république, nobiliaire, Pologne, 1569, 1795
A partir du XIVe siècle s'opère en Europe un processus de « constitutionnalisation » du pouvoir, avec l'édiction de normes soumettant les princes à un ordre juridique leur étant considéré comme supérieur. La Pologne en est un exemple : dirigée de 1385 à 1572 par la dynastie des Jagellon du nom du Grand-Duc de Lituanie l'ayant fondée, elle connaît entre 1569 et 1795, date du démantèlement du pays, un régime particulier de royaume.
[...] Ce type de régime, selon Norman Davies, paraît d'une démocratie poussée, en sens contraire à l'ère absolutiste qui s'esquisse en Europe. La noblesse, szlachta, affirme sa suprématie, mûrie durant le règne des Jagellon, avec notamment le slogan Nic o nas bez nas (rien de ce qui nous concerne ne peut être réglé sans nous) proclamé dès le XVIe siècle, anticipant sur l'Habeas Corpus de la Glorieuse Révolution de 1688 en Angleterre. Dès 1505, une décision préparée par le chancelier du Roi Jan Laski décrète que rien de nouveau (Nihil novi) ne pouvait être décrété par le roi sans l'accord des deux Chambres, privant le roi de presque tout pouvoir législatif. [...]
[...] Dans les années 1620 l'économie entra en régression, toute mobilité sociale entre bourgeoisie et noblesse cessa. La noblesse avait pris de l'importance dans la société dans tout son ensemble, tandis que finalement une minorité venait d'accaparer la plupart des grandes propriétés terriennes et des charges héréditaires. Les Diétines provinciales firent l'objet de manipulation à l'image des nobles britanniques jouant des bourgs pourris. Les Etats dans l'Etat se multiplièrent dépassant en taille et population les comtés anglais, et permettant d'entretenir une économie autarcique et des armées locales privées. [...]
[...] Les privilèges restaient alors absolument indiscutables, notamment le droit de vie et de mort sur les serfs. Pourtant cette configuration politique coïncida avec l'ascension de catégories non nobles de la population, notamment le clergé, la bourgeoisie et les juifs, ayant des statuts protégés par des chartes royales leur assurant une autonomie assez large et une exemption du contrôle par la noblesse. Mais mis à part les évêques nobles, cette frange de la population ne jouait pratiquement pas de rôle dans le pouvoir central de la république, dominée par une noblesse assez nombreuse à 12% de la population) comparée aux autres noblesses européennes. [...]
[...] La République nobiliaire, avec toutes ses imperfections qui sont bien loin d'en faire un modèle démocratique, fut une expérience inédite de son temps en Europe : au milieu du climat despotique, un régime venait de subordonner la souveraineté du roi élu à une assemblée de nobles en contrôlant le pouvoir, et procédant du moins dans les premiers moments à des votes plaçant à égalité différentes catégories de la szlachta. Cette République n'était probablement pas celle d'une Pologne des Lumières au milieu du despotisme : il n'en demeure pas moins qu'elle n'est pas tombée toute seule et ne lui a pas résisté. [...]
[...] La République nobiliaire en Pologne (1569-1795) A partir du XIVe siècle s'opère en Europe un processus de constitutionnalisation du pouvoir, avec l'édiction de normes soumettant les princes à un ordre juridique leur étant considéré comme supérieur. La Pologne en est un exemple : dirigée de 1385 à 1572 par la dynastie des Jagellon du nom du Grand-Duc de Lituanie l'ayant fondée, elle connaît entre 1569 et 1795, date du démantèlement du pays, un régime particulier de royaume. L'installation de la République nobiliaire et son fonctionnement A l'instar de la dynastie des Piast les ayant précédé, les Jagellon ont vu leur règne s'affaiblir et menacé de disparition faute d'héritier. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture