La Constitution du 4 octobre 1958, dans son article Premier dispose : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociales. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race, ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. »
Cependant, dans un discours critique envers la laïcité à la française, M. Sarkozy s'est d'abord adressé aux catholiques, lors de la prise de possession de son titre de chanoine de la basilique Saint-Jean-de-Latran, à Rome, le 20 décembre. "La France a besoin de catholiques", a-t-il affirmé, après avoir insisté sur les racines "essentiellement chrétiennes de la France" et fustigé une laïcité qui aurait tenté "de couper la France de ses racines chrétiennes".
Les termes laïque, laïcité ne sont pas définis en droit français selon Jean Boussinesq dans La Laïcité française, alors même que les textes de loi portant sur ces questions nous y renvoient constamment, comme si c'était la chose la mieux définie. Les théoriciens de la laïcité en avancent souvent une définition large et débonnaire : « la laïcité, c'est la loi de la coexistence » écrit Jean Baubérot. Guy Coq développe cette même conception de la laïcité : « la laïcité est un principe de coexistence des individus et des groupes au sein d'une même société ». Définition consensuelle qui masque peut-être bien des équivoques.
[...] Les deux laïcités, la laïcité politique et la laïcité philosophique, ne sont nullement contradictoires. Elles sont au contraire complémentaires. Alors que l'une requiert l'impartialité des pouvoirs publics, l'autre suppose l'engagement moral des individus sur des valeurs humanistes tirées de la pensée critique dégagée des dogmes et du surnaturel, cet engagement parallèle venant dans certains cas en appui et dans d'autres cas en opposition à des engagements religieux. L'exercice de la laïcité philosophique suppose l'exercice de la liberté de pensée, laquelle englobe la liberté de religion et la liberté de conviction compris l'athéisme). [...]
[...] Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s'il est important qu'il s'en approche, parce qu'il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d'un engagement porté par l'espérance On assiste ainsi à un retour du religieux à travers la montée d'une part de l'islam, dans les pays européens qui le connaissaient peu, et le développement des sectes, dans une quête nouvelle de spirituel des populations. C'est pourquoi l'Eglise de scientologie s'installe peu à peu dans le paysage cultuel européen. [...]
[...] La religion tombe dans le domaine privé : loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Le premier seuil C'est la Révolution française qui donne le coup d'envoi du processus de laïcisation. Au départ, cela signifie essentiellement en France : arracher à l'influence ou au monopole de l'Eglise catholique des pans toujours plus larges de la vie publique, avec par exemple en 1792 la laïcisation de l'Etat civil. Le système mis en place en 1802 par Napoléon Bonaparte, et encore en vigueur en Alsace Moselle et en Guyane s'appelle le Concordat. [...]
[...] L'article 4 prévoit de transférer un an après le vote de la loi les bâtiments, dont les établissements publics du culte ont la responsabilité, aux associations qui se conformeront aux règles générales du culte dont elles se proposent d'assurer le culte Traduisons : les édifices religieux catholiques seront attribués aux seuls prêtres et communautés en communion avec l'évêque du lieu et avec Rome. Dans son encyclique Gravissimo Officii Pie X dénonce la loi comme si l'article 4 n'existait pas. Pour beaucoup cette loi libérale sera appliquée de façon persécutrice, confirmée par le maintien de propos très anticléricaux, dans ce contexte l'inventaire des biens des édifices culturels, mesure réclamée au départ par les parlementaires catholiques donne lieu en certains endroits à des affrontements. Un mort est à déplorer et les inventaires sont suspendus. [...]
[...] Cette même loi laïcise l'enseignement public par trois dispositions : l'instruction morale et religieuse est remplacée par l'instruction morale et civique ; les articles de la loi Falloux donnant aux ministres du Culte (catholique, protestant, juif) un droit d'inspection, de surveillance, de direction sont supprimés ; enfin l'école publique donnera congé aux enfants un jour par semaine, outre le dimanche, pour faciliter la tenue du catéchisme. Ambivalence de la laïcité ! Les deux premières dispositions marquent incontestablement une rupture avec l'influence sociale de la religion sur l'école. Il y a une neutralité religieuse alors que d'autres pays moins laïques, se contentent d'une neutralité confessionnelle et gardent un cours de morale chrétienne ne dépendant d'aucune Eglise. En revanche, la troisième disposition témoigne d'une laïcité attentive à la pratique sociale de la liberté de conscience. [...]
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