Toute analyse de la lutte politique doit placer à son fondement les déterminants économiques et sociaux de la division du travail politique.
Champ politique : champ de forces et champ des luttes pour transformer le rapport de ces forces. C'est le rapport de force qui donne au champ sa structure à un moment donné.
Il est sensible aux forces externes, principalement par la relation que les mandants entretiennent avec leurs mandataires, et celle de ces derniers avec leurs organisations. C'est un lieu où sont créés, dans la lutte entre les agents, des produits politiques, entre lesquels les citoyens ordinaires doivent choisir, comme des consommateurs.
[...] Le marché est sans doute un des moins libres qui soient. Les membres des classes dominées n'ont le choix qu'entre la démission dans l'abstention et la remise de soi dans une organisation permanente, parti de classe ou groupe communautaire. On peut dater la naissance d'un groupe social quand les organisations qui le représentent n'œuvrent plus uniquement pour les intérêts de leurs mandants, mais aussi pour leur propre intérêt. La fides implicita, quand les classes populaires accordent un crédit illimité à l'organisation, tend à les priver du contrôle sur l'appareil. [...]
[...] C'est un lieu où sont créés, dans la lutte entre les agents, des produits politiques, entre lesquels les citoyens ordinaires doivent choisir, comme des consommateurs. Le monopole des professionnels La concentration du capital politique aux mains d'un petit nombre est d'autant plus probable que les simples adhérents sont d'autant plus dépossédés du temps libre et du capital culturel nécessaire à la participation active à la politique. Le champ politique exerce un effet de censure. Il limite ce qui est pensable politiquement, ce qui relève de la problématique politique. [...]
[...] La concentration des moyens de production politiques augmente avec l'autonomisation, qui se réalise avec l'apparition des grandes bureaucraties politiques de professionnels. Elles sélectionnent les futurs professionnels et codifient les règles de fonctionnement du champ et le corpus de ce qu'il faut savoir pour y exercer. La science politique est une forme de rationalisation de la compétence politique, qui accroit l'efficacité de son acquisition, mais aussi tend à la légitimer, en lui donnant une apparence de scientificité. L'autonomisation renforce les exigences et les lois internes au champ, au détriment des influences extérieures. [...]
[...] Constance du débat entre ceux qui valorise le compromis au détriment de l'originalité du parti, et ceux qui prônent à retour aux valeurs distinctives originelles. Le champ politique est le lieu d'une concurrence pour le monopole du droit de parler et d'agir au nom d'une partie ou de la totalité des profanes. Il oscille entre deux critères de validation : la science et le plébiscite. En politique, dire c'est faire : faire accepter ses principes de division du monde produit des groupes donc l'ordre social théorisé. La parole politique est également un engagement à faire. [...]
[...] La fierté partisane est plus forte parmi les permanents du PC que parmi ceux du PS. On peut dire soit que certains habitus s'épanouissent dans la logique d'appareil, soit que l'appareil exploite à son profit les tendances de ces habitus. La structure du PC permet d'accomplir les tendances inscrites dans le rapport entre les classes populaires et les partis. La discipline permet de faire agir comme un seul homme un ensemble d'agents. Elle est rendue nécessaire par la lutte permanente qui agite le champ politique : la situation de guerre dans laquelle pense se trouver l'organisation rend possible une militarisation qui crée parmi les militants la peur qu'en étant contre, ils soient assimilés à des ennemis. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture