républicain. [...]
[...] Pour Henry Rousso, fascisme ou pas, il est clair que la réalité de Vichy et de la collaboration est bien là. Ces débats sur la nature d'un régime qui fut occultée pendant plus de quinze ans montrent un mouvement inverse dans l'esprit des français après cet aveuglement, une obsession pour un passé qui n'est toujours pas digéré. D'autant plus que le constat de cette réalité s'aggrave lors de la comparaison avec les autres pays occupés : Pologne, Belgique, Hollande, Danemark. [...]
[...] C'est cette incertitude que le général de Gaulle le premier, suivi de l'immense majorité de la classe politique, les communistes en particulier, vont réussir à occulter en fondant le mythe de la Résistance par le résistancialisme (seule une partie de l'extrême droite, nostalgique de Vichy, et proche du fascisme, du nazisme et du racisme luttera contre ce mythe, ou tentera de le vider de son sens), et en mettant entre parenthèses le régime de Vichy pour en faire une anomalie de l'histoire, anomalie qui n'est pas et ne peut pas être française. Henry Rousso analyse cette construction imaginaire de l'Histoire, puis sa déconstruction à partir des années 70. [...]
[...] C'est effectivement la politique extérieure de l'Etat français qui est avant tout pointée. Mais très vite il a fallut se rendre à l'évidence qu'il était impossible de laisser la France être perçue comme un pays et un peuple ayant sciemment collaboré avec l'Allemagne du IIIème Reich. Les relations internationales du pays ne le permettaient pas, et, plus grave, les français auraient refusé de se percevoir en vaincus et en serviteurs de la puissance nazie. La première raison à cela est l'existence de la Résistance, l'action du Général de Gaule et d'un certain nombre de français, extrêmement minoritaires certes, mais il ne pouvait en être qu'ainsi dans la situation du pays. [...]
[...] Cette construction des mythes du résistancialisme et de Vichy sont soutenues et entretenues par deux grandes mémoires politiques : le gaullisme et le communisme. On a vu comme la première a pu incarner pendant quelques temps à elle seule la Résistance ; la légitimité de Gaulle et les discours politiques ont forgé l'histoire imaginaire d'un peuple unanimement dressé contre l'envahisseur. La seconde est celle d'un parti, par conséquent strictement politique. Si le parti communiste français est entré tardivement dans la bataille, sur ordre de l'URSS, il s'y est jeté corps et âme, fondant un autre mythe, celui du Parti des quarante mille fusillés Les communistes sont ainsi pleinement associés au destin national ; leur opposition par nature à toute forme de fascisme, et donc au nazisme, qui le leur rend bien, en font en France un vecteur important de l'histoire du peuple combattant avec rage l'ennemi. [...]
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