représentation, représentativité politique, principe de représentation, représentants, représentés
« Le souverain, qui n'est qu'un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même. Si donc le peuple promet simplement d'obéir, il se dissout par cet acte, il perd sa qualité de peuple. » écrivait Rousseau dans son ouvrage Du contrat social.
Néanmoins, la perception du principe de représentation a bien changé, avec des démocraties qui sont aujourd'hui majoritairement représentatives, c'est-à-dire qu'elles placent la représentation au centre de leur fonctionnement. Il convient cependant de faire la distinction entre la notion de représentation, qui désigne un processus durant lequel des individus sont choisis pour en représenter d'autres et prendre des décisions pour eux en toute légitimité et la notion de représentativité qui caractérise le degré de ressemblance entre les représentants et les représentés.
[...] Il convient donc de se demander si la notion de représentativité ne nuit pas au principe de représentation. Pour y répondre, nous verrons que le principe de représentation a une historicité complexe et qu'il répond à de nombreux problèmes que rencontrent aujourd'hui les démocraties modernes. Or, il est vrai que la représentation connaît à notre époque des dysfonctionnements et qu'une recherche accrue de la représentativité aggraverait la situation. La représentation a connu de multiples mutations avant de prendre la forme qu'on lui connaît aujourd'hui, à savoir celle qui accompagne la démocratie et qui prend sa forme dans l'élection au suffrage universel. [...]
[...] Faut-il également ajouter que le principe de représentation permet d'accorder aux représentants une certaine indépendance ? Cette indépendance figure parmi les quatre critères d'un gouvernement représentatif de Bernard Manin, et permet, notamment par la prohibition du mandat impératif, aux représentants de ne pas être inféodés à une minorité, mais plutôt au vœu national expression de Sieyès. D'ailleurs, alors que les différences (sociales, culturelles, économiques) entre les individus sont nombreuses, ce critère du principe de la représentation apparaît comme une force, car ce ne sont pas les minorités qui gouvernent. [...]
[...] Sous cette forme, les représentants doivent être un microcosme, un copié-collé des électeurs à échelle réduite. Mansbridge montre alors une nouvelle forme : la représentation miroir dite sélective Autrement dit, il s'agit de favoriser la présence de certaines catégories de citoyens dans les institutions politiques par la mise en place de quotas au sein des organisations partisanes, résolvant le problème de compétence. On peut donc affirmer que le principe de représentation possède une historicité complexe, qui, à son apparition, était en opposition avec l'idée de démocratie. [...]
[...] Avec la crise de la représentation et les revendications de plus en plus importantes d'accentuer la représentativité, des risques de nuire à la notion de représentation elle-même émergent. En effet, alors que dans le principe de la représentation, des théoriciens comme Sieyès ont mis en avant le gain de sagesse qu'apporteraient les représentants, il y a aujourd'hui, avec la crise de la représentation une mise en avant, non pas des compétences, mais des caractéristiques socio-culturelles et économiques des représentants. L'un des fondements du principe de représentation est alors menacé, au profit de ce qu'Avanza Martina appelle : la représentation-miroir Ce type de représentation transformerait les représentants en une miniature de la société, un échantillon donc, on ne peut plus représentatif de la société. [...]
[...] Pour autant, ce constat n'apparaît pas clairement au départ, puisque comme le montre Bernard Manin dans son ouvrage Principes du gouvernement représentatif le régime représentatif a lui-même au départ des principes oligarchiques et aristocratiques. Néanmoins le principe de représentation a évolué et pour Manin, ce sont les révolutions américaines et françaises qui ont permis l'adoption de la démocratie avec des élections à intervalles réguliers, la présence d'une indépendance des gouvernants dans leur prise de décision, d'une expression libre des gouvernés et de débats pour les élections. [...]
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